Captive-moi

- Prologue -

- NINA -

Nina n'en pouvait plus de tous ces tocards du dimanche venant envahir son café préféré. Elle avait besoin de sa dose de caféine pour être un minimum aimable durant la journée.

Son petit havre de paix était devenu un spot pour tous les hipsters du coin et la magie des réseaux sociaux avait fait le reste. Maintenant, elle devait côtoyer une horde d'adolescent téléphone à la main. A croire que le monde ne méritait d'être vu qu'a travers un écran.

Et cette fichue file qui n'en finissait plus ! Elle commençait à trépigner sur place.

Elle avait un tempérament colérique et les gens de son entourage savait que quand elle commençait a taper du pied cela équivalait à une cocotte minute pas loin d'exploser. Et il ne valait mieux pas être dans les parages quand cela arrivait !

— Non, mais je rêve !

Là la coupe était pleine ! Une femme venait de tranquillement couper la file. Et l'autre nigaud devant elle qui disait rien.

— Et mon gars, va falloir penser à s'imposer. Vous êtes aveugle ou quoi ?

Il se retourna et la regarda d'un regard tranquille qui finit de l'énerver. Elle détestait les gens comme ça ! Tout sur lui transpirait le mec trop gentil. De ses baskets sans fantaisie à ses lunettes en écailles noires. Tout ce qu'elle exécrait.

Pas une seule mèches ne dépassaient de son allure si parfaite. Ce mec était estampillé "gendre idéal". Objectivement,elle devait reconnaitre qu'il avait du potentiel.

Ses cheveux bruns ondulés retombaient sagement sur son front. Et que dire de sa peau caramel ? Ce mec était un petit pain d'épice sur patte. Et elle adorait le pain d'épice sous toutes ses formes. 

Elle souffla un grand coup quand elle comprit qu'il allait continuait à la fixer sans protester. Dommage qu'il soit à ranger dans la catégorie chiffe molle, car il était plutôt sexy.

Bon sang ! Nous étions à New York ! New York, merde. Comment ce mec pouvait-il survivre dans cette ville, sans montrer un tant soit peu d'esprit combatif ? La vie était un chant de bataille. Il fallait être fort. C'était ni plus ni moins que manger ou être mangé.

Elle avait appris la leçon à la dure. Ses parents qui n'en avaient que le nom, l'avaient abandonné dès qu'ils en avaient eu l'occasion. Et visiblement, l'occasion s'était présentée très tôt. Elle avait navigué de foyer en foyer essayant de survivre dans une vie beaucoup trop cruelle pour une enfant.

Alors quand elle voyait des gens se laisser marcher sur les pieds juste parce qu'il préférait se laisser porter par la vie, cela la mettait hors d'elle ! Et ce mec en était le parfait exemple.

— Oh madame ! Interpella-t-elle la resquilleuse. S'il comptait ne rien dire, ce n'était pas le cas de Nina — La file ça a un début et une fin et la fin c'est par la bas !

— Je suis pressée.

— Oooh,madame est pressée ! Excusez-moi, je croyais que la queue c'était seulement pour les touristes !

Non, mais en plus cette femme venait de lever les yeux au ciel ou elle rêvait ? La c'était sûre elle allait se la faire !

La femme se tourna et l'ignora comme si sa voix n'était qu'un vulgaire sifflement à ses oreilles.

— Je...une main vint se poser sur le bras de Nina la stoppant net dans sa tentative de meurtre.

— Ça n'en vaut pas la peine, lui chuchota son petit pain d'épice.

Voilà c'était exactement de ça quelle parlait ! Depuis quand défendre sa place n'en valait pas la peine ?

La voix du jeune homme était basse et grave. Fait exceptionnel, son ton réussit à la calmer instantanément. Sa colère retomba comme un soufflet quand elle plongea dans ses yeux gris.

La file avança et même si sa colère retomba quelque peu, elle ne disparut pas pour autant. Quant l'autre pompeuse arrogante passa fièrement devant elle, Nina lui fit un doigt d'honneur accompagné de son plus beau sourire.

Sa douce petite Lexie lui aurait dit de rester polie en toute circonstances, d'autant plus avec les cons. Polie ? Mon cul, oui ! Elle rêvait de lui arracher ses extensions et de s'en faire une écharpe en guise de trophée ! 

C'était sa libre interprétation de la politesse. Un sourire diabolique fleurit sur ses lèvres tandis qu'elle pensait à toutes les manières de faire pleurer cette voleuse de café.

— Tenez, dit une voix douce en lui tendant un café noir.

Comment savait-il que... ? 

— Vous êtes du genre à l'aimer corsé, en lui faisant un clin d'œil.

Elle resta sans voix le temps d'un instant. C'était un fait assez rare pour être noté. Quand elle reprit ses esprits, il avait déjà quitté le café.

Elle rejoignit la rue n'en finissant plus de roumeguer dans sa barbe. Quand un costard cravate la bouscula sur le trottoir la coupe fut pleine ! La terre entière entière avait décidé de l'empêcher de rester calme. La loi de l'emmerdement maximal dans toute sa splendeur !

Elle écarta de sa peau, son t-shirt désormais rempli de liquide ambré. Heureusement qu'elle avait toujours un t-shirt au travail et surtout qu'elle était entourée de geek faisant peu de cas de son style vestimentaire. Ses journées se résumaient à passer le nez collé contre un écran.

De ses trois amies c'était elle la scientifique du groupe. Lexie était la cérébrale quand à Lily, la mode n'avait plus de secret pour elle. D'ailleurs en parlant de Lily, elle n'avait plus de nouvelles depuis quelques jours. L'idée qu'il puisse lui être arrivé quelque chose lui noua l'estomac, elles étaient ses amies mais plus que cela sa famille.

Tandis qu'elle traversait la rue, elle composa le rappel automatique. Elle avait appelé Lily tellement de fois ces derniers jours qu'elle pourrait composer le numéro les yeux fermés. La tonalité retentit, mais toujours personne au bout du fil.

Avec un soupir de découragement, elle rangea son téléphone dans son sac. La journée était grise et de gros nuages noires assombrissaient le ciel. Une première goutte vint s'écraser sur le bout de son nez.

Dans un réflexe, elle leva le nez au ciel. Une autre goutte atterrit sur son front. Un bruit attira son attention, la détournant des perles d'eau. Elle entendit la voiture plus qu'elle ne la vit. Un crissement de pneu se fit entendre et tout devint noir.