Le monde d'après...

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Nath


Je me terre comme un rat...je suis sale ! Mon odeur me dégoûte et vu la mine du rongeur de tout à l'heure, lui aussi, je l'écœure. C'est dire le fumet qui doit se dégager de ma personne. Mais je ne dois pas bouger, laisser mon cœur battre si doucement qu'ils pensent que je fais partie de ce charnier.

« Ne respire pas Nath, n'oublie pas ton but : la rejoindre coûte que coûte. »

Mon mantra en tête, mon corps modifie sa respiration et les battements de mon palpitant pour me mettre en stase, comme je l'appelle. Je vis, mais pour un œil extérieur, je viens de mourir. Même ma peau se marbre de bleu, mes lèvres elles-mêmes deviennent violettes.


Duncan

Je marche parmi ses corps sans vie. Je me suis habitué à l'odeur fétide que dégagent ceux-ci. Je ne peux rien faire, je ne suis rien, je n'ai aucun pouvoir.

Cela fait si longtemps que je ne me fais plus d'illusion sur ce que je suis : une marionnette. Un pantin dont les puissants tirent les ficelles. Je chasse une larme avant qu'un de mes hommes ne m'aperçoive chialer comme une gonzesse du monde d'avant... Ce monde...

Putain, qu'est-ce que j'aimerais leur coller ma main dans la gueule à ces abrutis ! Les influenceurs, les écrivains, les scientifiques, même les politiques décérébrés qui ne pensaient qu'avec leurs portefeuilles. J'ai un rictus désabusé, la plupart de ces gens sont morts. Les virus se sont succédé et eux étaient bien trop occupés à Dubaï ou d'autres lieux à claquer leurs frics. S'ils savaient que maintenant cette cité est redevenue un désert...

Le monde d'après, ont dit les journalistes.

Mes yeux se perdent sur ce qui était avant les champs Élysée. Des centaines de cadavres y sont entassés à la va-vite. Pendant que des hommes, mes hommes, sont habillés en blanc à noter les effets personnels de ces pauvres gens.

— Monsieur, vous ne devriez pas rester là, c'est dangereux, me souffle mon chef de cabinet en jetant des regards inquiets à droite et à gauche. Les rebelles...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que des corps se lèvent et que ça mitraille dans tous les coins.

— Bordel ! Nous sommes tombé dans un piège, éructé-je en cherchant mon arme.

— Tss ! Tss ! Il faut toujours écouter son conseil, Monsieur.

Le timbre d'Arnold a changé, je me tourne doucement et je le dévisage. Du petit scribouillard peureux qui traine sans arrêt dans mes jambes à geindre, je me retrouve devant un homme qui se fout ouvertement de ma gueule.

— Putain de traitre, je vais te...
Il rigole et me montre mon arme et un cutter d'une main en souriant.

— Je lui ai dit de ne pas y aller, reprend-il avec la voix nasillarde que je lui connais. Mais vous saviez l'entêtement de votre fils, Madame, c'était une tête brûlée. Ils lui ont coupé son oxygène et mis une balle entre les deux yeux, je n'ai rien pu faire.

Il fait semblant de chialer et rigole comme le pauvre con qu'il est. Son visage déformé par un rictus mauvais derrière le masque intégral que nous portons tous afin de ne pas être contaminés.

— Adieu, mon prince, je ne vous regretterai pas, fait-il en approchant le cutter, prêt à sectionner mon arrivée d'air.

Je me dresse de toute ma hauteur, je ne tomberais pas sans me battre, mais je suis stoppé par deux armoires à glace qui me maintiennent fermement.

2045- À la fin, Il N'en restera qu'un !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant