Chapitre 11

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Après le cours de sport, je n'eus même pas le temps de m'excuser auprès d'Analia pour notre comportement qu'elle était déjà repartie au lycée. Quand je voulus l'interpeller au self, elle était avec la bande à Augustus donc je ne suis pas non plus passé la voir. Je pu enfin la voir en allant en cours de maths.

« Je voulais m'excuser.

-Pour quelle raison ? demanda-t-elle en souriant

-Pour le sport, je suis désolée de ne pas t'avoir intégrée immédiatement dans le jeu.

-Cameron, je me fiche de ce qu'il s'est passé en sport, c'était exactement pareil dans mon ancien lycée, je sais comment remettre les gens à leur place depuis le temps. »

Je lui souris et entrais dans la salle pour m'installer au fond. Elle vint s'asseoir à côté de moi et sortis son cahier de dessin. Je ne regardais pas ce qu'elle dessinait, j'avais compris ce que cela signifiait pour elle et je ne voulais pas m'immiscer dans sa vie privée. Non, je regardais son visage et son expression. Elle paraissait paisible, concentrée et tellement belle. Ses traits étaient tirés par la concentration et au fur et à mesure que les minutes passaient, un large sourire prit place sur son visage. Je me demandais ce qu'elle esquissait qui la faisait sourire ainsi et j'hésitais une seconde à baisser les yeux avant de me gifler mentalement.

Elle donnait de légers coups de crayon dans son carnet avec une concentration extrême. Ses yeux brillaient comme mille étoiles et elle lâcha un petit rire en admirant ce qu'elle avait déjà fait de son œuvre. Des milliers de questions me traversaient l'esprit mais je n'en formulais aucune, je ne voulais en aucun cas briser sa bulle de concentration. Je la vis saisir un stylo noir et je crois qu'elle repassa ses esquisses pour rendre les traits plus voyants. Des mèches de ses cheveux relevés en chignon retombaient sur son visage mais ça ne semblait pas la gêner dans son travail, elle ne repoussa pas un seule fois la mèche brune qui lui retombait devant les yeux.

Elle reprit son crayon et passa des minutes entières à ombrer je ne sais quel dessin qui était né sous ses doigts de fée. Elle était si concentrée et si belle quand elle dessinait que je ne pouvais décrocher mon regard de son visage angélique. Elle tirait légèrement la langue sous l'effet de la concentration et en était d'autant plus mignonne. Ses beaux yeux parcouraient son carnet d'un regard objectif et tout en elle respirait le calme et la douceur. A cet instant précis, elle ressemblait juste à une déesse descendue des cieux dans l'unique but d'ensorceler les mortels pour en faire ses marionnettes. Si elle m'avait demandé quelque chose à cet instant précis, j'aurais pu tout lui céder. Je serais allé décrocher la lune juste pour la voir éternellement ainsi, j'aurais dérobé le Louvre pour lui offrir les plus belles œuvres que ce monde ai jamais vu naitre. Mais elle ne demanda rien, elle ne parla pas. Elle se contentait de se renfermer dans son monde où elle était seule maitre de son destin. Elle se contentait de dessiner et son visage en lui-même était une œuvre exquise, je ne ressentais même plus le besoin de voir ce qui la passionnait tant parce que rien n'aurait pu être plus beau que son visage entouré de la lumière de la salle.

Quand elle releva la tête et que ses yeux croisèrent les miens, je remarquais que je n'avais jamais vu de plus belles choses que ses deux saphirs qui me fixaient intensément. Elle ne détourna pas le regard, moi non plus. Je restais juste plongé dans l'océan de ses yeux pendant un temps qui me sembla infini. Un fin sourire étirait ses lèvres et le même sourire devait s'épanouir sur mon visage à moi. Jamais personne ne m'avait fait me sentir ainsi et j'aime cette sensation de lâcher prise que je ressens avec elle. J'ai l'impression de flotter sur un nuage et d'oublier l'espace d'un instant que je ne suis qu'un lycéen populaire. Quand je suis avec elle, je me permets de rêver d'une vie simple et sans prise de tête où tous mes problèmes disparaitraient et où je serais heureux, vraiment heureux avec une femme que j'aimerai de tout mon cœur. Mais cette sensation, aussi exquise soit elle, disparut dès l'instant où ses yeux quittèrent les miens.

J'allais lui demander ce qu'elle avait ressenti quand la sonnerie retentit. Elle sursauta et regarda l'heure. Je crois qu'elle était tellement concentrée sur son dessin qu'elle n'avait pas vu l'heure passer. Heureusement, le cours d'aujourd'hui ne portait que sur la correction du contrôle auquel nous avions tous les deux obtenu la note maximale, à la grande surprise du prof.

Analia s'échappa de la salle comme un poisson échappe au filet et disparu bientôt de mon champ de vision. Je soupirais de dépit et sortis moi aussi pour retrouver les gars dans la cour. Ils ne posèrent pas de questions sur mon état second, encore perdu dans le souvenir de son visage, de ses yeux, de ses lèvres...

J'entendis son rire non loin de moi et e tournant la tête, je la vis avec trois autres filles. Elles riaient sur je ne sais quoi et j'eus brutalement envie de m'immiscer dans leur conversation mais je savais que tout cela s'arrêterait à l'instant même où elles me verront comme le font tous les gens quand je veux participer à leurs conversations, ils se taisent et me regardent comme si je n'avais rien à faire là. Alors je restais là, à écouter son rire au travers des bavardages des autres élèves dans la cour. Je ne prêtais même pas attention à la conversation qu'entretenait Félix et Jim. Je ne voyais qu'elle, je ne voulais qu'elle. Mais aussi proche soit elle, elle restait aussi inaccessible que les fruits et l'eau l'étaient pour Tantale.

Le destin est cruel. Il met sur ma route une créature divine qu'il m'empêche de saisir, qu'il s'efforce de garder pour lui. Je voudrais tant tendre la main, saisir la sienne et la garder mienne pour l'éternité. Mais le destin ne le veut pas, je peux la voir sans la toucher, l'entendre sans l'atteindre et cette situation, aussi belle et romantique soit elle, me plonge dans le plus grand des chagrins, dans la plus complète des dépressions.

Cette scène serait digne d'un film romantique pour adolescent.

Mais cette fille est comme une drogue. Si on y goutte, on y devient accro. Je suis accro à ses yeux, accro à ses expressions, accros à son rire, à ses pleurs, accros à sa beauté...

Elle me hante le jour, la nuit, me visite dans mes songes, me tourne en tête constamment. Et sans comprendre pourquoi, je me laisse couler dans les profondeurs de ses yeux bleus avec un poids à la cheville m'empêchant de remonter. Je coule de plus en plus profond, me laisse emporter par son rire qui sonne comme le plus beau des orchestres, par son visage qui à lui seul a le pouvoir d'attirer quiconque ose le croiser dans ses filets et par sa voix qui a le pouvoir de mille sirènes. Je ne suis qu'un faible marin sans cire pour obstruer ses pulsions et je plonge dans l'eau glacée en espérant peut-être un peu d'attention de la part de cette créature venue des cieux.

Je n'ai jamais désiré quelque chose autant que je désire la serrer dans mes bras toute ma vie comme l'autre soir quand elle s'est endormie dans mes bras. Je voudrais la voir chaque minute de ma minable existence avec le même air paisible que quand elle dessine, je voudrais qu'elle me confie toutes ses peurs, tous ses démons pour dévoiler au grand jour à quel point elle est merveilleuse et lumineuse. A quel point elle est exceptionnelle et à quel point elle mérite que l'on prenne soin d'elle, qu'on la protège de tout ce qui pourrait la blesser émotionnellement et physiquement.

Je ne saurais comment expliquer la douce chaleur qui se répand dans tout mon être autrement que dans cette simple phrase :

Je l'aime...

Le badboy et la prétendue badgirlWhere stories live. Discover now