12 - Le sens du sacrifice

126 17 0
                                    

Pendant les semaines qui suivirent, Bellatrix baigna dans l'allégresse la plus absolue. Peu lui importaient les réprimandes acerbes de son père, l'inquiétude de sa mère, ou les regards inquisiteurs de sa tante : elle passait la journée à dormir et à rêver de son nouveau professeur, puis se réveillait le soir pour se rendre en secret au Serpent qui fume.

En quelques semaines, Bellatrix avait appris bien plus de choses qu'en quatre années de scolarité à Poudlard. Elle s'était jetée à corps perdu dans l'univers défendu de la magie noire, et avait déjà absorbé un nombre de connaissances absolument faramineux.

Un soir, après avoir descendu les marches en pierre brute qui menait au sous-sol du Serpent qui Fume et traversé le rideau de dents qui la séparaient de Lord Voldemort, Bellatrix eut la surprise de voir le corps d'un homme étendu sur la grande console en marbre. À en croire sa peau verdâtre et son immobilité parfaite, il était mort depuis quelque temps.

Voldemort se tenait juste à côté de la console, et regardait le cadavre avec attention. Quand Bellatrix entra, il leva les yeux, et la fixa pendant un long moment, comme pour évaluer à quel point elle était digne de sa confiance. Bellatrix se concentra pour que son attitude se rapproche le plus de celle que Voldemort souhaitait voir – celle d'une élève ingénieuse, intrépide, et surtout obéissante.

Finalement, Voldemort prit la parole, avec l'air lui faire une immense faveur :

– Bellatrix... Te souviens-tu de ce que je t'ai expliqué ces dernières semaines, sur la création d'Inferi ?

Bellatrix acquiesça avec ferveur.

– Eh bien, nous allons avoir l'occasion de le vérifier, dit Voldemort. Je reviens dans quelques heures. D'ici là, c'est à toi de faire le nécessaire.

D'un signe de tête, il désigna le cadavre, et lorsque Bellatrix comprit ce qu'il attendait d'elle, elle fit de son mieux pour empêcher l'excitation de lui monter à la tête. Créer un Inferius était un exploit que peu de mages noirs pouvaient se vanter d'avoir accompli, et voilà que Voldemort lui proposait d'essayer. Elle ne s'était jamais sentie aussi valorisée.

Dès que Voldemort eut disparu, Bellatrix s'attela à sa tâche. Elle se souvenait parfaitement de la procédure, d'autant plus précisément qu'elle avait demandé à son cousin Regulus de lui faire réciter les différentes incantations le matin même.

En examinant le matériel dont elle disposait, Bellatrix fut confrontée au premier obstacle : elle disposait d'un chaudron rempli de sang, mais malheureusement, celui-ci était déjà un peu coagulé. Or, le procédé de création d'un Inferius exigeait que les pentacles et les runes soient dessinées avec du sang frais...

Elle savait pertinemment que la magie noire ne tolérait aucune approximation, et que ceux qui osaient s'aventurer sur ce terrain glissant sans en connaître les règles ne survivaient jamais bien longtemps, car la moindre erreur, si petite soit-elle, mettait les sorciers à la merci des forces obscures qu'ils avaient invoquées.

En pensant aux dessins effrayants qui illustraient cette explication dans les innombrables livres de magie noire qu'elle avait lu, Bellatrix prit un des petits poignards rouillés qui se trouvaient dans un des coffres rangés contre le mur, fit une profonde entaille dans la paume de sa main gauche, y plongea deux doigts de la main droite, et commença à dessiner le premier pentacle sur la console, autour du cadavre.

Elle ne connaissait pas l'homme dont il s'agissait, mais à en juger par les haillons qu'il portait, sa vie avait peu d'importance. Son visage était déformé par son dernier cri, mais Bellatrix ne ressentit aucune pitié pour lui. Si le Seigneur des Ténèbres lui avait ôté la vie, il devait y avoir une bonne raison, Bellatrix lui faisait confiance pour cela.

Secrets de Serpentard (I) - La noble famille BlackWhere stories live. Discover now