Chapitre 32

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Nathanaëlle (5530 – Vierlème – JOUR 8)

J'ouvre les yeux, éblouie par le soleil déjà bien haut dans le ciel. Un groupe d'oiseau plane là-haut, glissant sur les airs sans se soucier du monde auquel j'appartiens. Ils dansent, laissant leurs corps se confondre, se croiser et s'entrecroiser. Une chorégraphie divine que je leur envie. Autrefois, ils étaient mes frères, aujourd'hui, plus qu'un amer gout de nostalgie abandonné de tout espoir. Enfin bon, qu'importe. Mon cœur bat toujours, sur terre peut-être, mais synchronisé a ceux que j'aime.

Assez pensé à ces oiseaux.

Il est déjà tard. Les jours précédents, Sören réveillait les retardataires, pourtant aujourd'hui personne n'est venu mettre un terme à mon sommeil. Je me redresse, m'étire pour immerger complètement dans le monde des éveillés et regarde autour de moi, en quête d'une réponse aux questions qui germent dans mon esprit.

Les autres parlent, un peu plus loin. Mayron, Sören et Erwen se concertent, la mine grave. Ils sont trop loin de moi, je n'entends rien de leur discussion... Certes, parfois moins on en sait mieux on se porte. Pourtant, je n'ai jamais adhéré à cette philosophie. Probablement parce que tu passes ton temps à écouter aux portes, fouineuse !

Aëka, fidèle à son rôle de sentinelle, est assise devant la porte fermée de la voiture où dors probablement Léane, comme toujours. Preuve que le temps presse et que nous devrions être partis depuis longtemps déjà... Et toi, tu dors jusqu'à midi, feignasse ! Tu avais promis de ne pas les ralentir, tu parles ! Une vraie tare !

Je me lève, remarquant soudain l'absence de mon frère. Il est probablement parti cloper. Il hait ce genre d'ambiance. Trop de pression sur ses épaules qui portent déjà tant de choses.

Eden est assis par terre, emmitouflé dans une couverture. Il fixe le sol, la bouche entrouverte et l'air absent. Des taches de sang recouvrent son visage... Qu'a-t-il bien pu se passer ? Une nouvelle crise ? Un lapin blessé qui passait dans le coin ? Tout peut si vite tourner au cauchemar avec lui... J'approche du cercle que forment les garçons et un silence s'abat soudainement sur le groupe.

-Sympa...

Pas de réponse. Un peu vexée, mon ton se fait plus froid.

-Que s'est-il passé ?

Ils restent muets, cherchant dans la poussière qui tapisse le sol une raison de ne pas affronter mon regard. Bras croisés contre la poitrine, ils demeurent silencieux pendant de bonne secondes...

-Eh oh ? c'est quoi cette ambiance ? Pourquoi sommes-nous toujours là ? Pourquoi Eden est dans cet état ? Vous avez peut-être oublié qu'on a une enfant mourante sur les bras !

Les regards se tourent vers mon copain, une goutte de sueur perlant sur le front de ce dernier. Il finit par opiner du chef, faisant comprendre aux autres qu'il se chargerait des explications.

-Alors ? j'insiste, n'appréciant pas du tout d'être mise à part.

-Eh bien... C'est un peu compliqué... commence mon Elfe.

-Qu'est-ce qui est compliqué ? Vous allez m'expliquer, à la fin !

-C'est vraiment délicat... Peut-être devrait tu t'asseoir ?

Il passe une main dans sa nuque, ses yeux fuient les miens, brillants d'une lueur qui m'inquiète.

-Enfin, c'est ridicule ! Ça ne peut pas être si grave... Si ?

Je relève les yeux vers les autres et croise le regard sombre de Sören qui me montre un tronc d'un geste du menton. Si même lui me le conseille... J'obéis et m'assois. May' s'accroupis face à moi, comme au premier jour où ses nos prunelles se sont rencontrées. Celui où j'ai fui l'emprise de mon frère, me retrouvant loin de lui pour la première fois. Il inspire profondément, pose une main sur ma cuisse en guise de soutien, et se lance.

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