Chapitre 1

1.1K 81 14
                                    

Battue, battue depuis ce jour où j'ai dit "oui". Battue depuis ce jour où baba tu as quitté ce monde, battue depuis ce jour où on m'a forcée, oui on m'a forcée à épouser un homme que je ne voulais pas. On m'a forcée contre mon gré à faire une chose que je ne souhaitais pas, et tout cela pourquoi ? Car c'était le dernier vœu de mon père. Mon père ne vit plus et moi je vis toujours, pourtant j'ai cette impression de ne pas vivre, tellement je me sens morte à l'intérieur. Oui, je souffre de vivre depuis que je suis devenue sa femme.

Voilà deux ans que je suis mariée, deux ans que j'aimerai partir de ce mariage douloureux mais on me force à rester. On me dit de patienter, on me dit de ne pas partir, sans prendre en considération ma souffrance, mes pleurs, et ma douleur. Comme si ça n'avait aucune importance. Et moi je subis tout cela, sans rien dire, en prenant sur moi mais jusqu'à quand ? Car je sais pertinemment que je ne tiendrai pas plus longtemps dans cette situation. Oui, ce n'est qu'une question de temps pour mettre fin à ce mariage que je n'aurais jamais dû "accepter".

Je m'en rappelle comme si c'était hier, c'était le lendemain de l'enterrement de mon père. J'étais dans ma chambre en train de penser à tous les événements récents qui se sont passés depuis la mort de mon père, lorsque ma mère rentrait dans la chambre et s'asseyait à mes côtes. Elle fixait le mur pendant quelques instants sans prononcer ne serait-ce qu'un mot, elle était dans ses pensées. Elle pensait sûrement à mon père, à cet homme qui avait été un époux formidable pour elle.

Elle avait passé trente ans de sa vie avec lui, et désormais leur lien avait été séparé pour une chose auquel personne ne pouvait faire face : la mort. La mort met tout le monde d'accord, car oui chaque être humain sait qu'un jour il va mourir. Mais quand ça touche un être cher, on réalise plus encore qu'on n'est pas éternel et qu'un jour, nous aussi on va quitter cette vie.

La mort de mon père a été un très grand choc pour nous, il faut dire qu'on ne s'y attendait pas du tout. Elle nous était venue en pleine face sans qu'on ne s'y soit préparé. J'en ai beaucoup pleuré et j'en pleure encore car je me demandais comment j'allais réussir à surmonter la mort de cet être cher. Mais je devais être forte et me relever car je me rappelais que la vie était ainsi faite : aujourd'hui on vit mais il se peut que demain on ne vit plus. Pourtant l'être humain oublie cela et vit comme s'il était éternel.

Ma mère me sortait de mes pensées en posant sa main sur mon épaule, elle me regardait avec le regard si vide. Je voyais la tristesse profonde qu'elle avait de perdre l'homme de sa vie.

— Binta, ma fille. Tu sais aujourd'hui tu es une grande fille. Tu as vingt-cinq ans et je pense qu'il est temps pour toi de te marier.

— Me marier ? Je n'ai pas encore trouvé la bonne personne et puis mama, je ne suis pas pressée pour ça.

— Écoute Binta, le dernier souhait de ton père était que tu te maries avec Moussa. Tu le sais très bien, il t'en avait déjà parlé.

— Oui, il m'en avait parlé mais je lui ai toujours dit que je ne veux pas épouser Moussa et je ne le voudrais jamais. Je ne l'aime pas. Alors mama, n'insiste pas avec ça. Je ne veux pas de ce mariage.

— Malheureusement ma fille, je ne te laisse pas le choix. Le mariage sera dans deux semaines, il sera célébré ici en Mauritanie. Tu rentreras ensuite en France avec ton mari.

— Mama, non je refuse. Vous ne pouvez pas me forcer à me marier avec un homme que je ne veux pas. Je ne me marierais jamais avec lui, personne ne va m'imposer un choix que je ne veux pas. Je refuse !

Elle ne répondait pas mais à la place, elle appelait mon grand frère Adama, qui ne tarda pas à nous rejoindre dans la chambre.

— Ta sœur ne veut rien entendre, je te laisse lui parler.

Battue, l'islam m'a sauvé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant