The Last Dream -- Le Dernier rêve -- (Triplixe's Project : Episode 6)

Chapitre 6

Une femme en robe de cérémonie de velours verts émeraudes ornée de fil d'or et à chevelure de feu se tenait à genou face à un autel de pierre, psalmodiant du bout des lèvres. Elle se leva et caressa l'agneau noir attaché sur l'autel. Elle saisit le poignard cérémonial, ferma les yeux en psalmodiant ses dernières prières avant de trancher d'un coup sec la gorge du pauvre animal. Son corps s'affaissa sur la table de pierre, alors que sa tête était tenue fermement par la sorcière. Son sang se répandant sur l'autel suivit le chemin de petites rigoles pour chuter en cascade dans le bassin derrière l'autel.

Quand le sang cessa de couler, elle déposa la tête sur l'autel et ôta sa robe, se retrouvant nue dans l'air glacé. Elle reprit le crane de la bête dans une main et le poignard dans l'autre, contourna l'autel et entra d'un pas lent dans le bassin de sang, se laissant engloutir entièrement, le liquide rouge et visqueux pénétrant chacun de ses orifices, seuls ses cheveux flottant à la surface du fluide étaient encore visibles.

Le silence oppressant de la pierre n'était troublé que par les gémissements d'agonie d'une femme brune sanglée sur un trône. Aucun mouvement ne vint perturber la surface aqueuse du bassin pendant de longues minutes, puis les cheveux roux glissèrent sur la nappe rouge, un front vint briser la coagulation, le visage de la sorcière recouvert d'un sang épais apparut lentement, puis son cou, son buste et ses mains, dont une ne tenant plus la tête d'un agneau, mais celle d'une femme. La sorcière la tenait fermement par ses cheveux blonds. Ses yeux étaient restés ouverts, marqués par la stupeur, laissant apparaitre le bleu de ses iris.

La sorcière marcha jusqu'au trône, où sa captive se débattait en vain, espérant s'enfuir. Sur son chemin elle laissa des flaques de sang sur les pierres immaculées et de fins volutes d'une fumée grise s'évanouirent dans l'air. Elle s'arrêta devant les quelques marches qui la séparaient du trône et jeta la tête d'un geste désinvolte sur les genoux de sa prisonnière.

— C'est ce que tu voulais, que je sacrifie Tara pour ton amour. Par cette oblation, je te témoigne mon adoration et par cet offrande je me dévoue à ton être.

D'un geste rapide et précis, elle trancha sa propre gorge, son corps s'échouant sur les quelques marches qui la séparaient de celle qu'elle avait aimé.