Chapitre 3 Party

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— Allez, Alexis, je suis sûre que tu vas t'éclater ! Ne fais pas cette tête-là ! s'amuse à répéter Évangéline.Dans la voiture, assise derrière mes nouveaux amis, je ne cesse de triturer ma jupe plissée pour faire taire le stress qui me ronge. Contrairement aux volontés de la belle rousse, je n'ai pas tronqué mes vêtements de « fille coincée » pour une robe sexy. Si j'ai décidé de me rendre à cette fête, c'est uniquement pour faire plaisir à Eva et fuir une vie de famille quasi inexistante. Au moins, avec eux, j'ai le sentiment d'exister, c'est déjà mieux que rien. Fidèle à son poste, Jules, qui ressemble davantage à un boyscout qu'à un mec branché, nous conduit devant la maison de Peter. — Waouh, il ne s'embête pas celui-là ! s'écrie Eva. Tu as vu sa baraque ?— Mmm...

Je ne réplique rien d'autre. Si elle voyait la mienne, elle ferait un malaise ! Elle est deux fois plus grande que celle-là, mais je me garde bien de le lui dire. Pour ma part, mon chez-moi est resté à Paris.

Lorsque je sors de la voiture, j'ai les jambes en coton et j'ai le sentiment d'être dans un mauvais rêve. Le brouhaha des voix et des rires me rappelle à la raison. Je n'appartiens pas à ce monde-là.Eva passe son bras sous le mien, tandis que Jules se place à son opposé. Un groupe de jeunes assis dans l'herbe se passe une bouteille d'alcool sous mes yeux apeurés. À l'intérieur, les lumières sont tamisées, une musique tonitruante résonne et fait vibrer les murs. Dans le salon, supposé être la piste de danse, des corps se déhanchent, des visages se collent, des bouches s'embrassent. L'atmosphère est fétide, l'air irrespirable. Des odeurs de transpiration et d'alcool se mêlent à divers parfums.— On va danser ? M'invite Eva.— Euh...non merci ! Je...je suis nulle pour ce genre de chose.— Oh! Alex, allez !— Mais vas-y toi ! Je vais m'asseoir juste là, insisté-je, désignant le fauteuil en cuir près de la fenêtre.— OK, t'inquiète, on revient dans pas longtemps. Jules, allons chauffer la piste de danse ! Évidemment, il la suit. Évangéline se trémousse au rythme de la musique, ses gestes sont à la fois gracieux et sexy. Avec sa silhouette longiligne et ses courbes, elle a de quoi en rendre jalouse plus d'une. Nous échangeons quelques sourires. Je n'ai rien d'autre à faire que d'écouter glousser un groupe de filles à côté de moi.— Non, je te jure ! J'ai trop hâte de le revoir. — Moi aussi. Tu as vu ses dernières photos sur Facebook ? Il est à tomber ! crie la blonde, par-dessus le vacarme.— Grave ! Je ne sais pas ce qu'il a fabriqué en Californie, mais il est revenu encore plus baraqué qu'il ne l'était déjà.— Tiphany, si tu n'invites pas Caleb à sortir avec toi, je le ferai sans problème.— Je suis sur le coup ! C'est juste sa sœur que je ne peux pas blairer !— C'est sûr, on est deux, répond la blonde (version poupée Barbie).La conversation continue sur le fameux Caleb, ses exploits au sport et apparemment au lit. Avant même de savoir qui il est, j'en sais suffisamment sur le personnage pour en écrire un roman. Je suis sur le point d'aller me chercher à boire lorsqu'un corps noueux tout en muscles me bloque le passage.— Eh la Française, tu aimes ma fête ? 

— Mmm...répliqué-je, reconnaissant Peter, l'hôte des lieux.
— Alors, dis-moi, c'est vrai ce qu'on raconte sur les meufs françaises ? À ce qui paraît...

— Laisse-la tranquille, intervient Jules qui arrive à ma rescousse, suivi

d'Eva.
— Sinon quoi, le gringalet ? Tu vas me coller ton poing en pleine figure ?

— Ça suffit, Peter...
— Honnêtement Red, je ne sais pas ce que tu fiches avec un loser pareil.

S'il vient à cette fête, c'est uniquement grâce à toi.
— Écoute, Jules est mon ami que ça te plaise ou non ! Maintenant si tu veux qu'on parte, on peut aussi s'en aller !

— Non, c'est bon ! Restez ! tempère-t-il.
En passant près de Jules, ce dernier le cogne volontairement à l'épaule.

Mon ami serre les dents.
Nous filons ensuite à la cuisine. Je ne me fais pas prier pour prendre

une part de pizza. L'espace d'un instant, je savoure presque cette fête. Jules nous fait rire, en racontant des blagues débiles ; Évangéline nous parle de ses vacances au bord de la plage avec les siens et nous révèle comment son grand frère s'est pris un râteau en draguant une Italienne.

— Je te jure, il n'a pas l'habitude de se faire rembarrer le pauvre ! Moi j'étais hilare !

Je prends encore et encore des parts de pizza, la cinquième, je crois, j'ai perdu le compte. La saveur du fromage est encore sur ma langue quand je manque de m'étouffer.

— Eh la goinfre, fais gaffe de ne pas trop t'empiffrer ou tu risques de faire exploser ta jupe plissée ! m'invective Tiphany.

— Remarque, ça te rendrait peut-être service, tu as l'air si coincée là-de- dans ! réplique son amie, la blonde pulpeuse du nom de Loana.

Estomaquée, je ne sais pas quoi répliquer. De toute manière, les joutes verbales n'ont jamais été mon fort.

— Qu'est-ce que tu regardes, Évangéline ?

— Oh, mais rien, Tiphany, et quand je dis rien, je pèse mes mots, s'ex- clame mon amie, en détaillant la belle métisse de la tête aux pieds.

Malgré ma timidité, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. Tiphany me foudroie du regard et je me pince les lèvres pour réprimer une autre crise d'hilarité, mais c'est sans compter sur Jules, plié en deux sur sa chaise.

— Les filles, vous me tuez ! Quelle soirée ! claironne-t-il, levant son verre de jus.

— Tu devrais faire gaffe Évangéline, ton duo ne fonctionne déjà pas trop bien, mais alors là, rajouter la coincée de Paris dans ta troupe, tu ne pouvais pas faire pire ! renchérit Tiphany.

— Carrément ! Elle prend sous son aile les causes perdues, s'apitoie la blonde avec un air faussement peiné.

— Ta vie doit être drôlement triste, lance tout à coup Jules.
— Pardon ?
— Ben oui, c'est bien connu, les gens qui en prennent pour leur grade chez eux, en général, se défoulent sur les autres à l'école.

— On s'en va Loana !
Visiblement vexée, le duo de choc part sans demander son reste. Évangéline en profite pour avaler un autre shot de tequila. Pour l'instant, elle n'a pas l'air sous l'emprise de l'alcool qu'elle a ingurgité. De la cuisine, on entend la musique qui s'adoucit, sûrement le moment des slows.

— Red, je peux t'inviter à danser, demande Peter qui débarque tout à coup.

— Pourquoi pas !

Ensemble, ils s'éloignent vers la piste de danse. Seuls, Jules et moi res- tons comme deux âmes en peine.

— Tu veux danser Alex ?

— Non, non...c'est gentil Jules, mais la danse et moi, ça fait deux ! Mais... tu devrais inviter Eva, je sais que tu en meurs d'envie.

Ses yeux s'écarquillent de surprise.
— C'est si évident ?
— Comme un nez en pleine figure ! M'exclamé-je.
Nous regagnons le salon tout de même, silencieux tous les deux. La soirée promet d'être longue ! 

Ai ajuns la finalul capitolelor publicate.

⏰ Ultima actualizare: May 18, 2022 ⏰

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