Chapitre n°1 - Incident

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CHAPITRE N°1 - Incident


Laura s'écrasa, face contre terre, catapultée par son ennemi. Elle se retourna sur le dos, tentant de reprendre sa respiration qui avait été coupée. Quand l'oxygène pénétra enfin ses poumons, elle soupira :

"- Olympe... Tu vas finir par me tuer un de ces jours."

Elle se releva et s'appuya sur ses coudes, et contempla la jeune femme qu'elle avait en face d'elle. Pas bien grande, Olympe, dix-sept ans, resplendissait. De grands yeux caramel, une longue crinière de boucles et d'ébènes, des lèvres pleines, un corps voluptueux et ferme, sa posture faisait aussi bien penser à celle d'une combattant, qu'à celle d'un fauve près à sauter sur une proie. Elle se redressa, et rigola d'un rire cristallin. Sa joue droite, meurtrie d'une cicatrice, lui donnait un caractère plus sauvage, l'entourant d'une aura de danger. Elle était sublime. Elle s'approcha du préteur, et lui tendit la main pour l'aider à la relever.

"- Excuse moi Laura. Je...

- Dis moi tout."

Voilà le nœud du problème. Olympe, malgré ses compétences de guerrière aguerrie, son physique avantageux et son esprit stratégique aussi affûté qu'une lame de rasoir, elle n'était pas aimé. Pas aimé dans le sens de harcelée, rabaissée, moquée, huée... Et cela lui pesait.

"- Ne fais pas comme si tu ne savais pas de quoi je te parle Olympe. Tu sais aussi bien que moi que tout cela doit cesser... Je...

- A quoi bon ? Depuis l'incident du faune, c'est comme cela, malgré tes interventions. Ta popularité baisse, et tu sais aussi bien que moi que si elle baisse trop, ce sera ce foutu oracle de malheur, Auguste, qui prendra ta place. Et tu sais comme moi que s'il y parvient, ce sera la fin du Camp. Ce sont mes problèmes Laura, et quoi que tu dises, et quoi que tu face, cela ne changera rien à ce qui est arrivé. Je m'y suis habitué. Je fais avec. Point à la ligne."

Malgré son jeune âge, ses yeux avaient le reflet des anciens qui ont vu mille horreurs, et sa voix le timbre des Hommes fatigués de lutter contre le destin. Si jeune, et pourtant si vieille...

"- Tu n'aurais dû avoir à t'y habituer. Jamais. Oui il y eu l'incident du faune, mais ce n'était directement ta faute. Oui, si Auguste vient à prendre ma place, je ne paierai pas chers de la survie du Camp, mais on est en démocratie. Ou du moins, un semblant de démocratie. Mes problèmes sont les tiens, et je n'hésiterai pas à sévir pour me faire respecter et pour qu'on te lâche la grappe. Une cohorte est censée être unie, et devrait pouvoir compter sur chacun de ses membres. Toute la tienne peut compter sur toi, parce que tu as un sens des priorité, de la loyauté et d'entre-aide fiable. Mais sur qui peux-tu compter toi ? Qui viendra te sortir d'une mauvaise passe en combat ? Personne. Et ça, c'est inacceptable. Tant pis si j'y perd ma place.

- Laura. Non. C'est moi l'intruse ici. La fille du Petit-Tibre. Celle qui est arrivée de seules les Parques savent où. Celle qui n'est pas née à cette époque. Qui devrait être morte, réduite à l'état de poussière par le temps. Celle qui a tué un faune par accident. Celle qui ne maîtrise pas ses pouvoirs. Celle qui fait peur à tout le monde. Celle dont tout le monde parle en mal. Celle qui mange toujours seule à la caserne. Celle qui protège tout le monde pour racheter sa faute. Tu crois que je ne les entends pas..? Je sais ce qui se dis. Que je porte malheur. Qu'il voudrait que je tombe dans le Tartare, avec les monstres mon espèce. Tu veux me protéger Laura, mais regarde la vérité en face. Tu ne peux pas me protéger des autres, et encore moins de moi-même. Seule la solitude pourra me sauver, me faire entrevoir la lumière. Alors cesse de t'enfoncer pour une cause perdue. J'ai sombré il y a bien longtemps déjà. Vouloir me faire remonter à la surface reviendrais à vouloir ranimer un mort."

Aléas des allégeancesحيث تعيش القصص. اكتشف الآن