Prologue

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J’entre dans le bureau du notaire. On vient juste de jeter la terre sur le cercueil d’Élise et me voilà déjà face à ce type trop propre sur lui pour être honnête. En même temps, c’est un notaire, on sait tous que ce sont loin d’être des hommes de confiance.
– Asseyez-vous Mademoiselle. Votre père ne vient pas ? me dit le type en costume.
– Je ne sais pas, il est sûrement trop occupé à noyer son chagrin entre les cuisses de sa secrétaire. lui rétorquai-je avec sarcasme.
Je vois que mes mots le mettent mal à l’aise. C’est pourtant la vérité, ce type est un porc. Et ce n’est pas mon père. Je porte juste son nom !
– On va commencer sans lui alors. 
– Faites donc ça !
– Bien, votre mère m’a confié cette lettre pour vous. Elle m’a demandé de vous la remettre en main propre.
Il sort une enveloppe de sa pochette et la glisse vers moi.
– Et elles le sont ?
Il me dévisage un instant.
– Autant que le savon me le permet Mademoiselle.
Je lève un sourcil et observe ce cinquantenaire sûr de lui me sourire. Dire que mon vrai père doit avoir à peu près le même âge. Comme chaque fois, je me l’imagine vêtu aussi d’un costume sur mesure. Plutôt grand et carré, roux comme moi, il faut bien que je le tienne de quelqu’un ce roux de malheur. En tout cas, ce n'est pas ce bonhomme aux petits yeux noyés sous ses énormes joues.
– C’est tout ce que vous avez à me dire ? J’ai un avion dans quatre heures et j'aimerais ne pas le louper. 
Je coupe court à cette mascarade. Tout ce qu’elle me laisse c’est une lettre. Elise dans toute sa splendeur !
– Oui Mlle Matthews, je vous remercie du temps que vous m’avez accordé.
– Au revoir Maître.

En me levant, j’attrape la missive sur le bureau puis sors avec hâte. 
Je dois quitter Baltimore le plus vite possible. L’idée de me retrouver au même endroit que Yorgen, le mari de ma mère et accessoirement celui qui m'a donné son nom, me file la nausée. Je hèle un taxi.
– Hôtel Grand Sauveur s’il vous plaît.
– Tout de suite Mademoiselle.

Une fois dans ma chambre, je jette mes docs dans un coin avant de me servir un scotch. Je sais, il n’est que quinze heures, mais j’ai besoin d’un remontant. Non pas que la mort de ma mère me bouleverse, ça fait longtemps que nous n’avions plus grand-chose en commun.
Je m’étends sur mon lit et ouvre l’enveloppe. Je lis sa lettre une fois, puis deux, trois.
Je n’en crois pas mes yeux !

Je prends mon portable et appelle Robin, ma meilleure amie depuis dix ans, ma sœur en quelque sorte. Elle est ma seule famille depuis que je suis en France, je ne suis rien sans elle.
– Alors, raconte comment ça se passe à Baltimore ?
– Putain tu n’y croiras jamais. Elle m’a laissé le nom de mon père !
– Arrête ! Et alors, tu vas aller le voir comme ça, genre, toc toc, bonjour, j’suis ta fille !
– Je ne sais pas Rob! je m’allonge sur le lit et passe mon bras devant mes yeux. Tu crois que je devrais laisser couler et rentrer à la maison ?
– C’est ce que tu as toujours voulu non ? Le connaître, au moins savoir pourquoi il n’est jamais venu te voir. me rappelle mon bulot. Donne-moi son nom que je googlise vite fait. 
– Josh Cornwell, il vivrait à Deytona dans le Michigan apparemment. Et devine quoi ? Elle lui avait piqué sa bécane, elle me l'a léguée ! Je dois la récupérer dans un garde meuble… Ah et elle me dit d’aller chez elle chercher une boîte à chapeau où je trouverai les réponses à mes questions…
– Quelle garce franchement. Qui fait ça ? me demande Robin.
– Ma mère vraisemblablement !
– Tu ne rentres pas alors ? Tu veux que je repousse ton billet ?
– Oui, annule celui-ci et attends quelques jours pour reprogrammer mon retour, je vais aller chercher cette boîte chez elle et voir cette bécane.
– N’oublie pas la Deadline ma biche et fais attention à toi. Je te tiens au jus de mes recherches. 
– Bonne nuit mon bulot.
– Bonne nuit ma fouine.

🩸Blood Eagles 🦅 T1Onde as histórias ganham vida. Descobre agora