Le début de la fin

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La dépression. Quand elle est là, quand elle vous prend, elle ne veut plus partir. Je crois qu'en ce moment elle a jeté son dévolu sur moi. En même temps, comprenez moi, je viens de me faire larguer.

Ouais, c'est des problèmes d'ados. Le truc qui arrive à tout le monde. Sauf que ça fait quand même mal. Tellement mal. Tellement.

Lorsqu'elle m'a envoyé un message, je lui ai tout de suite téléphoné, en larmes, terrifié. Sa réponse ? "Non mais pas la peine d'appeler y'a rien à ajouter." Ou, dans ma langue; j'ai pas le courage de te le dire en face.

Juste après ça, j'ai hurlé. Pendant une bonne heure, j'ai hurlé à me rendre sourd, mes joues trempées et mon nez coulant. Mes cheveux collaient à mon visage. Je ressemblais à rien. J'avais tellement mal au cœur, j'ai attrapé mon couteau suisse qui me faisait de l'œil. J'ai entaillé une fois mon poignet, mais pas pour faire comme les fragile de service qui s'ouvrent les veines parce que "omg ma vie est trop nulle lol". Non, car on m'a dit un jour que si on a mal quelque part, si on se fait mal autre part, le premier endroit ne souffre plus. Or, mon cœur allait imploser. J'ai appuyé de toute mes force sur mon poignet, prenant soin d'éviter les veines, coupant un peu sur le côté. J'ai retiré la lame mais il n'y avait rien à part une ligne pâle. Petit à petit, beaucoup de sang s'est mis à couler. J'ai fait une seconde coupure, la douleur de mon coeur disparaissait un peu plus à chaque fois que j'appuyais la lame. J'ai fais 10 coupures avant de relever la tête et de me voir dans le miroir; je ne ressemblais à rien. Brusquement, j'avais horreur de ma tête. Je me suis levé, planté devant le miroir et j'ai commencé à couper mes cheveux _qui m'arrivaient aux épaules_ avec le couteau. J'ai hurlé en voyant que ça ne marchait pas beaucoup, j'ai donc sorti les ciseaux du couteau multi-fonctiion et je me suis mis à couper, couper, couper. Bientôt, mes cheveux étaient presque tous à terre, à mes pieds. J'ai hurlé et je suis tombé à genoux. Je me suis rendu compte à ce moment que mon poignet piquait : des cheveux étaient sur les plaies, j'ai soufflé mais ils ne sont pas partis.

D'un seul coup, ma tête s'était mise à tourner. Mes oreilles sifflaient, je suis tombé allongé sur mon lit, regardant le plafond. Mon téléphone sonnait sans cesse; oui, avant ma crise de nerf, j'ai prévenu tout le monde que je ne voulait plus être de ce monde. Je m'en veux un peu, mes amis devaient s'inquiéter. Je regardais alors mon reveil. Je ne sais plus ce qu'il s'est passé après : mais j'ai du passer l'aspirateur dans ma chambre car, quand mon père est rentré du travail, j'étais devant la caisse à médicaments et ma chambre était nickel.

La boite de médicaments. Elle était ouverte. Mon père m'a regardé d'un air bizarre, j'ai fixé la boîte. Je faisais quoi ? Je ne savais pas trop.

-Ça va ? a demandé mon père. Tu te sens pas bien ?

J'ai lâché ça sans même réfléchir :

-Un peu mal à la tête, je cherchais une aspirine.

C'est là que j'ai pris conscience : mon corps allait se tuer. Si mon père n'était pas rentré à cette heure, je me serais bourré de médicaments jusqu'à ce que mon coeur n'en puisse plus et s'arrête. Rien qu'en pensant à ça, j'eus un frisson. Je devais avoir sport au soir, feignant d'être mal, je n'y suis pas allé. Le lendemain, je ne suis pas allé en cours.

Et là, je suis allongé sur mon lit à regarder le plafond. Ça s'est passé mercredi, aujourd'hui nous sommes vendredi soir. Je suis toujours sous le choc même si j'ai été en cours. Mais bon... pas le choix ; j'avais un contrôle important. Pour rajouter une couche : c'était l'anniversaire de ma copine... enfin... mon ex, maintenant. Je lui donné un cadeau via une amie, sa réponse ? Elle n'en veut pas car vu qu'on n'est plus ensemble ça "ne se fait pas d'accepter". Quelle.... ça fait mal.

Bon sang.

Ça fait tellement mal.

Ça fait tellement mal de comprendre qu'elle n'a plus besoin de moi.

Je n'ai vraiment plus envie de rester sur cette Terre, où elle est, mais où je ne peux rester avec elle.

Et ça, ça fait mal.

Voilà. Voilà comment la dépression s'est éprit de moi. Et notre valse interminable commença un mercredi. C'était le début de la fin pour moi.

De toute façon, qui se soucierait du pauvre Hal ?

Ace  [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant