Chapitre 6

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J'ai toujours aimé lire, les livres étaient mon refuge. Aujourd'hui, il était compliqué de s'en procurer, ils se faisaient tellement rare... Le fait de lire en secret ce qu'écrivait mon frère me faisait me sentir proche de lui. Savoir lire est une chance, savoir écrire aussi. J'ai lu des tas de livres, je les annotais de temps en temps, je les relisais, je les étudiais.

J'ai fait beaucoup de choses pour obtenir des livres, en général grâce à des marchés illégaux.

Ce que j'avais devant les yeux était juste incroyable et tout juste incomparable avec ce que je possédais. C'était le paradis. Je me trouvais dans une bibliothèque gigantesque. Là où Alyssa et Marco m'avaient prise en otage était en réalité le bureau du directeur de cette bibliothèque.

C'était un rêve qui était en train de se réaliser, alors oui ce n'est qu'une bibliothèque pour la plupart des gens. Mais pour moi, c'était comme avoir trouvé le One Pièce.

Alyssa avait compris:

"Si tu crèves pas je t'y ramènerai avant ton départ.

-Vraiment ?! dis-je avec des étoiles dans les yeux.

-Oui, dit-elle en rigolant de surprise par ma réaction."

C'est vrai que ça a dû la surprendre que la meuf qui a craché à la gueule de son pote s'attendrisse d'un coup.

Alyssa était sympa, mes premières impressions sur elle étaient confirmées: elle était pas si méchante que ça. Je savais qu'elle pouvait être une alliée intéressante. Cependant, je savais que Marco risquait de me poser problème.

On s'en alla de cet endroit sacré à mes yeux, pour s'enfoncer entre les congères. Il faisait terriblement froid, j'aurais dit -25°C environ, je n'arrivais pas à lire correctement mon thermomètre à cause de ma vue qui commençait à se troubler. Il fallait que je mange, mais je ne devais surtout pas demander autre chose, je ne devais pas paraître faible.

Ainsi, nous marchâmes, longtemps, parfois on trouvait du sang alors, nous savions que nous étions sur le bon chemin.

J'avais froid, tellement froid, je commençais à ne plus sentir mes jambes , je ne saurai dire si c'était à cause de la sous-alimentation ou du froid mordant de l'hiver québecois. Mais je devais absolument avancer pour sauver les miens, jamais je ne devais abandonner, je me devais d'aller jusqu'au bout, c'était mon devoir en tant que capitaine.

Ainsi, je luttais de toutes mes forces, pas à pas. Faire comme si de rien n'était, oublier la souffrance, ça je savais faire. Alors, aucun des deux ne se doutait du rude combat que je menais en ce moment même . Parfois, Alyssa me demandait si j'allais bien, je répondais que oui. Marco grognait et me regardait du coin de l'œil.

Les traces de sang se faisaient de plus en plus courantes, mais ce qui m'inquiétait le plus c'était que ces traces n'étaient pas seules, il y avait des traces de pas en plus. Ce n'était pas des pas normaux, on reconnaît les pas d'un Krynite facilement en hiver, en général, ils trainent les pieds parce qu'ils doivent déplacer leurs corps imposants. Ici à vue d'œil, ils étaient trois.

J'espérais arriver à temps, la fanatique et mon stupide frère avaient intérêt d'avoir survécu. Cela faisait trois heures que nous marchions, mon corps criait souffrance, mon esprit criait bataille. Je pensais à mes parents, à mon frère et à ma soeur, à mon demi-frère et à cette bibliothèque. Cela m'a aidé sur les deux kilomètres suivants.

Cette lutte constante était très éprouvante physiquement mais aussi mentalement.

Si je m'arrêtais, alors c'était la fin.

"On va s'arrêter cinq minutes capitaine, m'informa Alyssa.

-Non. On continue, on avance, jamais s'arrêter en tempête de neige, j'articulais-je avec difficulté;

-Écoute mademoiselle Castello, je ne crois pas que tu sois en mesure de nous contester, déclara Alyssa.

-C'est toi qui vas m'écouter. . Jamais tu ne pourras m'empêcher d'aller sauver mon demi-frère et cette scientifique, tu m'entends ? Ma famille, ma priorité. Si tu veux m'en empêcher alors fais-le. Mais moi je continue, coûte que coûte.

-Va, nous on fait une pause, dit-elle vexée."

Alors, étant vexée aussi, j'enclencha le pas. C'était tellement difficile, je ne voyais presque plus rien, ma vision passait de trouble à noire. Ma tête tournait, mon corps flanchait. Je m'effondra au sol.

J'entendis Alyssa et Marco se précipiter vers moi. Je me sentais partir.

"Surtout, ne ferme pas les yeux !!!me dit Alyssa. Ne les ferme pas, regarde moi."

Je m'exécuta, elle me regarda avec ses yeux verts émeraudes. Elle m'examinait en même temps.

"Marco en l'emmène, on est en état critique."

Non. Non. Je refuse, je devais les retrouver. Je réussis à articuler quelques mots.

"Non... je vais... les... chercher...

-Chut, dit-elle en mettant son doigt sur ma bouche, ne t'inquiète pas on va les sauver, mais toi tu peux pas continuer."

Je la regarda une dernière fois avant de me laisser porter. Et merde.

K.A.M.A.L.Where stories live. Discover now