♥ Saint Valentin OS {TGCF AU}

Une personne spéciale

14 février. C'était la Saint Valentin, le jour des amoureux. Cette fête occidentale devenait de plus en plus prisée en Chine, l'occasion de s'offrir des fleurs ou de dîner à la chandelle. Les êtres aimés s'échangeaient des mots doux, se rappelaient à quel point leur amour était grand.

Xie Lian n'a jamais eu l'occasion de la fêter personnellement. Or, ce n'était pas les demandes qui manquaient. Chaque année, il recevait du chocolat, des fleurs, et même des lettres et des poèmes. Sa gentillesse et son physique - on ne va pas se mentir - attiraient plus d'une fille. Certaines lui donnaient les présents en personne, d'autres par l'intermédiaire d'amies. À chaque fois, Xie Lian les recevait avec un sourire et les remerciait chaleureusement. Mais à chaque fois, il ne donnait pas suite.

Ce n'était pas parce que les filles n'étaient pas sincères, au contraire. C'était parce qu'elles étaient sincères que Xie Lian ne voulait pas jouer avec leurs sentiments. S'il n'éprouvait pas d'amour en retour, il ne voulait pas les laisser croire le contraire.

Elles étaient blessées et pleuraient certainement toute la soirée après avoir essuyé un refus. Mais elles rencontreront quelqu'un qui saura les aimer. Xie Lian ne pouvait pas être cette personne.

Était-ce cruel ? Peut-être. Mais faire semblant serait pire.

Cette année-là, alors qu'il avait intégré un nouveau lycée, Xie Lian ne recevrait certainement aucun présent pour la Saint Valentin. Il venait d'arriver et personne ne s'intéresserait à lui en si peu de temps, se disait-il. Cela lui allait bien ; il n'avait pas envie de blesser une autre fille.

Ce 14 février serait donc un jour comme un autre pour Xie Lian.

Le midi, il déjeuna en compagnie de San Lang, comme d'habitude. La cantine était bondée, comme d'habitude. Tout devait être comme d'habitude.

Toutefois, Xie Lian ne put s'empêcher d'aborder le sujet.

— Dis-moi San Lang, je peux te poser une question ?

— Oui ?

— Es-tu déjà... euh... tombé amoureux ?

Il regretta aussitôt. Maintenant qu'il y pensait, il trouvait la question tout à fait indiscrète. Cela relevait de la vie privée d'une personne, qui ne le regardait nullement. Qu'est-ce qui lui prenait de demander une telle chose ?!

Ses joues se teintèrent d'une couleur pourpre et il agita vivement les mains avant d'enfouir son visage avec.

— Pardonne-moi San Lang, c'était bien trop impoli !

Son interlocuteur parut d'abord surpris mais il se mit ensuite à rire.

— Pourquoi Gege me pose-t-il une telle question ?

— Désolé, désolé ! Oublie, ce n'est rien, c'était stupide. Je suis stupide. Bon appétit !

Il reporta son attention sur son repas, avalant plusieurs bouchées d'affilée, à la limite de s'étouffer. Il prit soin de ne pas regarder San Lang qui continuait de rire. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il était ridicule, il y avait de quoi rire !

Peu de temps après, San Lang reprit avec une voix plus sérieuse.

— Il y a bien une personne spéciale que je chéris depuis longtemps.

Xie Lian manqua de s'étouffer avec un morceau de viande. Il toussait sans arriver à s'arrêter.

Il était effectivement amoureux ?! Il était loin d'imaginer qu'il avouerait aussi facilement. Étrangement, il ressentait comme un pincement au cœur. Il avait arrêté de manger et reportait toute son attention sur son voisin.

— Et... puis-je savoir qui est cette personne ? Non, non, surtout, ne réponds pas !, s'empressa-t-il d'ajouter.

Je n'ai pas envie de savoir, pensa-t-il. Il se sentit mal à l'aise, et trouvait que la température de la cantine avait soudainement augmenté.

San Lang continuait de manger comme si de rien n'était.

— Très bien, si Gege ne veut rien savoir, je ne dirais rien.

Mais Xie Lian ne pouvait pas s'arrêter là. La curiosité le rattrapa bien vite.

— Cela fait longtemps que tu connais cette personne ?

— Oui. Des années, répondit San Lang en hochant la tête.

Une amie d'enfance ? Il imagina un petit San Lang âgé de dix ans, voire moins, tenant la main d'une charmante jeune fille avec deux nattes de chaque côté de son visage. Ils souriaient naïvement et marchaient dans la rue en sifflotant.

Il secoua la tête, chassant cette image de son esprit. C'était beaucoup trop gênant. Décidément, son esprit avait vraiment un problème.

Xie Lian risqua une nouvelle question.

— Et... cette personne est-elle au courant de tes sentiments ?

— Non, j'attends le bon moment.

— Oh, je vois... Aujourd'hui est peut-être le bon moment, non ?

— J'attends qu'elle soit prête.

Xie Lian esquissa un sourire nerveux. Sans qu'il s'en aperçoive, il s'était emparé de la serviette et la chiffonnait maladroitement. Quand il s'en rendit compte, il la lâcha. Que se passait-il aujourd'hui ? Il agissait si étrangement qu'il se surprenait lui-même.

— Elle a de la chance d'être aimé de San Lang...

— Ah, pourquoi ?

— Parce que tu es gentil, ouvert d'esprit, cultivé... San Lang, me forcerais-tu à faire ton éloge ?

— Ce n'est pas désagréable !

Les deux adolescents se mirent à rire de bon cœur. L'atmosphère s'était un peu apaisée. Ils poursuivirent gaiement leur repas, sans aborder de nouveau le sujet.

Le soir venu, ils se quittèrent et chacun rentra chez soi. Xie Lian s'enferma directement dans sa chambre, vu la quantité de devoirs qu'il avait à faire. Sans s'accorder le moindre repos, il s'assit à son bureau et s'apprêtait à sortir ses affaires lorsque quelque chose attira son attention.

Il trouva, dans son cartable, une bague blanche au bout d'une chaîne argentée. Il la sortit et l'examina de près. Elle semblait neuve et brillait sous la lumière de sa lampe de bureau. Qui avait bien pu la glisser dans son sac ? Et pour quelle raison ?

Ces questions resteraient sûrement sans réponse. Mais ce n'était pas grave. Cette bague était belle et Xie Lian la considérait comme un objet précieux dont il prendrait grand soin. Il l'accrocha autour de son cou et l'observa encore un moment, au creux de sa main, avant de la serrer contre son cœur. Il esquissa un sourire.