Chapitre 2

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A 14 heures pétantes, Fanny entrait en trombe dans l'appartement de sa sœur.

– Alors ? Fausse alerte ? Demanda-t-elle, pleine d'espoir.

– Ben non. Tu peux me féliciter, le test est positif. J'ai fait mes comptes, ça doit faire un bon mois.

– Tu peux toujours avorter, alors ?

– Nan, c'est trop tard... Le temps que j'aie un rendez-vous et tout... Les délais seront sûrement dépassés... Et de toute façon, je veux le garder. J'adore les bébés et j'ai très envie d'en avoir un à moi. Et puis comme ça, tu pourras faire la baby sitteuse et gagner de l'argent de poche !

– Si tu me payes OK. Mais dans l'absolu, je suis sûre que c'est une mauvaise idée. Tu n'as même pas fini ton apprentissage... Et tu te rends compte que c'est Dylan, le père ?

– Oui, mais je suis sûre qu'il fera un bon père, ça le rendra plus responsable et...

– Tu plaisantes, j'espère ? Tu lui en as parlé, d'ailleurs ?

– Euh, j'ai pas eu l'occasion. Il est ressorti, hier soir et il est pas revenu avant 4 heures. Quand il s'est levé, il était plus d'humeur... Elle tortilla machinalement une mèche auburn d'un doigt nerveux. C'est pareil, on attendra un peu avant d'en parler à Mélodie, hein ? Elle va nous en faire une pendule, encore...

– Hum, oui. De toute façon, si tu en parles à maman maintenant, elle aura tout oublié ce soir. Soupira Fanny.

– Ah, au fait. J'aurais besoin que tu me rendes un grand service et en échange, je te paye ton BSR !

– Ouh là là ! Tu me fais peur, Cici... La réponse est non, je refuse d'être ton témoin de mariage !

– T'es trop jeune, de toute façon, et je vais pas me marier ! T'es bête ou quoi ? Non, j'aurais juste besoin que tu fasses quelques livraisons pour moi. Vu que t'as un vélo...

– Mouais ? Faut voir... Des livraisons de quoi ? De Chocolats ?

– Non, non, non, c'est beaucoup plus léger que ça, précisa sa sœur avec un léger gloussement embarrassé. Non, c'est Dylan qui m'a chargé de livrer de la marchandise pour lui dans le coin, et j'aurai pas le temps de tout faire toute seule.

– De la « marchandise » pour Dylan ? T'es cinglée, ou quoi ? J'ai pas du tout l'ambition de devenir dealeuse ! Je comprends pas comment tu as pu accepter un truc pareil !

Cindy se tordit les mains et évita d'un air penaud le regard indigné de sa petite sœur.

– J'ai pas eu le choix, figure-toi ! Et pour une fois qu'il était enthousiaste et gentil... Il m'a promis un pourcentage des ventes pour financer ma chocolaterie, en plus. On sera associés 50/50 ! ajouta-t-elle, les yeux brillants de fierté.

– Et tu l'as cru ? T'es trop naïve, ma pauvre ! C'est à peu près comme quand maman nous promet qu'elle ne boira plus... Et risquer la prison pour ce crétin, non merci !

– Arrête ! Tu sais bien que je l'aime ! S'indigna Cindy. Et puis avec ton BSR, tu pourrais enfin conduire ta moto. Depuis le temps que tu la répares avec Noé... Ajouta-telle, enjôleuse.

– Oui, on a presque fini. Noé a été super efficace, comme d'habitude.

Fanny sourit d'un air rêveur, ses yeux gris-vert éclairés par un sourire inhabituellement tendre.

– Je comprends pas comment il peut être encore pote avec Dylan. Ils sont tellement différents !

Notant l'air taquin de sa sœur, elle préféra changer de sujet.

– En tout cas, le paternel a pas intérêt de rappliquer pour récupérer sa moto !

– Franchement, ya peu de chance ! Avec toutes les années de pension alimentaire qu'il doit à Mélodie, il est pas près de se pointer, t'inquiètes !

– Mouais, je me méfie de lui... La dernière fois qu'il est venu, il a piqué la voiture de maman.

– Bof, ça vaut mieux, comme ça ; au moins, elle est obligée de prendre le bus, c'est pas plus mal. Bon, t'es d'accord pour m'aider à livrer ou pas ?

– Ben non, j'aurai jamais mon BSR si je vais en prison, je te signale.

– Mais non, tu risques rien, t'es mineure ! Et puis, c'est des potes de Dylan, ils vont jamais te balancer. Sans compter que la police contrôlera jamais une fille en vélo, c'est hyper furtif... Allez ! J't'en prie ! J'ai vraiment besoin de toi sur ce coup-là. Tu peux faire un effort, pour une fois !

– Comme si j'en faisais pas déjà assez avec maman... Grommela Fanny, sourcils froncés. Je lèverai pas le petit doigt pour Dylan, il me fait pas peur, à moi.

– Mais c'est pas pour Dylan, c'est pour moi que je te demande. Si je me fatigue trop, je vais faire une fausse couche, et puis tu voudrais pas que mon bébé naisse en prison, quand même !

Les larmes qui brillaient dans les yeux gris de sa sœur eurent raison de la résistance de Fanny.

– Ouais, bon, d'accord ! T'as gagné ! Je vais le faire. Mais t'as pas intérêt à en parler à Dylan. Je veux surtout pas qu'il croie que je travaille pour lui.

– Je serai muette comme une tombe, lui affirma Cindy. Mais tu pourrais faire un petit effort, il est beaucoup plus gentil que tu le penses !

– Excuse-moi, mais je ne vois pas comment je pourrais aimer quelqu'un qui frappe ma sœur et qui en plus se prend pour le nombril du monde !

– Mais il me frappe pas, je t'assure !

– OK, comme d'hab' t'es dans le déni. Allez, j'me barre, j'ai rendez-vous avec Noé.

– Ouh ouh, j'en connais une qui a hâte de mettre les mains dans le cambouis avec le beau Noééé !

Fanny se mit à rougir et cala une mèche rousse derrière son oreille en poussant un soupir excédé.

– N'importe quoi !

– Alors ? C'est qui qu'est dans le déni, maintenant ?

Ma vie en l'airWhere stories live. Discover now