Jane, killler

Jane, Killer

ant, elle y était devenue femme, ou plutôt un monstre dindifférence. Elle avait 25 ans. Elle était blonde et avait les yeux bleus. Elle navait pas le physique des autres détenues. Elle était grande, elle le voyait par rapport aux matonnes et à ses collègues.

Elle avait fait 3 ans dans une prison pour mineur, 7 ans à Fresnes et avait eu 10 ans de réduction de peine, en faisant des études en loccurrence de psychologie. Elle était libérée ce 11 juin.

Depuis quelle était emprisonnée à Fresnes, elle était suivie par le service médico-psychologique régional (SMPR). La gentille petite fille sétait vite enfermée dans sa bulle, insensible aux autres, devenant un monstre de froideur et de fureur. Le SMPR était situé dans un bâtiment accolé à la maison d'arrêt pour hommes. Il assurait les soins des personnes relevant de la psychiatrie. Elle y était suivie par un psychiatre très sensible à sa beauté. Il ne cessait de la plaisanter sur son physique. Sur une base volontaire, le service dispensait aussi des soins spécifiques aux auteurs d'infractions sexuelles. Le SMPR disposait également de services spécialisés dans le traitement des toxicomanies et dans l'hospitalisation des personnes présentant des troubles psychiatriques graves. Elle y était connue en tant que schizophrène.

Elle était arrivée à la prison de Fresnes à lâge de 18 ans et après quelques mois, avait commencé les combats. Elle ne voulait pas mais avait subi une telle pression de la part de ses codétenues quelle avait fini par accepter. Elles lavaient choisi en raison de sa haute taille, elle était plutôt grande avec ses presque mètre 80. Cétait des combats dune rare violence qui se terminaient par la mort de ladversaire ou sa blessure grave. Cela faisait 10 ans quelle navait pas perdu. Au début, elle navait que la rage après, sa technique sétait améliorée. Chaque détenue lui avait appris une prise de self défense pour gagner. Elle était une espèce de synthèse de toutes. Ceci augmentait encore sa popularité de championne de Fresnes.

Par exemple, le samedi précédent sa libération, elle combattait une nouvelle détenue à Fresnes, qui avait voulu simposer tout de suite. Les organisatrices avaient vite vu quil y avait de largent à se faire. Elles étaient les vraies gagnantes. Toutes les nouvelles détenues étaient sollicitées et faisaient ce quelles voulaient. On ne pouvait pas forcer quelquun à se battre mais on pouvait le convaincre.

Elles étaient allées voir les gardiennes quelles connaissaient et sétaient assurées quelles travaillaient ce soir-là. Après cétait une question dargent. Il fallait mettre la somme suffisante pour leur faire accepter le combat.

Après, il fallait aussi convaincre la championne de Fresnes. Là, encore, une question dargent, comme à lextérieur les bourses pour les combattants. Finalement, elle avait accepté, pour le fric. Elle nen était pas joyeuse mais elle ferait le job.

Le samedi soir était souvent le jour des combats. Jane était restée jusquau dernier moment à se concentrer dans sa cellule que sa codétenue avait quitté pour sinstaller dans le public. Il ny avait pas un vrai ring mais une surface dégagée, entourée par des cordes. Elles ne pouvaient pas sappuyer dessus, comme on le voit chez les professionnels, elles auraient fait tomber les 4 sceaux dans lesquels on avait planté un manche à balai qui servaient à tenir et orienter les cordes. Il ny avait pas de plancher.

Les organisatrices étaient venues la chercher dans sa cellule. Jane entendait la foule crier soit son nom soit celui de ladversaire. Toute la prison était là. Elle chanta en silence, « borne in the USA », pour ne plus entendre les gens, pour se donner du courage, elle qui était née en Normandie. Chanter la calmait. Les détenues navaient pas tous les soir la possibilité de voir un spectacle vivant, mêlant le tragique et la joie. Il y avait une perdante et une gagnante.

Le combat fut rude mais facile. La nouvelle avait la rage mais navait aucune technique, comme cétait souvent le cas pour ces jeunes filles en recherches de reconnaissance et de respect.