『crépusculaires attentions』

120 10 1
                                    




•••••••••••••••••••

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.



•••••••••••••••••••

Les rayons de soleil me lèchent la peau.

Transperçant la baie vitrée, déviant de toute part, offrant un ballet lumineux sur mes paupières.

J'y trouve un certain réconfort, une certaine chaleur.

La couverture onctueuse a laissé place au draps fins de coton, comme le printemps a laissé place à l'été.

L'odeur de la saison emplit la chambre exiguë mais baignée d'une éternelle lumière extérieure.

On dirait un doux cocon.

Mais il entre.

Le cocon devient prison.

Une cellule infime, intime.

Les doux parfums sont remplacés par celui du tabac.

Un parfum incendier.

La cigarette entre ses lèvres se consument lentement.

Comme les sentiments que j'eus éprouvés autrefois.

Mais je ne me souviens plus de leur nom.

Ni de leur sensation.

J'ai le coeur qui bat.

Mais pas d'une mélodie espiègle et effrénée des premiers émois.

Non.

C'est une symphonie lisse et inquiétante.

Celle que notre âme se met à jouer quand le corps se recouvre de hérissements, les sens sont en alertes et le ventre se tord sous chacune des notes jouées.

C'est la peur je crois.

Oui.

C'est ça.

Peur.

Je la connais bien.

Comme une vieille amie qui s'incrusterait sans invitation chez vous.

Elle ne toque pas à la porte.

Elle ne prend même pas la peine de sonner.

Non, elle rentre.

Puis elle ne veut plus sortir.

Alors vous la laissez s'installer parce que de toutes façons, vous n'avez plus la force de vous battre pour qu'elle s'en aille. Sa robe frémissante vous caressent amoureusement l'échine, elle vous enlace et ses longs ongles vous arrache vos viscères. Une par une.

La peur n'est plus mon amie de longue date à présent.

Je pense qu'elle en a eu marre de moi.

Elle me rendait tellement visite, qu'elle se fait rare maintenant.

Chaque soir quand j'entendais le parquet en chêne crier sous ses pas, elle s'invitait.

À chaque hurlement des marches qu'il grimpait, elle s'invitait.

À chaque fois que la poignet ornée de gravures s'abaissaient, elle s'invitait.

Et lorsqu'enfin, il se tenait devant moi, elle s'invitait, elle et ses copines.
Angoisse, Crainte et parfois même, Terreur.
Puis elles s'en allaient toutes et me laissaient effondrée dans les bras étouffant de Douleur.

***

Ses yeux me scrutent.

Je ne sais pas pourquoi, mais il s'adonne souvent à cette tâche.

Il me sonde.

Me lit.

M'analyse.

Il doit chercher un moyen de me détruire.

Une faille entrouverte, infime soit-elle.

Une plaie qui n'a pas eu le temps de cicatriser.

Une brèche d'où s'échappe une clarté qu'il se dépêchera d'obscurcir. Il mange goulûment chaque parcelle de lumière qui pourrait émaner, refaire surface.

Parce qu'il aime ça.

M'anéantir.

Moi je n'aime pas.

Mais peu lui importe.

Je suis toujours là devant lui.

Il est toujours là devant moi.

Le bruit du silence l'apaise.

Il me l'a dit un jour.

Moi aussi j'aime bien.

Ça doit être nôtre seul point commun.

Je ne l'aime pas lui par contre.

Je ne l'aime plus.

Il m'a tué en me laissant en vie.

Alors mon âme ne rit plus.

Elle ne voit plus les couleurs.

Tel un film en noir et blanc.

Je suis ma propre spectatrice, visionnant le film monotone de mon existence.

Je suis un individu dépouillé de toute personnalité dont j'eus autrefois été pourvue.

Assise au bord du gouffre, j'observe depuis la fenêtre, une liberté à laquelle j'aspire. (Il sait que je ne sauterai pas.)

Le ciel ressemble à un géant brasier.

Les nuages semblent prendre feu.

Le Soleil tombe de sommeil, laissant la Lune veiller sur notre monde.

Puis bientôt les étoiles chanteront pour apaiser les maux. Mes maux.

C'est si beau...

Et dangereux.

Car c'est sous ce tableau enflammé que je subis tes crépusculaires attentions.

Tu écrases ta Malboro à côté de ma cuisse et poses ensuite la pulpe de ton pouce sur mes lèvres que tu aimes souvent qualifier de pécheresses.

Je te réponds à chaque fois qu'avant toi, chaque dimanche j'allais à la messe.

Ta voix résonne dans chaque parcelle de mon être dont je n'ai plus la maîtrise.

Rauque, tentatrice, enjôleuse.

Elle me tord les entrailles d'une douleur assourdissante.

Fait vibrer mes organes d'une force retentissante.

Puis tu me dis :
« Il est l'heure. »




Toc





Toc





Toc








Tient,





Elle a toqué cette fois.







•••••••••••••••••••

𝐋𝐚 𝐬𝐚𝐯𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐮 𝐦𝐚𝐥 Where stories live. Discover now