₂ Ɩօѵҽ թօեíօղ

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⸻ empty seat

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Il se sentait écrasé.

Comment ne pas dans un métro, le matin, à l'heure où les employés partent travailler la boule au ventre ?
Il n'y avait pas que ça. Pas que l'odeur écoeurante de transpiration qui émanait de plusieurs passagers. Pas que le fait d'être sous terre dans un tube, une boîte, dans laquelle il se sentait comme un oiseau en cage.
Il n'y avait pas que ça. Il y avait aussi ce qu'on ne pouvait voir ou sentir, mais que l'on pouvait ressentir ;
Toute la haine qui infectait la cage autant que la puanteur.

Le châtin ne se sentait pas supérieur à eux, simplement différent. En lui, aucun sentiment de haine ou de colère ne le dévorait.

Il se sentait écrasé par sa légèreté intérieure.

Assis sur un siège peu confortable il maintenait son regard fixe dans le vide. Ne croiser le regard de personne, n'observer personne, ne parler à personne. Rester le regard fixe dans le vide. Planter ses écouteurs dans ses oreilles et monter le volume si fort qu'on s'en éclate les tympans. N'écouter personne, n'entendre personne, ne montrer de l'intérêt à personne.

Il fallait faire comme eux et ne pas se faire remarquer, un coup de poing dans l'arcade était vite parti et il n'avait pas envie de se recoudre lui-même une fois de plus.

Malgré la musique le rendant sourd, il devinait dans sa vision périphérique un homme et une femme en train de se disputer. Il osa un coup d'oeil discret. Ils semblaient se battre pour la place à trois sièges du sien.

Innocemment il se releva et se dirigea vers le bout de la trame, il serra la sangle de sa main gauche et se saisit de son téléphone de l'autre.

L'homme grommela et vint prendre sa place. Pas de coups ? Il devait être chanceux aujourd'hui.

Ses yeux remarquèrent une sorte de sticker sur les portes de la trame. "Do not fall in love" y était inscrit, accompagné d'un coeur barré. L'autocollant semblait vieux et abîmé par des griffures. On devait avoir essayé de l'enlever.

Il sourit tristement, dos aux passagers.
Ça ne risquait pas, pensa-t-il. Tomber amoureux était devenu un mythe, une quête, un Grâal moderne. On leur vendait du rêve, littéralement, pour espérer. Toutes les conneries qu'il leur refilait, des filtres d'amour et autres sottises, n'étaient faites que d'eau, de sucre, de colorant, et de mensonges. Il se sentait coupable parfois, mais après tout, on ne sait jamais.

Le grand châtin mit la main dans sa poche et commença à triturer le flacon.

On ne sait jamais.

Le métro arriva à son arrêt et il descendit, bousculé de part et d'autre sans aucune gêne. Il se contenta de se faufiler rapidement.

𝐯𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐢𝐧𝐞'𝐬 𝐝𝐞𝐚𝐝 𝐝𝐚𝐲 ও 𝑐ℎ𝑒𝑛𝑗𝑖Where stories live. Discover now