Chapitre 3

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CHAPITRE 3

« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. »

Victor Hugo

Ethel me raccompagna ensuite jusqu'au palais. Le trajet fut silencieux, hormis le brouhaha constant du marché, qui diminuait au fur et à mesure que l'on s'en éloignait. Depuis qu'Erwan m'avait donné la dague, je ne l'avais pas lâchée. Elle était dans ma poche, accrochée à ma main. Mon pouce caressait machinalement les écritures inscrites sur le manche.

— Quand comptes-tu rendre visite à ta mère ? me demanda-t-il enfin.

Cette question me taraudait l'esprit depuis longtemps. Suite au décès de Thosel et à mon isolement, je n'avais pas eu la force d'aller la voir. Ce n'était pas elle, le problème... Mais c'était bien où elle habitait. Disons que depuis l'agression, je n'avais pas encore eu la force de retourner sur les terres des Tremblants...

Mais ma mère avait besoin de moi pour survivre, au moins pour lui rapporter de quoi manger. Alors, Ethel s'était proposé pour lui rendre visite à ma place, juste le temps que je me remette d'aplombs. Je savais bien que c'était plutôt dangereux d'entrer en terres ennemies en ce moment et de voler du gibier de nos réserves pour nourrir quelqu'un d'extérieur au palais. Je ne voulais pas demander à Ethel de courir ce risque encore très longtemps, mais d'un autre côté... Je ne me sentais pas encore capable de retourner sur les lieux de l'agression.

— Pas tout de suite, fis-je. Est-ce que tu peux t'en charger encore un peu ?

— Bien sûr. Mais sache qu'elle a hâte de te revoir. Elle n'aime pas de se sentir si loin de toi en cette période...

J'acquiesçai en promettant de la voir cette semaine, puis il me fit un dernier câlin avant de me laisser regagner ma chambre, où je passai ensuite plusieurs heures à pleurer.

*

Plus le soleil se mouvait dans le ciel et me rapprochai du moment de ma mission, moins je me sentais bien. Une boule d'angoisse grandissait dans mon estomac. Je savais très bien que tôt ou tard, je devais retourner au travail. Mais je ne pensais pas que cela se produirait aussi tôt !

C'était le prix à payer pour vivre au palais. Alors, malgré mon envie de retourner fondre en larmes dans mes draps, je me levai de mon lit pour me placer devant mon placard. Lorsque je l'ouvris, une odeur de renfermé m'assaillit.

Depuis combien de temps n'avais-je pas porté mes vêtements de travail ? En tout cas, assez pour que des araignées y fassent leurs nids. Je cassais plusieurs toiles avec ma main avant de prendre mes affaires. Je troquai ma tenue larges pour des habits ajustés. Enfin, ils l'étaient le mois dernier. Désormais, ils flottaient un peu. A vue d'œil, je devais avoir perdu cinq bons kilos...

A ma taille, j'accrochai ma ceinture et y glissai ma nouvelle dague. Et enfin, j'ajustai mon arc dans mon dos. Puis je soufflai un bon coup pour chasser l'anxiété qui montait, et me dirigeai vers la portes du palais. Fence m'y attendait déjà avec un petit groupes de guerriers. Au moins, nous ne partions pas seuls.

Nous nous dirigeâmes ensuite vers les écuries. Le trajet se déroula dans le silence. Seul le cliquetis de nos armes et le bruit de nos pas dans la neige résonnaient dans la cour. Les palefreniers nous accueillirent les joues rougies par le froid. Même si la grange était fermée et tenue au chaud, le souffle glacé de l'hiver arrivait à pénétrer à l'intérieur. Cinq montures étaient prêtes et martelaient le sol, impatients d'aller se dégourdir les jambes. Parmi elles se trouvaient Swann, une grande jument palomino, souvent montée par Thosel. Elle était d'une gentillesse sans fin et était dotée d'un courage à tout épreuve. Je jetai mon dévolu sur elle et m'aida d'un marche pied pour monter sur son dos.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 10, 2022 ⏰

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