Chapitre deux

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Le froid de l'hiver dévorait la vitre à sa gauche, recouvrant le verre transparent de givre blanc. Ses yeux noisettes ne fixaient rien, ni cette dernière feuille résistante tombant finalement de son arbre nu, portée par le vent, ni les jointures de la fenêtre ou encore le froid emportant dans son antre, les derniers rayons de Soleil. Son regard paraissait vide, même le plus bruyant des fracas n'aurait pu animer un semblant de vie dans ses yeux ternes. Vêtu de sa chemise d'uniforme lila pâle et de son chandail crème, Oikawa avait orienté son visage tuméfié vers la fenêtre de la salle de classe où il se trouvait. Il était pâle et ne semblait ni entendre ni percevoir le monde extérieur. Son visage angélique et son expression séductrice avaient été remplacés par un bleu sur sa pommette gauche et une profonde mélancolie. Sa main était crispée sur le tissu de son pantalon marron à carreaux, mordant sa lèvre inférieure afin de retenir ses larmes. Il souffrait, son corps souffrait mais c'était sa fierté de volleyeur qui avait été heurté ce soir-là. 

– Excuse-moi, fit la voix d'une terminale par-dessus le brouhaha au sein de la classe durant la pause, il y a quelqu'un pour toi Oikawa-kun. 

– Hmm ? Je n'ai pas envie de… murmura l'adolescent sans quitter des yeux sa fenêtre

– Lève-toi Trashykawa ! Ne m'oblige pas à te tirer de cette chaise moi-même ! S'écria Iwaizumi à la porte de la classe de son meilleur ami. Amène toi ! 

– Iwaizumi-kun… tu pourrais lui laisser un peu de temps… il a des béquilles quand-même… intervint la terminale, avant qu'elle ne soit intimidée par le regard assassin du brun

– Ah ?! Bakawa ! Rugit Hajime en entrant dans la classe, se fichant bien des regards braqués sur lui. Lève-toi ! 

– Laisse-moi Iwa-chan… je n'ai pas envie de bouger… Tu n'as pas remarqué ? J'ai une attelle… 

– J'étais là, Oikawa, quand c'est arrivé, commença Hajime, plus calme. Je te connais, tu vas commencer à te morfondre, alors viens avec moi. 

– Iwa-chan… 

– On va parler ailleurs, alors lève toi. Je vais t'aider. 

– Mmh… 

Le champion de Seijo ramassa les béquilles de son ami posées contre sa table puis les tendit au châtain. Tōru suivit ensuite Iwaizumi à travers la classe, avançant mollement avec ses appuis factices. L'attelle qu'il portait entourait son genou blessé par le scooter qui l'avait renversé. Une mauvaise chute, et c'était fini. Son genou n'était pas cassé, mais une autre chute comme celle-ci ou trop d'efforts pouvaient anéantir ses rêves de grand sportif. Il était déboussolé, et Iwaizumi le savait. 

Ce soir-là, ils s'étaient entraînés une nouvelle fois jusqu'à très tard dans la soirée et comme à leur habitude, Iwaizumi avait fait un bout de chemin avec Oikawa jusqu'à l'intersection où ils se retrouvaient toujours. Cependant, après s'être séparés, un bruit sourd et un cri l'avaient forcé à se retourner vers la source de tout ceci. Tōru était au sol, le visage crispé par la douleur, ses mains sur sa jambe. Plus loin, deux hommes sur un scooter, alcoolisés. Ils n'avaient pas vu l'adolescent, et avec la vitesse de l'engin, la violence du choc avait manqué de briser la rotule du volleyeur. Hajime s'était empressé de rejoindre son meilleur ami, le téléphone contre son oreille, une ambulance à l'autre bout du fil. 

Depuis, le futur capitaine de l'équipe de volley-ball avait changé, il ne riait plus et ne draguait plus les filles qui venaient vers lui. Sa passion pour le volley était plus importante et elle avait été impactée par cet accident. 

Les deux adolescents s'assirent sur un des bancs de la cour d'Aoba Johsai, Oikawa était silencieux. Iwaizumi regardait son expression figée du coin de l'œil et ce bleu sur son visage. Même avec cet hématome, il restait ridiculement beau. 

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