Les Chroniques de Teyvat

Le Vieux Mondstadt - 4

Un rire cristallin retentit alors, et une forme vaporeuse se manifesta lentement à la place des bulles blanches. Celles-ci disparurent peu à peu, laissant apparaître un jeune garçon aux cheveux attachés par deux tresses, vêtu d'une tenue rappelant celle des bardes itinérants et tenant une lyre à la main... 

Livon blanchit net en dévisageant la personne qui lui faisait face, tandis que les souvenirs du récit de la bataille contre Décabarian revenaient dans son esprit.

« - T-Tu es... C'est toi, le barde qui... », tenta-t-il, avant de laisser sa phrase en suspens, incapable d'aller jusqu'au bout.

Le fantôme sembla sourire, puis se détourna en balayant du regard le paysage qui entourait la tour, avant de répondre :

« - Tu connais l'histoire du Vieux Mondstadt? ». Il avait prononcé ces mots d'une voix douce, sans une once d'animosité. Livon acquiesça sans prononcer un mot en sentant sa gorge se nouer. Savoir qu'il avait devant lui le fantôme du barde inconnu mort durant la révolte face au « Tyran », lui retournait l'estomac et lui embrouillait l'esprit.

Le barde lui adressa un sourire tout en se retournant vers lui.

« - Quel est ton nom? »

« - L-Livon... je m'appelle Livon! Et toi? Qu'est-ce que... Pourquoi es-tu ici? » Les questions se bousculaient d'un coup dans la tête du jeune homme, tandis que son cœur se mettait à battre plus vite. L'inconnu qui lui faisait face se mit à rire doucement tout en s'approchant, ne s'arrêtant que lorsqu'il se trouva juste devant Livon.

« - Je pense que tu sais déjà ce qui m'est arrivé, étant donné que tu connais l'histoire de cet endroit... Mais pour ce qui est du reste, à vrai dire... je ne sais pas. ». Le barde prononça ces mots tout en se tournant pour observer l'horizon, sa lyre entre les mains.

« - Je me suis réveillé ici, seul, et tout avait disparu. Les flammes, les débris qui partaient en fumée, le sang, les corps qui gisaient sur le sol... Comme si des années s'étaient écoulées entre la bataille et mon réveil. » A ses mots, Livon sentit son coeur se serrer douloureusement, une boule de tristesse se formant dans sa gorge en imaginant ce qu'avait dû ressentir le barde en voyant que tout ce qu'il avait vécu avait disparu.

« - Je... je suis désolé pour ce qui t'es arrivé. Si tu veux que je parte d'ici... », commença-t-il, juste avant de se faire interrompre.

« - Non, tu peux rester! Un peu de compagnie ne me fera pas de mal, cela fait des années que je n'ai pas vu une seule personne... », avoua le fantôme en regardant le jeune homme dans les yeux, finissant par ajouter : « Reste, Livon... s'il te plaît. » sans le quitter du regard.

Livon hésita quelques secondes, pesant le pour et le contre... et finit par esquisser un sourire en hochant la tête, tout en s'exclamant :

« - Très bien. Mais à une condition! »

« - Laquelle? »

« - Parle-moi de toi, barde inconnu. Je veux en apprendre plus sur le héros qui a libéré les Mondstadtois des griffes de Décabarian. »

Commença ainsi une longue discussion entre le fantôme et le garçon. Ils échangèrent sur leurs histoires respectives, mêlant ainsi passé et présent au cours de leur discussion, et se racontèrent même des anecdotes sur les deux Mondstadt que chacun connaissait. Ainsi, Livon confia à son nouvel ami les légendes entourant le Territoire des Loups. On disait qu'une meute de loups guidée par un être surnommé l'Enfant-Loup vivait au cœur de celui-ci, sous la protection de l'esprit de Borée.

« - L'esprit de Borée? Il était l'ennemi juré du Tyran... comment se douter qu'il garderait plus tard une partie des terres du vent sous sa protection! », s'était exclamé le barde avec un sourire amusé sur les lèvres.

Ignorant la fatigue qui s'emparait petit à petit de son esprit, désireux d'échanger un maximum avec son ami, Livon avait continué à discuter avec le barde toute la nuit. Au petit matin, tandis que la rosée tombait autour des deux garçons installés au sommet du toit, le ciel s'était dégagé des quelques nuages restants. Le soleil s'était alors levé sous deux paires d'yeux fascinées, teintant les cieux de mille couleurs roses et dorées. « - Je suis désolé, mais je dois rentrer... », souffla Livon après un quart d'heure silencieux, passé à côté de son ami à observer le ciel.

« - Ne t'inquiète pas, je comprends! Ta famille doit s'inquiéter, et tu dois te reposer. », répondit le barde avec un sourire aux lèvres, ayant légèrement incliné sa tête en fermant les yeux. Livon lui sourit en retour avant d'ajouter : « Je reviendrais, c'est promis. », se rapprochant alors pour le prendre brièvement dans ses bras. Il se recula après l'avoir lâché, ramassant son sac qu'il passa sur ses épaules, et lui adressa un dernier sourire avant de commencer à descendre du toit.

Tandis qu'il reprenait le chemin de la passerelle, une dizaine de minutes plus tard, Livon sentit un courant d'air frais lui caresser le visage, et il lui sembla entendre un rire cristallin avant qu'une voix douce ne souffle à son oreille : « Je t'attendrais, Livon. Promis! ».