« Le voilà...ce moment inévitable, sans retour. »
Etage 2, chambre 103. Urgences, phase terminale.
Je m'y attendais...j'aurais du songer à me soigner.
Je savais que ce monstre me rongeait, je n'ai pas pris la peine de le stopper pour autant.
...
Me voici maintenant allongée sur un brancard, branchée de partout. Le moindre mouvement me fait souffrir, même respirer est un calvaire. Je vois sur ma droite une engin métallique, avec des poches contenant un liquide inconnu. Une sorte de masque est posé sur ma bouche et fait le tour de ma tête. Sur ma gauche, quelques machines sont posées, je suppose qu'une de ces dernières indique mes battements de cœur. Je ne vois que mes manies et pourtant, seuls les os règnent sous ma peau. Cette bête a dévoré le reste. La pièce est entièrement blanche, à l'exception des rideaux qui paraissent gris ou verts. Il doit faire nuit, car ils sont fermés.
Je suis seule, dans cette salle effrayante, seule face à mon avenir. Je ne m'inquiète pas pour ça, je les ai entendus dire que je n'en avais que pour quelques minutes grand maximum. Apparement, elle me dévore les poumons et le cerveau en ce moment même. Je n'ai envie de fermer mes yeux et pourtant, je ne sais à quoi penser en ces derniers instants, cette phase est sans retour.
Soudain, j'entends quelqu'un entrer. Est-ce vrai ? Ou seulement le fruit de mon imagination ?
Elle se penche vers moi et dit:
- Mademoiselle ? Je suis Dr Fretzki, chargée de partager vos derniers instants à vos côtés. Voulez vous un appel vidéo avec un proche ?
Et, une larme coula le long de ma joue. Je n'avais personne à appeler. Alors, ne pouvant parler, je me contente de basculer difficilement ma tête à droite, puis à gauche. Il ne suffisait que de ça pour qu'elle comprenne.
Je peux vous demander quelque chose mademoiselle ? Je hoche la tête. Pensez à votre vie. Y'a t-il des choses que vous regrettez ?
Je ne sais quelle sorcellerie elle a utilisé, mais je sais une chose. Mon esprit commença un historique de ma vie jusqu'à aujourd'hui.
J'étais née dans une famille plutôt aisée, j'ai eu une très belle enfance. Un jour, mes parents avaient décidé de m'annoncer qu'ils m'avaient adopté et que ma vraie famille était décédée. Ignorante que j'étais, j'avais décidé de fuir pour les retrouver, et prendre un train jusqu'à Calais. J'avais 13 ans, aucun travail et 3040 €. Je pouvais m'en sortir. Alors pendant trois ans je vivais comme je pouvais, volant de l'argent quelques fois. Lorsque j'étais en âge, sans diplôme et sans savoir, je postulai comme bibliothécaire adjointe. C'est à ce moment que je me suis cultivée. J'ai ensuite obtenu un concours, me permettant de grimper les échelons. J'étais apparement une très jolie fille, mais aucune joie et aucun but ne vivait en moi. J'étais très amoureuse d'un garçon, Ewan. J'aurais juré qu'il me haïssait. Puis, quand j'estimais avoir assez d'argent, je décidai de tout arrêter. Je ne bougeait plus, juste télé, jacuzzi, balades au parc. Je m'étais fait des amis, mais je me suis éloignée d'eux, trop hautaine a ce moment. Un jour, on m'a volé tout ce que j'avais sur mon compte, apparement la banque avait fait faillite. Alors je dus déménager, impossible de trouver du travail, 29 ans passés. Jamais je n'ai eu de nouvelles de ma famille. Je vivais piteusement. Un jour, lors de ma première balade après trois mois de tapissage chez moi, je croisai Ewan, un enfant dans les bras et une belle femme à côté. Leurs habits étaient luxueux. C'est à ce moment que j'ai appris qu'il m'aimait a l'époque, qu'il comptait me le dire, sans jamais oser. Maintenant que j'avais pris 20 kilos et des cheveux gras, il ne voulait sûrement pas de moi. Un jour, je fis un malaise en pleine rue. C'est à ce moment que j'appris être atteinte d'une grave maladie, il y a quelques mois. Je n'osais plus rien faire, n'avais pas les moyens de me soigner. Les mois ont passés, et me voila aujourd'hui.
En y réfléchissant, je regrette énormément de choses. Ma fuite, ne pas avoir déclaré ma flamme, avoir arrêté le travail, ne pas avoir voyagé, profité. J'aurais aimé tout reprendre a zero, comme si j'enlevais les chaînes à mes poignets.
Soudainement une énorme douleur me fis revenir à la réalité. Approximativement 2 secondes plus tard, la docteure était en train de m'embrasser. Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie épanouie, aimée. Je sais qu'elle avait fait ça pour me rappeler les bons moments de ma vie. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie de guérir, de recommencer, de vivre.
Seulement, j'entendais des « bips », signe que mon cœur s'arrêtait. La dernière chose que je vis, ce fut la larme sur la joue de cette femme. Je voulus lui enlever, lui dire que tout allait bien se passer. Son regard était le plus sincère que j'ai eu vu.
Là, je ne voyais plus rien. Seul un vide m'entourait. Mes sens s'étaient arrêtés. Enfin la bête m'avait dévoré.
Et contre toute attente, mon tout dernier ressenti, je ne me sentais même pas libérée.
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A p r è s M o n D e p a r t
Short StoryMe voila. Ce moment que j'attendais tant Enfin, mes problèmes allaient s'en aller...
