Chapitre 1 📕

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Je m'étais toujours demandé ce que ça ferait d'avoir quelqu'un qui me rattraperait à chaque fois que je tombais. Qui ne se prendrait pas les pieds dans tout ce qui bouge ou non, comme j'avais le don de le faire.

Tout ce que je savais pour le moment c'est que j'avais terriblement soif et vraiment froid, bien que je sois blottis contre le radiateur électrique installé à l'occasion de la fraîche saison.

Ma veste était posée sur le rebord de ma chaise mais je me résolvais à ne pas l'enfiler, je voulais toujours être plus fort que le froid, habituer mon corps pour ne plus le craindre ensuite. Ma théorie était bien évidemment foireuse à souhait mais c'était un peu un défi contre moi même.

Défi que je perdais apparemment à chaque fois, vu la personne douillette que j'étais, et la crève que j'allais ma taper d'ici quelques jours. Je n'avais vraiment pas envie d'être malade, alors j'enfilais la couche supplémentaire en soupirant de bonheur, sentant la chaleur de celle-ci m'envelopper.

La prochaine fois je tiendrai plus longtemps, parole de Jisung.

J'adorais cette bibliothèque et pour rien au monde je n'allais m'interdire d'y aller, même pas pour le froid et la neige qui couvrait d'un manteau épais le sol de la capitale. « Séoul sous la neige c'est vraiment magique », c'est beau oui mais il n'y avait rien de magique à bloquer la circulation, rendre les trottoirs glissants à mort et faire exploser la facture de chauffage.

Mes doigts attrapèrent le thermos qui se trouvait dans mon sac et j'en bus le contenu goulûment, avide de cette eau chaude qui fit presque danser mes organes déshydratés. Presque meilleur que d'étancher la soif de 3 heures du matin.

Non, quand même pas.

Je gloussais à cette comparaison et attrapais mon livre -le quatrième que je lisais depuis le début de l'après-midi- et continuais ma lecture tranquillement.

Il était en retard et je soupirais silencieusement. Il était de plus en plus en retard, chaque jour qui passait, chaque jour qui se rapetissait à l'approche de l'hiver, le rendait plus en retard.

M'enfin, il était tout de même 16 heures passées et je l'attendais encore.

Une vingtaine de minutes plus tard, ce que j'attendais avec tant d'impatience, arriva. Ce doux son provenant des cordes résonnantes sous un archet maîtrisé d'une poigne d'enfer, qui se laissait aller à de belles mélodies, parfois entraînantes, parfois mélancoliques.

Je fermais les yeux pour mieux profiter de ce concert gratuit, celui pour lequel j'avais laissé la fenêtre à ma gauche ouverte, au grand dam des autres utilisateurs de la bibliothèque.

« Kaiser-Walzer », la valse de l'empereur, de Johann Strauss II. Une belle, pour ne pas dire magnifique, pièce. Composée pour un ensemble de violons, jouée en ce moment même par un violon. Tout était parfait à mon sens.

Ça, le brun d'en face, il en avait, du goût. Et de l'interprétation. Et une culture musicale. Et du talent. Et une manière incroyable de pincer les cordes, d'effectuer ses vibratos. Ok, je m'arrête là.

Malheureusement pour lui, je connaissais presque tous les morceaux qu'il jouait, et heureusement pour moi, je les adorais à la folie. Cette pièce durait une douzaine de minutes, dont je me délectais de chaque seconde.

Ma tête se balançait en rythme et mes cheveux blonds suivaient le mouvement, je gardais souvent les yeux fermés lors de ces morceaux, et quand il s'entraînait simplement je préférais lire en même temps, avec sa musique en fond sonore. Mon pied tapait doucement la battue sur le sol.

Le morceau s'acheva et je risquais un coup d'œil sur ma gauche. Il était là, le violoniste, un brun de dos à la fenêtre, face à son pupitre et pas mal de partitions. Le souffle court, un frisson traversant tout mon corps, je me remis à lire paisiblement.

Cosmos [MINSUNG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant