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- Maman ? Céleste se surprenait à dire en regardant son frère, ne sachant par quel bout commencer.

Il passa ses deux mains sur le visage en se demandant si ils devaient ou non le faire, si pour éviter les longs discours il devait lui lâcher la bombe:

- Papa baise des gosses.

Céleste lui fit les gros yeux en manquant de s'étouffer, et sa mère fronçait les sourcils en pensant à une bonne blague de son fils.

- Qu'est-ce que tu m'racontes ? Elle ria nerveusement.

Il fit un signe de tête à sa sœur pour lui indiquer d'aller allumer la télé, et Céleste remua sa tête de gauche à droite en l'interdisant de lui faire un schéma visuel de l'enfer à son tour.

Alors, de son plein gré, il se leva pour allumer le téléviseur comme si il ne craignait plus la vidéo qu'il avait vu cent fois.

- Bon visionnage, il annonça en retournant s'asseoir sur le lit tandis que sa sœur avait la tête dans ses genoux pour s'empêcher de regarder. Sa mère était d'autant plus perplexe sur la situation.

Erica souriait en voyant la petite fille assise sur le lit dans la vidéo, et répondit avec innocence:

- Oh, mais c'est Marie, la fille d'un collègue de votre père !

Son sourire s'éclipsa rapidement par la rapidité des faits, une fois le pantalon du smoking qu'elle reconnaissait par milliers fut baissé. C'était elle qui lui commandait tous ses costumes, elle connaissait la taille de l'envergure de ses cuisses par coeur, elle connaissait la coupe tombante qu'il préférait par coeur, et elle ne sut dire quoi que ce soit plus les secondes sur l'horloge passaient. Elle refusait d'y croire. Elle refusait d'y voir.

Elle voyait son mari avec qui elle avait passé vingt ans de sa vie retirer les vêtements d'une enfant en détresse qui ne savait ce qu'il se passait, devant ses yeux, quelque chose qui s'était produit il y a déjà une dizaine d'années car Marie avait l'âge de Céleste, et qui, devant ses yeux, elle avait laissé passer.

Ça aurait pu être ses enfants. Et il n'y avait rien de pire que de savoir son propre domicile dangereux pour ceux qui partageaient son sang.

- Y'en a encore une bonne vingtaine dans le carton d'à côté que tu vois là, il lui pointait la boîte sur le sol, puis des documents confidentiels où il paie des centaines de milliers d'euros le silence des parents qui le laissent violer leurs gosses sur le compte de sa société.

C'était d'autant plus humiliant. Elle travaillait pour lui, elle avait vu un milliard de fois passer des documents confidentiels sur son bureau, un milliard de documents sur le budget de l'entreprise, et tout ça, sous ses yeux.

- Où t'as trouvé tout ça ? Elle gardait sa figure glaciale comme à son habitude qui ne laissait échapper une seule faiblesse.

- Dans son bureau. C'était sous nos yeux, répondit Céleste pour la première fois.

- Valises, elle pointait son armoire où une valise dépassait, tu prends le carton avec toi. Erica se relevait du lit en passant sa main sur les plis de sa robe comme si rien ne venait de se produire, et pas un mot.

- On va où ?

- À l'hôtel, elle répondit comme si c'était une évidence.

Une fois qu'elle s'éclipsa de la chambre, un bruit sourd de verre qui s'éclatait sur le sol résonnait de l'autre côté de la porte. Céleste savait pertinemment de quoi il s'agissait. Elle avait toujours rêvé de le briser, le classement de Challenge, où son patronyme était situé au milieu de noms particulièrement notables.

nova (nekfeu)Where stories live. Discover now