La Tsaritsa

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Fan art by Leslie Vernon 

Il faisait nuit noir lorsqu'il quitta les filles. La température était encore plus froide que ce matin, mais le vent n'était pas encore très présent. Dans un silence de mort, il s'éloigna de la cabane en bois.

Dans son sac messager en cuir, les rapports qu'on lui avait demandé, soigneusement protégés dans des étuis eux aussi en cuir, certains datant de plusieurs semaines déjà. La Tsaritsa n'allait pas forcément apprécier ce retard, mais peu lui importait, les navettes pour la région étaient rares et le Fatui avait horreur de laisser des documents qu'il mettait des heures à rédiger à des transporteurs tierces.

Il marcha en direction de Morepesok, où une voiture l'attendait certainement depuis un moment. Partir en pleine nuit n'était certainement pas l'idée du siècle, mais ce n'était pas gênant : il connaissait les lieux comme sa poche, neige ou pas neige, de jour comme de nuit et ne craignait pas les éléments. Le jeune homme voulait surtout voir s'il pouvait apercevoir ces trafiquants d'enfants, quitte à être encore plus en retard. La Tsaritsa attendrait : ses frères passaient avant elle.

Ralliant enfin le village, il se rendit sur la place centrale, déserte. Toutes les lumières étaient éteintes. Même à la nuit tombé, les gens n'osaient plus sortir avec ces rumeurs de malédiction et de bête sauvage mangeuse d'enfant qu'il avait pu voir les affiches placardé sur les murs le matin même à divers endroits. Seuls le croissant de lune et les étoiles permettaient de voir un tant soit peu où l'on mettait les pieds.

La voiture était bien là, seule, avec deux cochets qui discutaient, coiffés d'un tricorne et d'une longue cape sombre, épaisse, et quatre chevaux protégés par une épaisse couverture.

« Bonsoir, Messire Tartaglia. » déclarèrent-t-ils à l'unisson en le voyant approcher, le saluant d'un signe de tête.

« Bonsoir. » répondit-il poliment sans plus de fioriture.

Le premier était descendu de son perchoir pour ouvrir la porte à l'exécuteur, avant de retourner à sa place. Puis, ils prirent la longue et sinueuse route du nord en direction du palace, sans autre bruit que les sabots des chevaux martelant le sol à un rythme régulier.

Le palais se trouvait à une soixantaine de kilomètres du village, autant dire que le voyage lui avait semblé durer une éternité, soit environ une dizaine d'heures à être bringuebaler au gré de l'étatdésastreux de la route.

C'est avec le dos en compote qu'il arriva enfin au Zapolyarny Palace, en milieu de matinée. Le soleil était présent, bien que légèrement voilé, et pas un seul flocon ne tombait. On pouvait même dire qu'il faisait plutôt doux, chose inhabituelle à Snezhnaya qui baignait habituellement dans la neige, le froid et le vent.

L'immense bâtisse était de couleur rouge tomette, qui contrastait parfaitement dans le paysage blanc, avec de très nombreuses décorations, qui ressortait d'autant plus avec la couche de quelques centimètres de neige, et des fenêtres et verrières aux tons d'opaline.On ne pouvait le nier : ce palais était magnifique. Plusieurs tourelles se distinguaient du reste, surplombés par le symbole de l'élément dominant : le Cryo, doré à l'or fin.

Voilà bien longtemps qu'il n'était pas venu là, il en avait oublié jusqu'aux rangées de Fatuis postés de part et d'autre de chacune des entrées.

A l'intérieur, plusieurs domestiques s'affairaient, tandis que le jeune Fatui se rendait d'un pas décidé dans la salle où la Tsaritsa trônait, enfermée dans cette cage dorée depuis bien longtemps. Elle refusait d'en sortir, se contentant de donner ses directives.

Cette salle se trouvait d'ailleurs au premier étage. Il fallait donc emprunter plusieurs corridors élégamment décoré et aux plafonds peints, des escaliers de marbre blanc et passer devant nombre d'usuriers et autres décorations.

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⏰ Last updated: Jul 09, 2021 ⏰

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