Chapitre 33 : Les émotions du marionnettiste

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L'homme ouvrit les yeux en entendant le son distinctif des pas qui approchaient, sans doute dans le couloir qui se trouvait derrière la porte métallique. Il avait commencé à somnoler il y a quelques heures, à force d'attendre sans que rien ne se passe. Dans un premier temps, il avait cru pouvoir écouter attentivement, pour en apprendre plus sur la situation, puis, il avait observé tout ce qui était autour de lui, cherchant une quelconque solution. Il n'y en avait aucune, il avait abandonné, fermant les yeux. La porte s'ouvrit brusquement, et l'homme eut un léger sursaut, surpris que l'autre soit arrivé si vite. Il le regarda un instant, pinçant les lèvres comme pour se retenir de lui parler, mais le nouveau venu ne semblait pas le moins de monde vouloir lui porter d'attention, il s'était tourné vers la table et rangeait ses outils. Enfin, c'est ce qu'il crut voir, il n'avait pas un bon angle de vue sur le meuble. Il ne pouvait qu'observer cette silhouette, pas très grande, fine et élancée, avec ses cheveux si remarquables dans l'ombre, d'un rouge écarlate, qui dissimulaient une partie de sa mâchoire, ainsi que son regard. La tension en lui s'accentua drastiquement, entre le silence du shinobi, l'inattention qu'il lui portait et le tintement métallique des objets qu'il manipulait, il n'en pouvait plus d'attendre ainsi, sans savoir, sans comprendre.
– Qu'est ce que tu comptes me faire ?!
Il avait parlé soudainement, criant presque, sans aucun contrôle ni de sa voix, ni de son anxiété. Le jeune homme aux cheveux couleur sang tourna enfin la tête vers lui. Lentement, il s'approcha, sans répondre, sachant que cela ne ferait que lui faire perdre les pédales un peu plus. Il s'accroupit enfin pour placer son visage en face du sien. Sasori sourit lentement, et encore une fois, son interlocuteur se sentit perturbé par ce rictus éclatant et terriblement inquiétant, avant de susurrer doucement.
– Tu sais, pour un Kazekage, tu manques cruellement de sang froid.
Le brun lui jeta un regard noir, et cela le fit rire. Il frissonna, ce rire était encore plus angoissant que son sourire. Pourtant, il était doux, cristallin, léger, frais. Dans un autre contexte, venant d'une autre personne, il aurait ressemblé à un son purement angélique et rassurant, agréable à écouter. Mais venant de Sasori, et sachant qu'il était à sa merci, assis au sol et sanglé contre un mur avec des fers coupant le chakra, il ne pouvait qu'être effrayé par ce ricanement plus qu'amusé.
– Je n'ai pas autant réagi quand j'étais torturé par tes ninjas, reprit le jeune homme avec sa voix ronronnante de satisfaction, et pour l'instant, je ne t'ai rien fait. C'est cocasse tu ne trouves pas ? Serais-je supérieur à l'un des cinq plus grands shinobis de ce monde ?
Le Kazekage plongea dans le regard ambré si intense de son tortionnaire. Ses moqueries l'agaçaient au point que sa colère ne surpasse son appréhension.
– Ne nous compare pas, je suis peut être kage, mais je reste un homme, toi, tu es un monstre, inhumain, sans émotions !
Les yeux de Sasori papillonnèrent un instant, faisant battre ses longs cils noirs, qui soulignaient d'autant plus son regard, comme s'il était maquillé d'un mascara au rendu particulièrement volumineux, en plus de l'impression de liner sombre longeant le bord de chaque oeil. Son sourire s'agrandit, et il murmura doucement, comme s'il faisait une confidence à son prisonnier.
– Oh, si tu savais à quel point tu as faux... J'en ai des émotions... Et elles sont si fortes, si intenses, que pour me protéger, je les contiens au fond de moi... Je ressens tellement de choses que je serais incapable de les contrôler si je les laissais surgir. J'ai besoin d'extérioriser, et le faire ici, sur vos petites nations, sur vos populations, cela m'évite d'avoir à le faire sur mon propre corps. J'ai besoin de cette souffrance, que ce soit sur vous ou sur moi, pour évacuer tout ce qui brûle au fond de mon âme... Je retire des massacres que je commets une satisfaction intense, j'aime simplement voir ce monde se détruire. C'est pour ça que je suis Pain alors que je me fous complètement de ses objectifs égocentriques.
Le brun le fixait maintenant avec épouvante. Il venait de comprendre que le profil de Sasori étudié dans ses rapports était bien loin de la réalité. Et qu'il était encore plus dangereux qu'il ne l'avait pensé. Un criminel avec un but peut être mis hors d'état de nuire si on arrive à empêcher ses plans. Mais le marionnettiste n'en avait pas, il n'était pourtant pas désorganisé, au contraire, mais il était l'incarnation du chaos qu'il voulait semer, inarrêtable. Le jeune homme aux cheveux rouges pencha légèrement la tête sur le côté, souriant toujours.
– Maintenant, murmura-t-il lentement, pour répondre à ta première question, à savoir ce que je compte te faire, je vais faire de toi une oeuvre d'art. La nouvelle pièce maîtresse de ma collection...
Le Kazekage n'était pas sûr de comprendre, mais son tortionnaire avait l'intention d'être plus précis puisqu'il reprit, de sa voix toujours aussi doucereuse.
– Ton jutsu aussi rare que puissant, cette technique qui t'a rendu si célèbre, et qui a conçu ta réputation de shinobi terrifiant, la limaille de fer, elle m'intéresse beaucoup. Mon art ne consiste pas seulement à fabriquer des pantins, je peux aussi reprendre les techniques des ninjas qui tombent entre mes mains.
Il saisit le visage de son prisonnier, le regard brillant d'enthousiasme et de démence.
– Je vais faire de toi ma nouvelle marionnette, et à travers ton corps charcuté, démonté et amélioré, le pouvoir du plus puissant shinobi du pays du vent sera mien...
Le Kazekage ne répondit rien, son coeur venait de rater un battement. Même quand Sasori s'éloigna de lui juste après avoir fini de parler, il resta silencieux. Que pouvait-il faire ? Supplier ? Cela serait inutile, et cela ferait bien trop plaisir au criminel. Il ne réagit que lorsque le marionnettiste revint vers lui, des outils tranchants dans les mains, écarquillant les yeux sans pouvoir contrôler sa peur. Encore une fois, le jeune homme sourit et pencha la tête, avant de parler d'une voix douce.
– Je pourrais te rassurer en te disant que tu ne sentiras rien, et que ce sera rapide. Mais ce serait faux.

Fanfiction Naruto - AkatsukiWhere stories live. Discover now