— Pourquoi es-tu venu ?

— Tu avais besoin de moi.

Mon monde avait basculé avec Colombe, mais après la ville aux criminels tout avait empiré. Aujourd'hui je me souvenais et cela ne m'apaisait pas. Bien au contraire. Pourtant, quelque chose avait bien changé. Pour la première fois depuis un an, depuis que Monsieur Z m'avait sorti de l'Enfer, quelque chose envahissait ma poitrine. Je ressentais quelque chose qui n'était ni un désir de détruire et de punir le mal ainsi que ses acteurs, ni même ce sentiment de vide récurent et malaisant, ou de colère enfouie. Ce que je ressentais brisa en moins ma retenue. Je pleurais.

— Je ne voulais pas être sauvée, Dembe. Pourquoi m'as-tu ramené ?

Il tendit sa main vers moi et je repoussais ce geste réconfortant. Je n'en voulais pas.

— Je souhaite seulement que ça s'arrête. Je veux que ça s'arrête.

— De quoi parles-tu ? Qu'est-ce qui doit s'arrêter ?

— Tout... Je veux que tout s'arrête...

La main contre la poitrine, ce qui était des pleurs devinrent des sanglots. Les petits bruits s'échappaient de ma gorge, s'exprimant par mes lèvres entrouvertes.

— La douleur... Les mensonges... Et la peur... J'ai peur, je veux que tout s'arrête !

Et sans crier gare, Dembe relâcha ma main pour m'emprisonner dans ses bras. Il maitrisa la crise alors que je perdais pied, livrant ce qui n'aurait jamais dû sortir de mes pensées. Les soubresauts de mon corps, mes tremblements presque convulsifs, je lâchais prise. M'agrippant au bras de Dembe de mes deux mains, mon visage se perdit contre lui.

— J'ai peur, Dembe. J'ai peur...

J'avais conscience que Dembe me prenait pour une sorte de sauveuse prophétique, d'héroïne envoyée par les cieux pour sauver l'humanité. Il n'en était rien. Outre mes capacités de psychiques un peu particulière, je restais une simple personne, une femme comme il en existait de nombreuses. Avec de nombreuses faiblesses.

— Qu'importe ce qu'il arrivera, je me tiendrai toujours à tes côtés. Tu ne seras jamais seule, Layla.

Il ne m'abandonnerait pas, ni ne me lâcherait. Tant que j'en avais besoin, il resterait ainsi à me serrer contre lui. Tant que je ne me sentirai pas capable de me tenir debout, il serait un support. Mais jamais il ne me laisserait couler.

Pourtant...

— Tu n'étais pas à mes côtés lorsque j'ai eu le plus besoin de toi.

Là-bas, prisonnière entre des murs, sans jamais voir la lumière du jour, à subir jour à après jour les assauts d'expériences toutes plus créatives dans leurs sadismes les unes que les autres. Dans ce laboratoire, dans cette prison, j'avais été seule.

Dembe s'écarta, posant un genou au sol pour soumettre sa tête face à moi.

— Je n'ai aucune excuse. J'ai failli à te protéger, je n'ai pas su te retrouver. Et encore aujourd'hui tu dois payer les conséquences de mon incompétence. Layla, ma vie est tienne. Détruis-la de tes mains si cela peut apaiser tes souffrances et ta colère.

— Je... Vas-tu seulement encore m'abandonner ?

— Jamais. Plus jamais. Pas tant que tu auras besoin de moi.

Dembe restait le même. Il obéissait mais ne révélait rien de ce qu'il désirait. Etais-je réellement le centre de toute son existence ? Etais-je un objet d'obsession ?


***


— Je suis une Immortelle.

Les Psychiques - Laisse-moi partirNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ