Chapitre 1 Depart pour New York

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Il est quatre heures du matin, le laboratoire de la rue de Caumartin, est en pleine effervescence. Je finis d'abaisser la pâte sucré dans les cercles en inox, pour les tartelettes. L'odeur de la viennoiserie sortant du four flotte dans l'air. Les échelles commencent à être chargées de plaques à gâteaux, prêtes à mettre en vitrine. Tout le monde travail autour de moi, pourtant mes yeux ne cessent de fixer la pendule sur le mur.
Mais qu'est-ce qu'elle fabrique?
Je suis debout depuis environ deux heures, je n'ai pas très bien dormi, sûrement dû au stress de ma semaine à venir. Pour couronner le tout, Margot me fait mariner dans mon jus en étant en retard.
-Un soucis? me demande gentiment Cédric dans mon dos.
Toujours trop protecteur à mon goût ce Cédric. Il y a certainement beaucoup de filles qui ne s'en plaindraient pas puisqu'il est très séduisant. Moi, il me laisse indifférente. J'ai tendance à fuir les bourreaux des cœurs. Bien qu'il ait tenté sa chance, les limites ont été posées au début de notre partenariat. Heureusement pour moi, depuis, il s'en est tenu.
-Non pour les tartelettes ça va. Les soucis, c'est Margot qui me les causes, répondis-je.
Il n'insiste pas et retourne au travail.
À mon grand soulagement, c'est elle qui fait son entrée. Nous sommes au beau milieu de la nuit. Comment fait-elle pour être toujours au top?
Son pantalon fuseau rouge, lui moule ses longues jambes parfaites.
Rouge?
Si je portais un pantalon rouge mes cuisses ne me le pardonneraient pas. D'ailleurs c'est pour cela que j'ai opté pour un pantalon noir censé m'affiner, qui pour l'heure est parsemé de farine. Le tablier que j'ai enfilé, au lieu de mon uniforme, n'a pas réussi à me protéger de cette invasion farineuse.
Ses cheveux brun tombent sur une veste en cuir, également rouge, dans un brushing lisse impeccable. Les miens n'étaient pas en harmonie avec moi ce matin, du coup je me suis fait une queue de cheval à la va-vite.
Notes pour moi-même, me faire couper cette tignasse indisciplinée, au retour.
Pour finir l'ensemble total rouge, un pull marin à rayure rouge et blanc se cache sous sa veste.
-Qui parle de moi à une heure si matinale? proclame t-elle joyeuse. Salut tout le monde.
Je secoue la tête légèrement, pendant que l'équipe au complet la salue à leur tour. J'ôte mon tablier, le suspends au crochet prévu à cet effet et me dirige vers Margot en remettant de l'ordre dans ma tenue avant de lui dire bonjour.
-Je plaide coupable, je parlais de toi. J'ai cru ne jamais te voir arriver, me défendais-je après notre accolade journalière.
-Tu joues la carte de la parisienne?
Désignant avec la main son look inhabituel.
-C'est pour ne pas laisser planer le doute à la douane, plaisante-t-elle. Et ne stresse pas comme ça, à peine une petite demi-heure de retard et te voilà en train d'alerter la police.
Je lève les yeux aux ciel. Voyant mon exaspération, elle continue sur sa lancée.
-Quoi que même de si bon matin, je ne dis pas non à un beau policier en uniforme!
Elle mime des éventails avec ses mains, comme si elle avait des bouffées de chaleur. Cette femme est à la fois un remède et un poison sur mes nerfs.
Je l'attrape par le bras et la pousse doucement vers la sortie.
-Allez viens, le taxi ne va pas nous attendre toute la journée et l'avion encore moins.
Je me tourne vers mon équipe pour leurs dire au revoir, j'embarque ma valise et mon sac au passage, nous voilà à bord de la voiture en route pour Roissy Charles de Gaulle.
Durant le trajet jusqu'à l'aéroport, la tête appuyée sur la vitre, je profite du soleil qui commence à percer à l'horizon. C'est un spectacle magnifique. J'y suis habituée puisque je travaille essentiellement la nuit, de l'aurore jusqu'au zénith. Je ne m'en lasse pourtant pas, j'adore le levé du soleil.
Son IPad en main, Margot vérifie le planning de notre longue journée. Pour caser tous nos rendez-vous dans un voyage d'à peine dix jours, le timing ne doit pas avoir d'impair.
Je la vois taper sur l'écran des notes supplémentaires, effacer certaines pour les remplacer par d'autres. Je replonge dans mes pensées en regardant la route défiler sous mes yeux.
Malgré le "léger" retard de Margot ce matin, je sais que concernant la gestions de notre entreprise ou autre, je peux lui faire confiance.
-Donc tu vois l'agent immobilier à 11h30 ce matin, me coupe t-elle dans mes divagations. Pendant que moi, je suis chez le designer pour le nouveau logo.
Nouveau logo superflu à mon sens puisque nous gardons le même nom, Victoire comme mon prénom. Mais Margot a insister et j'ai préféré lui concéder cette victoire (sans mauvais jeu de mots), elle a fait tant de sacrifice pour cette nouvelle pâtisserie, je lui devais bien ça.
-Ensuite, j'ai rendez-vous avec le banquier à 14h00 pendant que toi, tu continues tes visites de locaux.
J'acquiesce en silence tout en croisant les doigts pour que tout se passe comme prévu. J'aimerais que ces dix jours soient déjà passés. Qu'au lieu de filer droit sur Roissy, nous lui tournions le dos.
Un peu plus de vingt minutes de route plus tard, nous arrivons à l'aéroport. La circulation à cet heure était quasi déserte. Quoique si Margot aurait prolongé son retard de seulement dix minutes, nous aurions pas eu la même chance.
Trêve de bavardage, le compte à rebours est déclenché. Margot récupère nos valises dans le coffre tandis que je règle la course au chauffeur. Poignée de bagage en main, nous nous dirigeons vers la porte d'embarquement. S'ensuit le protocole de sécurité et l'attente dans l'aile duty free avant de s'assoir enfin sur nos sièges de première classe.
Une fois confortablement installées, les portes de l'avion verrouillées, l'hôtesse commence les consignes de sécurité. L'éternel "veuillez attacher votre ceinture" est répété en anglais ainsi que la démonstration est effectuée deux fois. La tablette, les masques à oxygène et éteindre les portables ou tout autres appareils électroniques sont la suite logique de cette énumération.
Je m'exécute de la dernière partie en consultant une dernière fois mon portable. J'ai reçu un texto de Cédric mon chef pâtissier qui m'informe et me rassure que rien n'est à signaler. La suite du message m'interpelle.
Éclate toi un peu durant ton séjour!
Je montre l'écran à Margot qui hausse les épaules.
-Que veux-tu, même le personnel s'inquiète pour toi.
Qu'entend t-elle par là?
-Pourquoi, qui d'autre s'inquiète pour moi?
Je n'avais pas conscience que j'étais une source de tracas pour mon entourage. Je vis la vie que j'ai choisi, je suis heureuse. Il n'y a pas lieu de s'en faire, si?
-Moi! Très chère je m'inquiète. Tu travailles trop, tu ne sors jamais. Tes seules relations sont moi, tes parents et les membres du personnel.
Margot prend un temps de réflexion pour ajouter la suite essayant de peser le pour et le contre. Doit-elle le dire ou pas?
Son conflit intérieur doit s'être mis d'accord puisqu'elle continue:
-À quand remonte ta dernière relation amoureuse?
Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle s'exclame:
-Tu as 28 ans! Tu n'es pas à l'âge de la retraite!
Piquée au vif, je tente de me justifier. J'ouvre la bouche puis la referme presque aussitôt. Margot a raison ma dernière relation amoureuse date de cinq ans. Depuis??... Depuis rien.
-Ben..., je murmure.
Je n'arrive pas à croire que cinq ans se soient déjà écoulés. Comment est-ce possible?
-Oui depuis Ben! Ce salaud t'a brisé le cœur mais ce n'est pas une raison pour vivre en ermite jusqu'à la fin de tes jours!
Margot me regarde fixement, tentant de me convaincre de mon mode de vie. Essaie t-elle de m'hypnotiser grâce à son regard émeraude ou seulement m'intimider en me faisant peur?
Je hoche la tête, qu'elle décide d'accepter comme un oui.
Le dodelinement me permet souvent d'échapper aux réponses qui ne sont pas encore approuver par mon cerveau ou bien sûr quand je suis sans voix. Ici c'est le premier choix. Le fait est, qu'il faut vraiment que je fasse des efforts pour être plus sociable.
L'avion se met en mouvement, roule sur le tarmac, se préparant au décollage. Une fois en position, le vrombissement des propulseurs jusqu'alors éteint, s'enclenche.
C'est parti.
L'adrénaline augmente au fur et à mesure que l'avion prend de la vitesse. L'effet n'est pas peut-être pas le même pour tout le monde, pour ma part cette sensation me rend euphorique. Lorsque vous êtes plaqué sur votre siège grâce à la puissance des réacteurs, je trouve cela renversant.
C'est cette émotion que je voudrais ressentir dans la relation amoureuse. Une sensation qui vous coupe le souffle. Qui fait palpiter votre cœur. Qui vous donne des papillons au niveau de l'estomac.
Je cherche un partenaire qui soit mon égal, avec lequel je pourrais être moi-même. Sérieuse 80% du temps et folle les 20 autres. J'aime à penser que je suis assez excentrique par moment avec un humour totalement décalé. J'aimerais qu'il m'accepte tel quel...
J'ai cru l'avoir trouvé un jour. Néanmoins j'ai la certitude que c'était une erreur. L'amour, le VRAI ce n'est pas ce que j'ai vécu. Ma relation avec Ben était une illusion. Une reflet dans un miroir qui efface les défauts pour les gens de l'extérieur. Si je devrais la comparer à quelque chose... Le stuc.
Certes c'est une comparaison peu commune. Pourtant c'est la matière qui me vient à l'esprit. En définitive, la couleur, l'aspect, même le toucher de cette matière fait illusion au marbre. Le côté froid également.
En apparence nous étions fait l'un pour l'autre. Jamais de dispute, des goûts identiques dans presque tout les domaines. La simplicité dans toute sa splendeur.
Mes amies m'enviaient d'avoir trouver la perle rare. J'aurais dû le voir, du moins comprendre. Les compromis, à sens unique, que je faisais aurait dû me mettre la puce à l'oreille.
JE rendais notre amour parfait. À mes yeux et ceux de notre entourage.
Par moment je repense aux preuves évidentes de sa supercherie. Évidentes, étant un piètre acteur, le côté flagrant de son mauvais jeu de rôle, me saute au visage lorsque j'ai le malheur de me les remémorer.
Je ne crois pas que Ben m'ait brisé la cœur comme l'affirme Margot, je pense plutôt qu'il a fracturé la confiance que j'avais vis à vis des hommes en général. Une blessure qui même remise se fait toujours ressentir.
"Qui aurait pu prévoir qu'un homme aussi gentil, aussi amoureux de toi, pouvait se révéler finalement une personne que tu ne connaissais pas du tout."
C'était la réflexion la plus récurante.
Quand la rupture a eu lieu j'étais anéantie. J'avais fondé tant d'espoir sur nous. Avec le temps, je me suis rendu compte que c'était plus une destruction de nos projets d'avenir, une vue d'ensemble sur le trajet que nous avions envisagé, qui m'a le plus contrariée, que la perte de Ben en elle-même.
Ce qui est amusant et qui me réconforte souvent si j'ai le blues, ce sont les clichés de lui qui apparaisse quelque fois sur Facebook, postés sur les murs d'amis communs. Il n'a jamais eu un physique d'Apollon par contre je ne pensais pas qu'il pouvait être pire.
Avec l'âge tout le monde prend de l'embonpoint, le sien s'est focalisé sur son ventre. Terminé les abdominaux en acier qui étaient sa fierté. Les cocktails mondains ont eu raison de son bidon.
À l'époque son physique basique me sécurisait. Le fait qu'il ne soit pas comme les beaux spécimens des magazines, qui changent de partenaires plus souvent qu'on ne change de chemise, me rassurait. Me battre avec une horde de groupie n'a jamais était mon truc.
Non, lui n'était pas un tombeur pourtant à mes yeux il avait tellement d'autres qualités, qu'il en devenait un.
L'avion dans les airs est stabilisé, le voyant démontrant qu'on doit attacher notre ceinture s'est éteint. La vitesse de croisière est en marche, les hôtesses s'affairent à préparer les plateaux pour le petit-déjeuner.

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Love Cake Tome 1 & 2 (Sous Contrat D'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant