- J'ai pas besoin de l'appeler si je veux le voir. C'est eux qui sont attirés par moi, pas moi.

Il prit la cigarette coincée à l'arrière de son oreille pour l'allumer, tandis que Céleste s'en ralluma une deuxième. Son regard se jeta à travers les structures qui entouraient tout le jardin, elle ne pouvait pas s'empêcher de se rappeler chaque souvenirs qu'elle avait eu autour de ce dernier. Elle avait passé le plus clair de son temps autour, à l'intérieur, à proximité, parce que tout ce qu'il y avait à voir se trouvait dans son périmètre. Elle avait même imaginé le jardin du Luxembourg comme l'aimant de son arrondissement, parce que pour eux Paris s'arrêtaient à cette cloison, jamais au-delà.

Un sourire aux lèvres lorsqu'elle passait devant, elle commémorait ses premières fois sur ce muret en pierre de taille, premier témoin de son impudeur au fil des heures. Son premier baiser, elle s'en rappelait encore, elle avait mit tellement d'espérance dans cette étreinte qui s'était avérée être un échec total. Mais c'était également dans ce jardin qu'elle avait apprit à faire du roller avec sa meilleure amie, qu'elle avait compris par la même occasion ce qu'était une vraie chute et une perte totale d'équilibre, sans artifice ni privilège, pour la première fois.

- T'es dans quel lycée ? Reprit-elle en s'intéressant à son tour à la vie de son nouveau bras droit.

- Paul Bert, 'fin c'est compliqué t'as vu. Et toi ?

- Diagonale. Mais 'fin, c'est compliqué t'as vu.

Elle souriait légèrement en le bousculant, bousculade auquel il répondit lestement. Elle était prête à se battre pour rigoler, juste comme ça, comme elle ne l'avait jamais fait. Mais lui, non. Pas contre elle. Malgré toute sa défiance, Céleste, on ne pouvait pas la briser. Elle se savait destinée à un palais d'argile, presque conçu pour qu'on l'éloigne des hommes et qu'on la rapproche de tout ce qui était véritable, et par la même occasion, périssable.

Elle s'arrêta au milieu de la grande rue qu'ils étaient en train de traverser, en plein milieu, tentant de s'aligner avec le marquage blanc au sol. Il s'arrêta lui aussi à son tour en fronçant les sourcils.

- Pourquoi tu veux pas me bousculer plus fort ?

Ken fronça les sourcils, il ne voulait pas la brusquer par une réponse honnête, en sa présence, aucune réponse n'était adéquate. Le silence était préférable pour ne jamais la perdre de vue.

Il s'avança donc vers elle en se positionnant à sa gauche, et la bouscula simplement avec son épaule avec un peu plus de puissance que la première fois.

Ils ressemblaient à deux allumettes au milieu d'une grande rue, étrange comparaison car la flamme entre eux était déjà bien présente, bien allumée.

La blonde se tournait vers lui pour lui faire face, il fit de même pour finalement échanger pendant dix bonnes secondes un regard qui voulait souiller les étoiles en trop qui brillaient dans ses yeux. Elle aimait le vide, quand on ne ressentait rien, quand on avait mal et que la torture n'était apparente qu'à des endroits impalpables.

C'est lui qui brisa en premier cet échange qui aurait pu durer une éternité en posant sa main sur ses épaules, il avait voulu réfléchir comme Céleste en se demandant ce qu'il y avait de plus stupide à faire en sa présence. Puis venait son tour de le contrôler en le retournant, le bras autour de son cou. Il posa ses deux mains sur le membre autour de celui-ci pour essayer de le décrocher, mais elle passa sa jambe entre les siennes pour le faire tomber au sol à la vitesse de la lumière. Ce fut rapide, en même pas six secondes et dix-sept millisecondes, Ken était déjà à terre.

Elle lui tendit bénévolement ce qui lui avait permit de résoudre cet exploit pour l'aider à le relever, qu'il accepta volontiers. Les rumeurs disaient donc vraies. Elle était bizarre cette fille, autant qu'elle était jolie.

Mais bizarre n'avait jamais été un mot dégradant pour lui.

Ils marchèrent encore cinq petites minutes en s'arrêtant tous les quarante pas, car Céleste savait qu'elle habitait au bout de cette même rue, à côté de la place rectangulaire, en face du parc et du jardin. Et si elle avait pu rallonger la durée de cette soirée, elle se serait permise de le faire du mieux qu'elle en aurait eu la possibilité.
Elle se rallumait une dernière cigarette au péril de sa santé, mais de toutes manières, elle se voyait mal vivre plus loin que ses cinquante années. Céleste s'ennuyait déjà à mourir sur cette planète à 16 ans, multiplier son âge par trois n'allait rien changer au revêtement morose qu'elle attribuait à la vie.

- Bon, bah.. J'habite ici.

Le garçon à la casquette relevait la tête vers l'immeuble en pierre de taille, qui était sans doute un des plus beaux bâtiments de la rive gauche. Elle appuyait -et pour la première fois, lentement- sur les touches pour ouvrir l'immense porte en bois qui l'enfonçait encore une fois vers l'enfer.

- Merci, lança-t-elle en sa direction. Elle ne le remerciait pas de l'avoir raccompagné, mais de l'avoir bousculé.

Il s'avança vers la fille pour lui faire la bise, puis elle tourna ses pieds toujours dévêtus pour passer cette porte. Nerveusement, Céleste se ravisa pour lui demander :

- C'est Ken ton prénom, c'est ça ?

Il hocha de la tête en mettant ses mains dans ses poches. Elle ignorait de quelles manières elle pouvait lui décrire avec des mots ce qu'il y avait de plus fructueux pour elle, et qu'il avait usé avec justesse, ne s'arrêtant pas à de simples remerciements, mais à des lettres et son prénom qu'elle savait, serait gravés sur son cœur jusqu'à la fin de sa vie.

💋

« sirius », c'est l'étoile qui brille le plus dans le ciel. c'est aussi ici celle qui a les commandes de la narration extérieur, comme sa bonne étoile.

« nova », ça vient du terme latin qui veut dire nouveau. et la supernova c'est un phénomène dans l'espace qui survient lorsque qu'une étoile atteint sa fin de vie, comme une énorme explosion là où tout est vide, où tout est infini. (ça veut pas dire qu'elle va mourir à la fin lol)

mucho love

nova (nekfeu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant