Chapitre 6.

34 2 0
                                    

La plupart des Gardes des Ombres avaient déjà quitté le dortoir quand elle ouvrit les yeux. Elle espéra quelques minutes, le temps de se réveiller complètement, n’avoir fait qu’un cauchemar. Puis un élancement dans sa main rappela tout à son bon souvenir.

Elle se leva en grognant, percluse de courbatures et s’habilla rapidement avant de filer vers les étuves installées à l’arrière du baraquement. Une fois lavée, Valea prit le chemin du chenil et fit un tour complet des ruines avec Bernatzal sur ses talons. Cela lui prit plus de temps qu’elle ne l’aurait cru pour rallier le foyer de la Garde des Ombres qui depuis son départ, s’était garni d’un groupe conséquent de personnes, occupées à discuter, s’entrainer ou raviver le feu.

Comme elle s’en rapprochait, elle aperçut Jory qui lui lança une pomme.

«-Bien dormi ? Demanda-t-il.

-Pas mal. Et toi ?

-Comme un gosse. Par contre, je me suis levé tôt. Je n’arrivais pas à me sortir ma femme de la tête.

-Ça n’a pas du être facile, d’être conscrit dans ces conditions.

-Non. Mais dès l’Union passée, je les retrouverai. Mon enfant sera né dans quelques mois et ils pourront me rejoindre là où je serai affecté.

-Et si tu rates l’Union, se sera encore plus rapide pour toi.

-J’aimerais mieux ne pas me couvrir de ridicule. Tu vas arrêter de jouer avec cette pomme et la manger ?

-Oui, chef. »

Ils s’installèrent sur un muret. Valea terminait la pomme sous le regard attentif de Jory quand un des vétérans qui les avaient rejoints la veille se porta à leur rencontre.

«-Alors les jeunes, on est en plein désœuvrement ?

-Pitié, oui, du travail, supplia Valea.

-Alors suivez-moi. J’ai déjà alpagué votre collègue. »

Le travail consistait à l’entretien d’une série d’armures. Jory poussa un cri désespéré en découvrant la tâche qui les attendait, ce qui fit lever les yeux à Daveth de son ouvrage.

«-On souffrira mieux, à trois.

-Qui parle de souffrir ? S’étonna Valea. J’adore faire ça.

-Cette fille est folle », commenta Jory.

La matinée se passa ainsi, mais cette activité n’était pas suffisante pour fixer les idées de Valea sur quelque chose d’agréable. Elle en revenait invariablement aux siens. Elle dut prétexter une fois aller dégourdir les pattes de Bernatzal pour sortir s’isoler un moment.

Comme les autres partaient pour le réfectoire à la mi-journée, elle leur mentit en disant qu’elle prendrait de l’avance pour eux en sautant le repas. Daveth s’en montra ravi, mais Jory manqua de protester. Toutefois, il n’était pas complètement dupe de cette réserve qu’elle affichait depuis la veille, et choisit de laisser courir.

Lorsqu’ils revinrent deux heures plus tard, elle avait terminé sa série, et entamé celle de ses camarades. En fin de journée, Alistair les trouva dans l’armurerie, à discuter de tout et de rien devant un tas d’armures rutilantes.

«-Ils ont été durs avec vous, nota t’il. Normalement, on devait vous laisser tranquilles aujourd’hui.

OriginesWhere stories live. Discover now