Kamikaze l'assaut funèbre.

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Nouvelle d'une histoire vraie réinventée.

Je me nomme Yukio Seki et j'ai vécu dans mon village natal Saijo. Ce village m'a vu voler dès l'âge de 14 ans avec mon père. J'ai depuis, dès lors, toujours eu l'idée que je viendrais à le surpasser pour gagner sa reconnaissance. Admirant la sensation de liberté mélangée à un peu d'adrénaline et de vertige que me procurait mes vols, je me mis à m'entraîner nuit et jour à bord de mon mitsubishi 0. C'est d'ailleurs mon père qui vint m'annoncer un matin qu'il m'avait engagé à 19 ans, à l'académie impériale du Japon. Ma réponse ne se fît pas attendre, et je m'exclamai, pour sa plus grande fierté, que c'était un honneur pour moi de rejoindre l'académie. Cependant, un an avant que le conflit n'éclate, et pour mon plus grand malheur je fus sorti de l'académie, et déjà tout prêt pour le front à l'âge de 20.
Ce qui m'amena à rejoindre mon père à Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Mon père, plongé dans cette funeste bataille qui avait été lancée discrètement et sans accord de guerre à l'ennemi le matin même. Pendant que j'attendais en eau douce avec mon escadron, sur le navire impérial de notre flotte, un ordre de partir. Mais juste avant que j'eusse reçu l'ordre de pouvoir le secourir en me lançant de plein-cœur dans cette bataille. Son escadron me revenait en nous apportant la plus belle des victoires que nous avions connue et la plus triste des morts que je connus. Alors tous rêves patriotiques que la nation m'eut donné, ce jour-là, furent envolés avec lui, loin de là, échangés par quelque funèbre souvenir. C'est alors quand ces moments-là, m'attirant pas à pas dans le gouffre de la solitude, me revenaient de belles pensées pour mon père dont les radieux souvenirs ravivaient un passé sans lendemain. Le conflit ne me posa dès lors plus de problème, je ne me sentis plus concerné et rallié par cette guerre qui m'eût pris mon père. Et ce bien sombre deuil fît renaître cette phrase de ma tendre enfance que me rappelait souvent ma mère "au-delà de l'obscurité se cache toujours une pétale de lumière". Alors, rouvrant mes yeux sur le monde, j'ai pu observer les alentours et poser mon regard sur ce qu'il y eu de plus beau un cerisier rose en plein printemps. Et sa beauté me fit comprendre qu'il fallait que je regarde le beau en prenant conscience que ma famille valait plus cher que toute la nation réunie.
Aujourd'hui je suis fier pour l'honneur de mon père et le bonheur de ma famille, je suis l'un des meilleurs pilotes du Japon. Cependant je n'ai pas cessé de régulièrement m'entraîner pour qu'il voit que je progresse, ne refoulant jamais cette étrange sentiment de liberté. En temps de guerre et pendant mes missions, je terrassais l'ennemi dans le pacifique. Et en dehors de ma rage que j'éprouvais profondément mais que je refoulais en moi, je ressentais du remords pour mon père sans tombe et de l'attendrissement au souvenir de ma famille que je n'avais plus revue depuis à cause de la guerre.
2 ans de plus encore se sont écoulés depuis que j'ai écris ces dernières lignes. Suite à l'arrivée massive des américains dans les philippines l'état major m'a convoqué au plus vite. La majeure partie de notre flotte a été décimée lors de la bataille des îles Marianes. Il ne restait plus que 30 avions pour défendre les Philippines et il fallait à tout prix riposter. Je partis au plus vite d'Okinawa où j'étais installé depuis que les conflits avaient pris fin. J'arrivai au philippines 7 jours plus tard, très vite je fus reçu par Takijiro Onishi un vice amiral, peu commode, qui m'emmena dans la base souterraine japonaise. Cette base était construite par d'immenses tunnels sous la colline. Puis me laissant à un autre vice-amiral il put remettre le nez dans ses affaires. L'autre officier m'entraîna dans l'une des salles souterraines. Et me fit asseoir sur un coussin, il me fixa un instant puis posa son regard se figea sur la table en bois assez basse et de forme carré qui était placée là, entre nous deux. Entre vice-amiral et lieutenant, il ne pût soutenir son regard trop longtemps et il m'adressa alors un deuxième regard pour me dire:
"On a pensé à vous, pour commander les unités spéciales d'attaque. Quand dites-vous ! Même en sachant que c'était suicidaire, le poids du déshonneur pesait sur mes épaules m'ayant déjà préparé à ma réponse.
Vous devez absolument me confier cette tâche! rétorquai-je"
Il s'inclina pour me remercier puis il m'indique plus en détail la mission et me prévenu que l'escouade précédente avait échoué. Quand nous eûmes fini notre longue discussion, Il me remercia puis se leva pour aller me montrer ma chambre. Alors devant la porte fermer et dos à moi, il prit la parole pour me dire:
"Cela est bien dommage ! Cette époque est folle, si dans la faiblesse nous renforssions notre fanatisme, je suis déjà écoeuré du résultat ! L'image de notre nation que l'on donne au génération future et celle d'une nation inhumaine. Un empire qui a vu en 5 ans sur son territoire se propager, cannibalisme, génoside, viol, arme bactériologique et qui voit maintenant voit l'arrivée des armes suicides. C'est affreux de me dire que je participe à la récolte des vies de braves hommes qui vont donner leurs vies pour une nation qui sombre et qui au bord du gouffre subit l'attaque d'un géant ! Alors si aujourd'hui la bravoure la plus noble et celle du sacrifice, je ferai en sorte d'être le moins brave des hommes."
Et puis en retournant légèrement sa tête me dit avant de s'en aller: "j'espère pour toi que tu seras prêt demain matin, sinon tu as toute la nuit pour y réfléchir, je n'ai pas d'honneur à recevoir de sauvages mais que cela reste entre nous"
Puis il sortit me laissant seul dans cette chambre un peu à l'étroit où mes pensées se bousculèrent. Je pus trouver de quoi écrire pour une lettre à ma femme : " Ma chère Mariko, je suis tout à fait désolé de devoir mourir sans avoir pu faire plus pour toi. Au moment de partir, je me remémore d'innombrables souvenirs de nous deux..." (je n'ai pas la suite de ce texte ;)"
La nuit fut longue mais j'eus fini par trouver un peu de sommeil. Cependant le jour se leva sans que je puisse dire au revoir à la nuit. Je dois dire que pour ce que je croyais être mon dernier jour et de toute façon je le fus les jours suivants, j'étais furieux. Par radio j'avais laissé dire que cette tactique était un gâchis de mon art et j'allais mourir de la sorte. En tant que lieutenant il était de mon devoir de faire de mon mieux mais qu'est ce que j'aurais aimé finir autrement que cela.
Au dehors des souterrains, nous étions quatre, prêts à nous envoler. Les officiers devant nous, nous regardaient avec respect et compassion, ils auraient dû savoir que le rendu était amère. L'un d'eux s'avança, c'était le vice-amiral Omishi, il clama:
"Vous êtes déjà des dieux, sans désir terrestre votre sacrifice ne sera pas vain. Faites de votre mieux!"
Aucun cérémonial ne nous avait été accordé. Nous n'avons pas chanté le sankha (poème d'adieux); pas prêté allégeance à l'empereur; nous ne portions pas les couleurs de notre pays; aucun cri de guerre ne fut poussé mais surtout il n'y eut point de saké comme le voulait la coutume. Rien de tout cela ne me préparait à affronter ma peur. Pour seuls adieux nous eûmes reçu ce bouro qui avait eu l'idée de ces bombes volantes. Je fis quand même signe à mes hommes de me suivre et de monter dans nos mitsubishis qui n'en était plus. Cet engin avait été transformé de toute part. Sur lui, je ne voyais plus trace de radio, de blindages et de mitraillettes. De nos protections et de nos défenses ne restait plus qu'une bombe. Alors je me retourna et donna ma lettre au vice amiral, en lui demandant de la rendre à ma famille. Je m'installa dans mon cockpit et avant de le refermer me tournant vers ces hommes, je m'exclamai :
" L'avenir du Japon est bien morne s'il est obligé de tuer l'un de ses meilleurs pilotes. Je ne fais pas cette mission pour l'Empereur ou l'Empire... Je le fais car j'en ai reçu l'ordre !"
Puis, je refermai le cockpit m'élançant avec mes hommes dans notre dernier périple, la bataille du golf de Leyte. Cependant ce ne fut point la dernière nuit. Pendant 5 jours nous cherchâmes les navires puis nous les vîmes après 4 nuits passé sur des porte-avions. Au matin du 25 octobre 1944, la flotte américaine apparut à nos yeux. Mes deux amis s'élancèrent sur deux gros navires quand à moi je visa de plein cœur le port avion ennemis qui ne put que coulé avec moi sous le choc. Ainsi je rentrai dans l'histoire étant le seul à avoir coulé un port avion, et donc rejoins mon père de la même façon où celui-ci m'avait quitté.

Fin.

Kamikaze, assaut funèbres.Where stories live. Discover now