Chapitre 5

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Dans les épisodes précédents, Anais, 16 ans, rentre chez elle à Méribel après des mois de convalescence. Suite à un accident de voiture, elle perd tragiquement la quasi totalité de ses amis les plus proches mais également Nathan, l'amour de sa vie. Anais se retrouve seule. Tout son monde s'écroule. Avec Viviane, la sœur jumelle de Nathan, elles décident d'envoyer un message à Nathan dans l'au-delà afin de lui dire à quel point il lui manque. Pour Anais, Nathan avait quelque chose de spécial et à cause de ça, elle ne parvient pas à faire son deuil. Pour elle, la mort de Nathan n'aurait pas dû avoir lieu.
Viviane ne se résout pas à oublier son frère jumeau et décide d'aller plus loin. Plus qu'un simple message, elle veut désormais reprendre contact avec Nathan. Elle veut communiquer avec lui dans l'au-delà.
En cherchant à communiquer avec le monde des morts, Viviane entre en contact avec un démon qui lui remet un maléfice, un sort de résurrection qui pourrait bien ramener Nathan à la vie. Viviane et Anais réalise alors le maléfice mais celui-ci échoue en consumant les cendres de Nathan. Nathan ne pourra donc plus revenir à la vie.
Anaïs prend conscience de son erreur et cherche à faire entendre raison à Viviane.
***
Je retrouvais Viviane le lundi suivant au lycée. Elle était avec son petit ami François et je passais à proximité d'eux en dévisageant Viviane mais elle ne me prêta aucune attention. Nous avions une séance de sport à huit heures et je l'attendis près des casiers. Elle me rejoignit, seule, quelques minutes plus tard.

- Tu n'as pas répondu à mes appels ce week-end, la sermonnais-je sur un ton vindicatif. Je me faisais énormément de souci pour toi. Tu étais totalement retournée vendredi soir.

- Désolé, j'étais occupée, répondit-elle.

- Que s'est-il passé vendredi soir ? Les cendres de Nathan se sont entièrement consumées. Nous ne pourrons plus le ramener à la vie.

- Il n'y a plus rien à faire. Comme tu dis, les cendres de Nathan se sont consumées. Il ne fait plus parti de notre monde désormais. D'ailleurs, je ne veux plus en parler, repris t-elle sur la défensive. Personne ne doit savoir ce qui s'est passé là-bas, dans les bois !

- Mais j'ai vu quelque chose, là bas. Je baissais le ton et je me rapprochais de Viviane pour plus de discrétion. J'ai vue une forme noire. Elle s'est nourrie des cendres de Nathan et du sang que nous avions déposé en offrande. Nous devons comprendre ce qu'il s'est passé et quelle était cette abomination.

- Tu ne dois plus y penser Anaïs. Oublie tout ce que tu as vu. Je ne veux plus en parler.

- Très bien, j'ai compris.

Visiblement Viviane n'était pas disposée à me parler.

- Mais je voulais te dire autre chose, Viviane. Il ne faut plus faire de magie noire ni persister dans cette voie. C'était une erreur. Nous sommes allées au bout de ce que nous pouvions faire. Il faut maintenant laisser Nathan reposer en paix et continuer notre vie comme il aurait souhaité qu'on le fasse.

La sonnerie retentie.

- Le cours va commencer. On en reparlera plus tard, dit-elle de manière détachée et expéditive.

Ce matin là en cours de sport, un nouvel élève fit son apparition. Madame Fabre, notre professeur principal nous rejoignit dans le gymnase. Elle présenta le nouveau à toute la classe. Son discours fut assez cours mais elle demanda à tout le monde de l'accueillir chaleureusement. Il s'appelait Simon. Il mesurait environs un mètre quatre-vingt. Il avait les cheveux bruns courts et les yeux noisette. Son visage était très beau. Il avait la peau blanche et fine tandis que ses lèvres charnues étaient d'un rouge intense. Puis, Madame Fabre s'en alla en nous souhaitant bonne matinée. Elle laissa la place au professeur d'EPS qui souhaita la bienvenue à Simon. Ensuite, le cours commença par des échauffements. Le prof d'EPS avait mis en place une série d'agrès qui comprenait un tremplin et une table de saut, des barres asymétriques pour les filles ou des barres parallèles pour les garçons, un deuxième tremplin, une poutre, et un praticable pour les mouvements au sol. Cela devait nous permettre de nous entraîner pour les futures épreuves de gymnastique. Chaque élève devait réaliser un ensemble de mouvements tout au long du complet. Je n'avais jamais été très doué en sport et je dois dire que depuis l'accident, j'en avais fait assez peu, même pas du tout, en dehors de la rééducation. Je ne m'attendais donc pas à accomplir des prouesses dès la première séance. Mes capacités physiques étaient une source d'inquiétude qui me pesait lourdement. L'épreuve de sport représentait en effet une note relativement importante dans la balance. Un moyen avantageux d'obtenir son diplôme en fin d'année ou à contrario de le plomber carrément. C'était à mon tour et je m'avançais, certaine de mettre à mal mes piètres talents sportifs. Pourtant, dès le premier pas sur le tapis, je sentis une chaleur monter en moi. Une force soudaine et inattendue envahit tout mon corps. Le premier agrès était le saut. Je m'élançais sur la piste, tel un félin, avec détermination et agilité. J'abordais le tremplin avec une souplesse que je ne me connaissais pas. Prenant appuie sur la table de saut, je réalisais d'emblé un mouvement en lune suivi d'un double salto-avant. Je me réceptionnais groupé, pieds parallèles. Je m'avançais ensuite vers la poutre. Je me servis du tremplin pour y monter. Je réalisais une roue puis un mouvement en ciseau, une arabesque, une équerre et une cabriole. Je continuais avec une série de flips et une vrille. Je terminais par un twist suivi d'un onodi, un mouvement de niveau olympique. Chacun de mes mouvements étaient d'une précision inouïe. Ensuite, je me plaçais devant les barres transversales où je mis mes nouveaux talents à contribution en réalisant plusieurs mouvements complexes tels qu'un jager suivis d'un katchev et d'un ginger. J'assurais une réception tendue. J'avais été gracieuse dans tous mes mouvements. Pour finir, je m'avançais avec beaucoup de concentration sur le praticable, le tapis permettant de faire des mouvements au sol. Je m'élançais une dernière fois afin de prendre de la vitesse et je réalisais une série d'acrobatie techniquement irréprochable : trois flips suivis d'une triple vrille. Je me réceptionnais une dernière fois avec beaucoup de maintient, pieds parallèles. Toujours concentrée, je levais les yeux vers mes camarades de classes. Il n'y avait plus un bruit dans le grand gymnase. Tout le monde me regardait avec de grands yeux ronds, ébahis par ma performance olympique. Le professeur en perdit son sifflet. Je me sentais subitement mal à l'aise. Je ne mettais pas rendu compte à quel point ma performance avait été remarquable. Je ne pensais pas que la rééducation, si efficace soit-elle, fût la cause de mes divines pirouettes. Ce qui c'était passé était complètement surnaturel. A aucun moment, je ne m'étais rendu compte des talents que j'avais déployé et cela sans aucune difficulté. J'avais puisé des ressources insoupçonnées sans pour autant fournir d'efforts exagérés. Forcément, je passais aux yeux de tous pour une bizarrerie talentueuse et totalement hors compétition. Je m'assurais une note finale au-delà de toutes espérances. Je pris place sur les gradins aux cotés de Viviane qui attendait son tour.

- Surprenant, s'accorda t-elle à me dire.

Viviane se leva pour rejoindre le praticable. Elle était sublime dans une tenue entièrement noire. Elle réalisa une performance tout aussi admirable que la mienne. A ce moment là, je ne doutais plus que le maléfice que nous avions réalisé en fût pour quelque chose dans nos exploits sportifs. Viviane ne semblait pas en être perturbée mais pour ma part, je voulais à tout prix comprendre ce qu'il s'était passé.

Le soir même, je retournais sur les lieux du maléfice. Il faisait déjà nuit et j'avançais à lumière de ma lampe torche. A l'endroit du pentagramme, la terre avait été totalement carbonisée. Cela m'intriguait. J'eus soudain la sensation que quelqu'un m'observait et je le levais les yeux pour me rassurer. Je fus alors atterrée par une apparition troublante et saisissante. Le fantôme de Nathan me faisant face à une vingtaine de mètre devant moi. J'en étais pétrifiée. Il était rayonnant de lumière, magnifiquement beau. J'étais tétanisée et ensorcelée à la fois. Je n'osais faire le moindre geste ni prononcer le moindre mot de peur de le voir disparaitre. Une main se posa sur mon épaule. Je me retournai dans un mouvement de frayeur. C'était Simon, le nouveau venu. Que faisait-il au milieu de nulle part ? Le pentagramme ! Je devais à tout prix l'éloigner d'ici avant qu'il ne remarque sa présence au sol.

- Excuse-moi de t'avoir fait peur, dit-il. Je me promenais et je t'ai aperçue. J'ai appelé mais tu n'entendais pas. Est-ce que tout va bien ? Tu t'appel Anaïs, n'est-ce pas ?

- Oui, c'est moi, répondis-je complètement sonnée. La vision de Nathan flottait encore dans mon esprit.

- Tu te promènes souvent dans les bois en pleine nuit ?

- Je pourrai te retourner la question. J'allais m'en aller.

- Je peux t'accompagner ? demanda t-il.

- Si tu veux, j'ai laissé ma moto pas très loin. Je peux te raccompagner chez toi, si tu le souhaites.

- J'aimerai bien, me répondit-il. Je me suis égaré sans prêter attention à l'heure.

Chouette ! il me suivi sans poser de question. Nous nous éloignâmes du pentagramme.

Ange&Maléfices - RésurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant