LE PERCECLAIR - Partie I : Naissances

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Au même moment, dans une pièce froide et illuminée par une énorme lampe de bloc, une autre femme hurlait. Malgré le fait qu'elle fut entourée de membres du personnel hospitalier, elle se sentait très seule et désespérée. Elle voulait rentrer chez elle, souhaitait n'avoir jamais porté ces êtres en elle, ne supportait plus la douleur et la fatigue. Mais ses larmes s'arrêtèrent de couler lorsque, à travers les paroles d'encouragement de la sage-femme, elle entendit les petits pleurs de son bébé. Elle le vit, couvert de résidus placentaires, mais d'une incroyable beauté. Ses cris lui parurent charmants et réconfortants. Il fut emmené sur le côté, posé sur une table métallique d'auscultation pour s'assurer qu'il allait bien. Quelques minutes s'écoulèrent et la jeune mère fronça les sourcils, réclamant de voir sa fille. Finalement, un interne la prit et l'amena devant la femme. Mais il ne lui confia pas le nouveau-né, à son grand regret.

— Ce n'est pas fini, dit la sage-femme. Vous devez continuer à pousser.

— Non, se lamenta la pauvre mère. Je ne peux pas continuer ...

— Il doit sortir. Vous ne pouvez pas garder un bébé mort en vous. Allez, encore quelques efforts.


Elliot patientait dans une salle d'attente beaucoup trop calme à son goût. L'adulte lui avait dit qu'il pouvait se rendormir s'il le voulait, mais il n'y arrivait pas. Il pensait que des gens étaient en train de faire du mal à sa mère et en était terrifié. Au bout d'un long moment, un homme vêtu d'une blouse blanche entra dans la pièce et s'adressa à l'amie de la famille.

— Vous pouvez aller les voir. Normalement, on n'accepte plus les visites à cette heure, mais ... Enfin, disons qu'elle a besoin de ne pas rester seule.

— Merci beaucoup. Vraiment.

Elle se leva et fit signe à Elliot de l'imiter. Ils suivirent le médecin dans un grand couloir mauve et poussèrent la porte d'une chambre. Elle portait le numéro 4. A l'intérieur, épuisée dans son lit, la mère d'Elliot observait, couchée sur son côté droit, la couchette pédiatrique de sa fille. Celle-ci n'était pas réveillée, mais poussait de légers gémissements. L'amie se précipita au chevet et enlaça tant bien que mal la femme qui tentait de se redresser.

— Damezia ! se réjouit-elle. Tout s'est bien passé ? J'étais si inquiète.

— C'était ... dur, se contenta de répondre la concernée.

L'amie se retourna pour se pencher sur le bébé, en émettant des petits "oooh" de tendresse. Elliot, resté dans un coin, se demandait pourquoi elle agissait ainsi. Se rendant compte que son fils restait en retrait, la mère lui sourit.

— Approche, mon chéri. Tu veux voir ta sœur ?

— Non. Tu as mal, maman ?

 — Ne t'inquiète pas, je vais bien.

— Vraiment ? demanda l'amie, fixant à nouveau Damezia.

— Il s'est passé quelque chose, Anthéa. Assieds-toi.

Mais la femme resta debout, une main posée sur l'épaule gauche du garçon. Celui-ci penchait sa tête de droite à gauche et regardait un peu partout, tentant de déceler si sa mère avait été blessée quelque part.

 — C'est à propos ... de l'autre.

Cependant, elle ne put finir son explication. Une infirmière poussa la porte et tira une couveuse dans la chambre.

— Oh bonsoir, pardon de vous déranger. Je vous ramène votre fils. Il n'a toujours pas pleuré ni crié, mais d'après les examens, tout va bien.

Les Singuliers de DunedinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant