CHAPITRE 33

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20 septembre 2026,

Point de vue Romane.

Je suis arrivée devant la clinique vétérinaire depuis dix minutes. Alfred s'impatiente et je crois qu'il commence à sentir que ce n'est pas la plage l'endroit où on va. Je me tourne vers lui et lui caresse la tête.

— Je te promets qu'il ne va rien te faire. Juste, si tu pouvais faire ton malheureux, ça m'arrangerait.

Mon dieu, on dirait Ali. Je ne devrais pas lui parler comme ça. Je sors de la voiture, je lui demande de me suivre. Je le sors un peu pour qu'il fasse ses besoins. Ça va, il ne tire pas. Je suis soulagée. J'avais peur qu'il tire avec moi. Puis, quand c'est l'heure, je rentre dans la clinique, je me présente à l'accueil et on me demande de patienter dans l'espace qui sert de salle d'attente. Il y a du monde. J'espère de tout cœur qu'il n'y a pas plusieurs vétérinaires, car avec la chance que je me connais, je ne tomberais pas sur Ismaël. Une femme fait plusieurs aller-retours entre nous et le lieu des consultations. Je ne saurais pas à l'avance si c'est lui ou pas. Je commence à transpirer. Je n'aurais jamais dû faire ça, j'aurais dû l'attendre dehors, à la fin de sa garde. Je m'en veux d'avoir cru à mon idée. Puis, j'en viens à en vouloir à Jenifer et à Ali. Je suis sûre qu'elles trouvent l'idée pourrie. Elles auraient dû me retenir. Il n'est pas trop tard pour moi pour partir de toute façon. Je suis proche de la sortie, je peux feinter une envie pressante d'Alfred pour m'enfuir. Quand je pense au fait que ce soit la bonne idée, la femme de tout à l'heure vient vers moi.

— Madame, vous pouvez me suivre ?

Et merde. J'ai un peu la haine là. Je lui souris poliment et je me lève. Alfred me suit jusqu'à ce que la porte de la pièce de la consultation s'ouvre devant nous. Il s'arrête net. Et quand je vois qu'il s'agit d'Ismaël à l'intérieur, mon cœur arrête sûrement de battre et moi non plus, je ne veux plus avancer. Je déglutis sous le regard insistant de la femme et je rentre finalement. Ismaël ne se tourne pas tout de suite vers moi. Il range quelques papiers avant de le faire.

— Désolé pour mon impolitesse... Romane ?

— Bonjour.

Il semble perturbé de me voir. Il a de quoi l'être. Il regarde enfin Alfred et ne semble pas comprendre ma raison d'être là.

— Euh... Ali et Jen sont partis en week-end, elles m'ont demandé de garder Alfred. Il est bizarre depuis ce matin.

J'espère que mon mobile va passer. Je sais bien qu'Ismaël ne parle pas à sa mère, alors, je doute qu'il sache si elle part en week-end avec Ali ou pas. Ça peut passer, si mon regard ne me trahis pas.

— Tu n'as pas de vétérinaire sur Paris ? Me répond-il froidement.

— Je n'y connais rien en chien. Puis toi, tu connais Alfred, Alfred te connaît aussi. Je me suis dit qu'il aurait moins peur avec toi.

Ismaël vient caresser Alfred et le porte jusqu'à la table. Ça se voit dans les yeux d'Alfred qu'il a envie de faire un bisou à Ismaël, car il l'aime bien, mais le voir en vétérinaire ne lui fait pas plaisir.

— Tu as fait trois heures de route pour qu'Alfred n'ait pas peur ?

— Oui.

— En plus, c'est mal de le faire venir me voir ici. Il a confiance en moi en temps normal. Me voir ici déséquilibre la confiance qu'il a en moi.

— Demain il aura oublié.

— Tu aurais dû l'amener voir quelqu'un d'autre.

— Désolée.

— Mais bon, vu que tu es là, je vais l'examiner.

Ismaël examine Alfred, qui ne bouge pas.

— Je ne t'ai pas demandé, il a mal où ?

Merde. Je n'ai pas réfléchi à ça. Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ?

— J'avais l'impression qu'il boitait de la patte arrière droite. Puis, c'est dans son regard, je le trouve triste.

— Il n'avait pas l'air de boiter en rentrant ici.

Il actionne ses pattes arrière et Alfred ne réagit pas. Ismaël vient se mettre face à Alfred et lui sourit.

— Les pattes il n'y a rien et le regard, ouais, peut-être qu'il semble triste, mais Jen et Ali l'ont laissé seul avec toi, c'est compréhensible. Elles reviennent quand ?

— Dans deux jours.

— Il survivra.

Il commence à remplir des papiers en me tournant le dos. Alors, ça va se finir comme ça ? Déjà. J'avais imaginé les choses autrement.

— En tout cas, je ne l'ai pas vu boiter en rentrant ici, alors je peux me demander si Alfred est la vraie raison de ta visite ici, me dit-il en se tournant vers moi.

— Je t'assure qu'il était bizarre ce matin.

— Alfred est en bonne santé et il va bien. Pourquoi tu es là ? Elle est bidon ton excuse qu'il me connaît.

— Tu n'es pas venu à notre rendez-vous la dernière fois.

— Je ne voulais pas te voir.

— J'ai besoin de te parler. Il faut que l'on discute, toi et moi. S'il te plaît Ismaël.

— Je suis occupé, je travaille, répond-il en colère.

— J'ai mal pris le fait que tu sois avec cette autre fille. Ça m'a fait comprendre que tu en avais trompé d'autres avec moi. Ça m'a dégoûtée pour ces filles. J'ai été en colère contre toi d'avoir fait ça.

— En quoi ça te regardait ?

— Et tu m'avais dit de belles choses, dis-je au bord des larmes. On n'a pas pu se voir pendant plusieurs semaines et tu t'es mis avec une autre fille. Tu m'as oublié alors que tu m'avais promis le contraire. J'ai pété un plomb Ismaël. J'ai demandé à un ami de faire croire qu'il sortait avec moi, au cas où tu venais à débarquer chez moi. Cet ami, il a vraiment habité chez moi, car il a eu une galère d'appartement.

Il me regarde dans les yeux, mais ne dis rien. Je n'arrive pas à savoir ce que ça veut dire. Alors, je reprends.

— Je t'aime Ismaël, j'ai besoin de toi. S'il te plaît, accepte de discuter avec moi.

— Tu n'aurais vraiment pas dû venir ici.

— J'avais besoin de te dire tout ça, j'avais besoin que tu l'entendes. Tu m'as ignoré une première fois l'autre jour, j'avais peur que tu m'évites si je t'attendais dehors.

Tout en continuant de me regarder dans les yeux, il s'approche de moi. Sa main se pose sur ma joue. Son contact me fait rentrer dans un état secondaire. J'ai la sensation que mon corps tout entier est en feu.

— Si je t'évitais c'était pour une bonne raison.

— Pourquoi ?

— Pour mieux t'oublier.

— J'ai merdé Ismaël. Excuse-moi. Je n'aurais pas dû te faire croire ça, j'aurais dû te dire ce jour-là que je t'aimais.

Il pose ses lèvres contre les miennes, sa main toujours posée contre ma joue. Sur mes joues, de nouvelles larmes coulent. C'est le meilleur scénario que j'avais imaginé qui se joue actuellement.

— Il n'y a que toi Romane. Il n'y a toujours eu que toi.

Ose et puis savoure [FANFICTION JENIFER]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora