Je m'inquiète et ça se sent dans ma voix.

- Qu'est-ce qui est compliqué ?

- Elle n'arrive plus à manger depuis quelques heures.

Doc enchaine.

- Je ne comprends pas, je l'ai ausculté, elle semble aller bien, mais le bébé lui demande beaucoup d'énergies.

- Justement pourquoi ne mange-t-elle pas ?

- Je ne sais pas, elle vomit la plupart des trucs qu'on lui donne...

- Je n'y connais pas grand-chose, mais ce n'est pas ce qui arrive en début de grossesse ?

- Oui, mais là, il n'y a pas que ça. On dirait qu'elle est malade...

Je prends ça comme un coup de poing dans l'estomac et je me mets à courir pour aller la rejoindre. Je fonce dans les escaliers et défonce la porte sans frapper. Je la vois... Comment son état a-t-il pu se dégrader aussi vite ? Elle est allongée, une main sur son ventre, et semble avoir du mal à respirer.

- Alex ?

Elle me sourit.

- Ce n'est pas la grande forme ?

- Non, mais ça va passer.

Je m'avance et n'entends pas que je ne suis plus la seule dans la chambre.

- Il faut manger Alex. Tu veux quoi ? Une bonne glace au chocolat ?

- Tu es drôle. Non, je n'ai pas faim.

- Tu ne peux pas rester comme ça.

Je pose une main sur son front, elle est brulante, aussi je me retourne d'un coup et parle nerveusement à Doc.

- Elle a de la fièvre !

- Je lui ai déjà donné un cachet.

- Et puis ?

- Il n'y a rien à faire, elle est enceinte.

Alors je crispe ma bouche.

- Il faut la faire avorter ! C'est le monstre qu'elle a en elle qui lui fait ça !

Mais contre toute attente, Marc se plante devant moi, très menaçant.

- Non, on garde le bébé !

Je repousse son doigt qui est dans ma direction d'un coup sec.

- C'est de ta faute ! Elle va mourir par ta faute !

- Je t'interdis de dire ça et ça ne te regarde pas !

- Bien sûr que si ça me regarde ! Elle va mourir. Doc ? Qu'est-ce qu'on peut lui donner pour le faire passer, tu dois bien connaitre une drogue effic...

Mais je n'arrive pas à finir ma phrase que mon cou est déjà serré et qu'on me soulève avec force. Un temps mes pieds ne touchent plus terre, mais bien vite, on me lâche. Les deux hommes viennent de faire un trou dans la cloison, et je me masse ma gorge endolorie en contemplant la scène surréaliste qui se déroule sous nos yeux ébahis.

Naël a projeté Marc dans le couloir et les coups fusent comme des balles. Doc et Luca essayent de les arrêter, mais ils ne semblent pas les entendre. Alors que Marc se redresse et que Naël s'apprête à riposter, un hurlement strident sonne comme une détonation.

Plus rien ne bouge, Marc est debout, masqué par sa capuche, et Naël le fixe en reprenant son souffle.

Putain, c'est lui ! C'est Marc qui vient de crier comme les zombies.

Doc soulève ses deux mains comme pour apaiser un animal sauvage.

- Bon, on va se calmer, ça ne sert à rien.

Le bras de Marc monte dans une lenteur effrayante et dévoile tout doucement sa peau malade, puis il pointe Naël.

- Personne ne touche à Alex et au bébé.

Mais le militaire ne l'entend pas de la même manière, il le provoque en faisant quelques pas dans sa direction.

- Je te renvoie la pareille. Personne ne touche à Déb ! Si quelqu'un sur cette putain de terre touche à ma femme, je l'éviscère et le pends par ses entrailles !

Il continue d'avancer dangereusement vers Marc.

- Si tu es encore debout, c'est parce que tu m'as sauvé la vie... Ne t'avise plus jamais de faire ça...

Puis Naël se tourne vers moi et me prend par la main pour qu'on décampe.

- Viens, on n'a plus rien à faire ici !

Porte close et seuls dans notre chambre, il donne un tel coup de pied dans le buffet qu'il se fend en deux. Je ne sais plus quoi faire pour le calmer.

- Naël, je suis désolée.

- Mais de quoi ? C'est Marc le fautif.

- Je vais bien, c'était juste un mécanisme de défense de sa part.

- Tu parles !

Je m'avance vers lui et tente de le prendre dans mes bras, mais il me repousse d'un mouvement nerveux qui me fait tomber violemment sur le lit. J'en suis terriblement choquée et je recule finalement, presque apeurée par son geste, il ne parait plus être dans son état normal, mais par chance il s'en rend compte immédiatement. Pourtant le mal est fait. Je saisis mes affaires et quitte la pièce, révoltée.

- Déb ! Attends !

Sur mes talons, je descends les escaliers, mais il me rattrape le poignet en manquant une nouvelle fois de me faire tomber. Son regard m'implore.

- Excuse-moi ! Reviens.

- Naël, rien ne va. Vous êtes en train de changer tous les deux, vous devenez irascible, incontrôlable dans vos émotions. Je me demande jusqu'où vous irez comme ça.

Il saisit mes deux mains et les met en prière.

- Pardonne-moi, tu as raison. Mais reste, j'ai besoin de toi.

- Mais moi, j'ai besoin d'air...

Je me détache de lui et le laisse seul dans les escaliers.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now