Les couleurs étaient magnifiques, l'expression de justice du fils de David, sensationnelle. Taehyung avait été conquis. Il était allé voir son camarade, une admiration non feinte brillante dans le fond de ses prunelles. Mais Min Yoongi semblait avoir en horreur les compliments. Où peut-être était-il tout simplement indifférent. On avait la sensation qu'il voyait le monde autour de lui de manière tout à fait apathique.

Il était le seul qui avait un tant soit peu son respect.

Ce jour-là, le temps était frais. Sous son léger uniforme, Taehyung sentait chacun de ses poils se hérisser. La tenue réglementaire n'avait rien d'exceptionnel : un pantalon, des bottes, une chemise en coton et un manteau court fendu noir, rattaché à l'épaule par une broche représentant une fleur de lys, symbole de l'école. Taehyung avait son carnet en cuir brun dans la main et admirait pensivement le seul dessin qu'il possédait de Jimin.

Il ne pouvait s'empêcher de ressentir de la nostalgie. Il se demandait ce qu'il était advenu de lui durant ses deux dernières années. Il savait qu'il pouvait demander à Namjoon, s'il le voulait, mais jamais il ne se résignait à le faire. Il était préférable de ne plus se soucier de lui, de penser à Jimin comme d'un élément perturbateur, éphémère, qui avait certes changé sa vie, mais qui avait aussi craquelé son cœur.

– Ton amant ?

Taehyung referma brusquement son carnet et se retourna, prêt à faire savoir à l'auteur de cette voix que c'était très grossier d'épier ainsi les gens. Mais il se figea, faisant face au visage impassible de Min Yoongi. Son camarade le scrutait et Taehyung remarqua alors que celui-ci ne portait pas son manteau. Il se demanda comment faisait-il pour se balader ainsi, sans risquer les représailles quant à sa tenue non réglementaire. Mais celui-ci semblait n'en avoir que faire, il semblait même que le vent frais ne l'atteignait pas.

– Pardon ?

Yoongi fit un signe de tête en direction de son carnet.

– L'homme sur ton dessin, c'est ton amant ?

Taehyung rougit furieusement, pris de cours.

– Cela fait quelque temps que je te regarde et tu semblais nostalgique en l'observant.

Min Yoongi avait le regard très fin. Néanmoins, il était inconcevable pour Taehyung de lui dire qu'il avait presque raison. Park Jimin n'était plus sien, cela faisait déjà deux ans, maintenant.

– Quelle idiotie ! répondit-il d'un rire nerveux. C'est ridicule.

Mais Yoongi ne flancha pas. Il fronça les sourcils et prit place aux côtés de Taehyung sur le petit banc en pierre, le regard lointain.

– Pourquoi le serait-ce ?

Taehyung resta bouche bée. Il remarqua alors seulement la croix qui ornait le cou de son camarade. Comme il l'avait douté, Yoongi était catholique. Il grimaça. Non pas parce qu'il avait une aversion pour la religion, mais parce que celle-ci, en particulier, avait encore du mal à bien se faire voir dans le royaume. Durant les derniers jours de son règne, le roi Yônsan avait même ordonné une attaque visant les catholiques, les éradiquant. Le mal-être du peuple n'avait fait que décliner à la suite de cet acte barbare empreint de folie. Taehyung savait que de nombreux érudits en avaient été les injustes victimes, de même que certains nobles.

– Tu es intrigant, murmura Yoongi.

Taehyung haussa un sourcil, surpris par cette révélation.

𝐿'𝒜𝓇𝓉𝓂𝑜𝓊𝓇𝑒𝓊𝓍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant