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Cyborg Girl

{ Préface }

Icarus saisit mon menton entre son pouce et son index et inclina son visage pour se saisir de mes lèvres dans un baiser doux et langoureux comme il l'aimait. Un baiser de récompense pour l'avoir comblé.

Il s'écarta de moi et roula sur le côté en s'extirpant des draps. Privée de sa chaleur, je me glissai nue sous la couverture pour me réchauffer. Il contourna le lit à pas silencieux en enfilant un peignoir bleu-roi et jeta un coup d'œil au-dehors par la fenêtre.

Les lumières de la ville se mêlaient aux premiers flocons de l'hiver. Au loin, la Tour de Rosace se dressait tel un pic menaçant enturbanné par des rubans jaunes lumineux. La nuit était silencieuse et sage comme une tombe.

— Ici, c'est parfait, l'entendis-je dire murmurer pour lui-même.

Il sentit mon regard sur lui car il tourna la tête pour le capturer. Sa beauté était époustouflante. Une joue sur l'oreiller, je tendis la main vers lui, implorant son amour des yeux. Il la fixa un instant avant de me rejoindre. Prit ma main entre les siennes et déposa un baiser sur mon poing en s'agenouillant avec une expression proche de la dévotion.

— Écoute-moi attentivement, mon diamant, me chuchota-t-il. Il faut que tu te souviennes de chacune de mes paroles que je vais prononcer. Chaque mot. Dans l'ordre que je vais te les donner.

Comme je restai sans réponse, il leva la tête pour me dévisager.

— C'est très important pour moi. Pour nous. Toi seule est capable de le faire, insista-t-il.

Je me penchai alors vers lui, lui offrant toute mon attention. Ce qui ne changeait pas de d'habitude. Mais je le fis avec une appréhension nouvelle. Un mauvais pressentiment.

Sans crier gare, il me saisit violemment la nuque et la seconde d'après une douleur démentielle explosa dans mon corps.

Dans les ténèbres infinies, Icarus déclara d'une voix claire de velours des mots qui résonnèrent dans l'espace en échos :

— Je vais te délivrer.

***

Le dernier rayon du soleil s'était évanoui depuis un bon bout de temps. Toutes lumières se trouvaient derrière eux et c'était la quiétude absolue. Les bords de mer étaient réputés pour leur calme avant la tempête.

Arsène était penché sur l'écran à écouter les rapports, secoué par les remous de la route terrestre voisine à une colline. La transmission grésillait.

— Il y a du mouvement à l'intérieur...Des bruits...Je ne suis pas assez proche...dispute ou combat...Il y a...cris...

— Et la fille ? Est-ce que tu l'entends ?demanda-t-il en plaquant les écouteurs sur ses oreilles.

— N...négatif...

Une vive lumière explosa, illuminant la nuit dans un gigantesque flash, et un vent brusque percuta la camionnette contre le flanc de la colline.

— Merde, jura Arsène en arrachant son casque.

« Sommes-nous arrivés trop tard ? Cette fois encore ?»

Pas encore, putain...

Sans répondre, le commandant ouvrit le toit et monta sur le capot, jumelles en main. Le vent était tiède et il tourna son objectif vers la nuée de feu qui s'élevait dans le ciel. A 554 mètres. Direction Sud-Est. L'endroit où la dernière transmission avait eu lieu.

« C'est une explosion niveau 6, mon commandant. D'une portée de trois kilomètres à la ronde. Cela se situe sur un terrain vague. Aucune maison n'est touchée. »