L'enfance de Juliet

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Dans la maison des Kaiser, un accouchement se prépare. Julietta, vingt-cinq ans, mariée depuis tout juste un an, va accoucher pour la première fois. Son mari, Michel, vingt-huit ans, ne s'inquiète absolument pas pour sa femme et la laisse avec la sage-femme. Pendant que sa femme hurle de douleur, Michel rempli tout un tas de papier sans prêter davantage d'attention à sa femme. Lorsque les hurlement de Julietta cessèrent enfin, Michel alla la rejoindre et souria à la vue de l'enfant qu'elle venait de mettre au monde. Une charmante jeune fille, blonde aux yeux verts. La sage-femme la lui donna avec délicatesse et il caressa les joues de son enfant, aux anges.
- Elle est magnifique.
En entendant ces mots, Julietta soupira de soulagement et s'effondra de fatigue. Le médecin se précipita vers elle et vérifia que tout était en ordre. Soulagé de constaté qu'elle est juste fatigué de l'accouchement, le médecin retourna à son occupation. Michel, quant à lui, continua de caresser son enfant encore et encore jusqu'à ce que la petite demoiselle demande à manger. Julietta prit donc la relève et laissa son mari retourner à ses occupations.
La femme donna le nom de Juliet à sa petite fille et lui donna le sein pendant un an. La sage-femme a proposer de prendre une nourrice mais ni Julietta, ni Michel n'acceptèrent, souhaitant s'occuper de leur enfant eux-même.
Juliet grandi avec l'amour de sa mère et de son père. Elle ne manquait de rien et ne se fesait jamais disputé. Toutes les personnes ayant vu la jeune fille au moins une fois firent remarquer à quel point elle était calme et innocente. Personne ne su de qui elle tenait et beaucoup eurent du mal à croire que ce soit ses véritables parents. Bien trop différente de ceux-ci pour être du même sang, disaient-ils.
Mais Juliet était belle et bien leur fille. Son innocence et son calme, elle le tenait de son arrière grand-mère maternelle. Cela surpris énormément Julietta mais elle ne s'en plaignait jamais, bien trop heureuse d'avoir une fille à chérir. Michel s'en fichait royalement, de qui elle tenait. Il avait une fille. Ce qui voulait dire que ses biens allaient revenir à la jeune fille, et cela lui suffit amplement. Il voulait un héritier, qu'importe le sexe de son enfant.
En grandissant, les parents de Juliet se rendirent compte de tout un tas de choses. La jeune fille avait horreur de la violence et se cachait toujours lorsqu'une personne en frappait une autre. Lorsque quelqu'un l'a grondait pour une quelconque raison, elle regardait ses pieds et ne répondit rien. Plusieurs fois, elle recueilli des animaux en tout genre pensant qu'ils étaient blessés ou abandonné. Elle fit cela avec des chats, des lions, des tortues, des rongeurs mais aussi les poissons qu'elle trouvait dans le lac ou encore les insectes vivant dans son jardin. Ses parents avaient beau le lui interdire, elle recommençait à chaque fois, sans comprendre leur inquiétude. Elle avait horreur de lire, d'écrire ou de jouer d'un instrument de musique, quel qu'il soit. Ce qui agaça énormément Michel qui voulait une progéniture intelligente. Ce qu'elle adorait était jouer, cuisiner et broder. Elle passait d'ailleurs tout son temps libre à faire cela et ne s'arrêta qu'une fois que la fatigue l'avait emporté sur son enthousiasme.

Un après-midi d'hiver, lors de ses huit ans, Juliet alla dans le jardin pour broder contre un arbre lorsqu'elle appercu un oisillon, probablement tombé du nid, se dit-elle. Elle regarda donc en l'air et vit le nid de l'oiseau. Elle prit donc le petit être dans sa main droite avant de le mettre dans la poche de sa robe et de commencer à monter l'arbre, lentement mais sûrement. Une fois à la hauteur du nid, elle mit l'oisillon à l'intérieur et le regarda gigoter quelques minutes avant de redescendre. Du moins, elle essaya. Ne voyant pas sur quoi elle s'accrochait, la jeune fille glissa et tomba. Le choc de son dos et sa tête touchant le sol la tua sur le coup.
Lorsque sa mère l'a découvrit, le soleil venait tout juste de tomber. Julietta se rua sur sa fille et l'appela, encore et encore. Plus elle l'appelait et plus sa voix se fesait forte et ses larmes plus nombreuses.
Entendant les cries désespérés de sa femme, Michel courra les rejoindre et regarda la scène qui se déroulait sous ses yeux, vide.
Julietta remarqua sa présence au bout d'un certain temps et le supplia de faire quelque chose. Celui-ci eut une idée au bout d'une dizaine de minutes et porta sa fille inerte. Il l'emmena au Temple le plus proche et supplia les Dieux de l'aider. Ceux-ci acceptèrent et mirent l'âme de la fillette dans une épée se trouvant non loin devant l'homme. Aucune condition ne fut mise en place et Michel prit l'épée avant de porter le corps de sa fille. Avec l'aide de sa femme, il creusa une tombe au pied du chêne préféré de leur fille et la mirent à l'intérieur, la recouvrant de terre petit à petit. Julietta pleura encore et encore pendant plusieurs jours pendant que Michel cherchait le fonctionnement de l'épée. Les Dieux ont mit l'âme de sa fille dedans mais comment communiquer avec elle ? Il n'en savait rien.

Dix ans après cet accident, un jeune homme vint frapper à leur porte. Michel ouvrit, le visage impassible, les yeux rempli de cernes.
- Bonjour.
Michel se contenta de hocher la tête et attendit la suite.
- Je suis un apprenti guerrier et les Dieux m'ont dit de venir à vous pour mon épée.
- Je vois... Attendez-moi. Je reviens.
Michel alla dans la chambre de sa fille, prit l'épée et l'emmena au garçon. En voyant cela, Julietta demanda des explications à son mari.
- Ça ne sert à rien d'attendre après elle. Elle ne s'est jamais intéressé à ce genre de chose. De plus, les Dieux n'ont pas cités de condition mais il était évident qu'il y en aurait. Laisse ce jeune homme à son devoir et retournons au notre.
- Mais enfin...
Le garçon les regarda sans comprendre. Michel balaya l'air de la main avant de le saluer et de refermer la porte.
- Michel !
- Julietta. Il suffit. Juliet est morte et son âme à beau être dans cette épée, elle n'est jamais apparu à nous.
- Peut-être qu'ils ont menti et qu'ils n'ont rien fait.
- Serais-tu en train de traiter les Dieux de menteurs ?
- Je ne sais pas. Elle me manque et je n'ai même pas pu lui dire au revoir...
- Cela fait dix ans, Julietta. Aujourd'hui, même si elle était encore en vie, elle sera majeur et marié. Peut-être même qu'elle aurait eu des enfants. Dans tous les cas, nous aurions dû lui dire au revoir.
- Ce n'est pas pareil...
- C'est vrai. Mais ça se ressemble tout de même suffisamment, pour moi.
Michel retourna dans son bureau et Julietta resta ainsi, attendant de trouver le courage de bouger, en vain. La force l'avait quitter. La tristesse avait reprit le dessus sur cette femme brisée.

L'âme disparueWhere stories live. Discover now