Chapitre 21

Depuis le début
                                    

- Du latin ?

- Oui... tu l'avais déjà remarquée ?

- Non...

Il me retire doucement le pendentif en forme de cœur, je le laisse faire. Il l'inspecte avant de sortir un petit cran d'arrêt, puis il avance la pointe vers le côté. J'ai peur qu'il ne le brise aussi je lui lance un « non » catégorique, mais au même instant il s'ouvre comme par magie. J'affiche alors une bouche béante et m'approche de lui pour lire ce qu'il y a de gravé à l'intérieur.

C'est une série de chiffres...

- Tu reconnais ces chiffres ? Date de naissance par exemple ?

- Non, attends.

J'inspecte les marques à l'intérieur de l'or.

- Je ne sais pas à quoi ça correspond.

Ni une ni deux il me prend par la main, et se met à courir vers les étages inférieurs. Nous traversons rapidement tous les niveaux sous les regards dubitatifs de certains détenus qui se demandent bien quelle mouche nous a piqués puis arrivons devant la porte de l'infirmerie. Naël lui donne un coup de pied pour qu'elle s'ouvre et nous voyons sans surprise Doc, Marc et Alex. Il exhibe le pendentif en disant :

- Doc ! Tu as raison pour Franck !

- Comment ça ?

- Regarde.

Il se place un peu en retrait pour parler et je me rapproche instinctivement de Marc et Alex.

- Qu'est-ce que Doc en pense ?

Marc me répond sans une once de fléchissement.

- Pour l'instant rien, c'est à l'endroit de la morsure. Il est évident que ça vient de là.

Je respire avec force, je suis épuisée. Mais tout à coup, quelqu'un rentre avec fracas dans l'infirmerie en nous faisant tous sursauter.

Quelqu'un ? Non, en fait ils sont bien une dizaine !

Naël et Doc sont toujours en retrait, et observent la scène de loin, mais lorsque mon regard se promène entre tous les détenus présents, je m'arrête net sur l'un d'entre eux.

Putain ! C'est lui ! Je m'avance comme si l'on venait de me piquer dans le dos en pointant mon doigt dans sa direction.

- Toi connard ! Répète un peu ce que tu m'as dit tout à l'heure ! Avoue !

Tout le monde s'écarte pour nous laisser face à face.

- Moi ?

Il pose une main sur son buste avant de me sourire niaisement. Alors que je percevrais presque les battements du cœur de Naël en moi, je me ravise lorsque je comprends que Le Mamba n'est plus du tout de notre côté.

- Comment ça Déborah ? Vous devez faire erreur, l'écarteleur n'a pas bougé de notre table de poker depuis des heures...

Je serre mes poings quand je vois mon agresseur rejoindre deux de ses doigts et me les montrer comme si de rien n'était, tout en léchant ses lèvres. Alors que je sens bouillir mon sang de dégout, Naël se propulse devant lui et le soulève par le col de son sweat. Je crie quand le canon d'une arme à feu se pose sur sa tempe.

Le Mamba le tient en joue...

- Si j'étais toi, l'ami, je lâcherais mon second !

La scène se déroule au ralenti, les autres prisonniers sortent un à un leurs armes et le pointent vers lui. Aussi doucement que possible, il le dépose au sol et propulse son visage proche de son oreille pour lui dire quelque chose. Puis il finit par le libérer, rouge de colère.

Le Mamba vise Marc...

- Bien, cela étant réglé, passons à plus pressé !

Alors Alex se poste entre les deux en lançant un « non » tremblant de peur.

- Écarte-toi de là, femme !

- Jamais !

Tout semble perdu en cet instant, et je me place à côté d'elle sous le regard froid de Naël qui me supplie d'arrêter.

- C'est quoi ton problème, Mamba ?

- Mon problème c'est la sécurité de notre seul refuge contre les crieurs ! Il est hors de question d'en accueillir un parmi nous.

- Mais tu vois bien qu'il n'est pas comme les autres ! Doc va le soigner !

- C'est vrai ça, Doc ?

Ce dernier s'avance lentement, comme s'il ne voulait effrayer personne.

- Oui, nous avons une piste sérieuse. Nous devons aller dans un labo rapidement. On trouvera un antidote, c'est certain.

- Quand ?

- Le plus tôt possible...

Il range d'un coup son arme et lance à Naël :

- Que les choses soient claires, vous partirez demain matin, première heure ! Ou nous vous jetterons tous dehors !

Puis d'un mouvement de buste, il passe entre ses gardes qui s'écartent afin qu'il puisse quitter la salle.

Il est tôt et je me suis habillée pour suivre les hommes dans Paris. Le labo n'est peut-être qu'à quelques kilomètres d'ici, mais nous serons constamment en danger. Naël boucle la ceinture de mon gilet par balle et nous sortons dans le couloir des VIP.

Tout le monde est là, mais il y a un truc qui cloche.

- Alex ? Tu ne viens pas ?

C'est Marc qui intervient.

- Non, je veux qu'elle reste ici ! C'est trop dangereux.

Marianne et Sara se postent de chaque côté d'elle. Elles aussi ? Je me sens tout à coup terriblement égoïste de les laisser toutes là, alors je décide de quitter mon pendentif pour le donner à un Naël qui serre déjà ses lèvres en signe de mécontentement.

- Déb, non !

- Je dois rester ici avec elles.

Il me prend par le coude et m'entraine à l'écart de tous, il semble totalement paniqué.

- Je t'interdis de rester ! Tu risques plus ta vie ici que dehors !

- Mais Alex est enceinte !

- Oui, mais pas toi ! Et tu peux te battre contre les crieurs !

- Donc je peux me défendre ici !

- Tu es complètement dingue ! Si tu ne viens pas avec moi, c'est moi qui vais le devenir !

- J'ai un flingue, et je sais m'en servir le cas échéant. Nous resterons toutes ensemble.

Il m'implore presque.

- S'il te plait... viens avec moi.

- Tu as dit que vous serez rentrés avant ce soir ! Tout va bien se passer...

- Déb, s'il te plait... viens, sinon je vais être fou d'inquiétude...

- Tu as le pendentif, tu sauras l'utiliser, j'en suis sure.

Me voyant si déterminée, il me serre avec force dans ses bras et m'embrasse les cheveux avec passion puis se déplace sur la peau de mon visage. Son souffle trahit la tension nerveuse qu'il a en cet instant.

- Déb, tu me promets que vous ne bougerez pas, que vous serez toujours ensemble, que vous ne ferez rien de dangereux ? Prends ça...

Il me tend son cran d'arrêt que je saisis pour le placer dans la poche de mon jean.

- Reviens vite et entier...

Il se détache de moi, car le temps presse et nous rejoignons les autres main dans la main. Puis dans un dernier baiser, il me quitte à contrecœur.

Nous voyons les hommes s'éloigner de nous...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant