— So', on va au kebab ?

Je grogne. Je déteste quand ils m'appellent comme ça.

 — Quelle heure il est ?

 — Bientôt treize heures.

A ces mots, mon ventre décide de gargouiller. Je hausse les épaules. Il a répondu à ma place.

 — Aller, patate, lève-toi.

Adrien m'aide à me relever et notre joyeuse bande prend le chemin de notre repas. Nairobi saute autour de nous, excitée. Elle sait très bien ce qui l'attend. Je lui souris et elle secoue sa queue de plus en plus vite. Samuel abat son pied devant elle et elle saute en arrière. L'arrière train soulevé, elle le défi. Il attend que nous passions le passage piéton puis, sur le parking, il bondit derrière elle. Derrière elle, parce qu'elle a un train d'avance et est déjà loin quand Samuel réagi.

 — Demain vous comptez arriver à l'heure ? demande Marius alors que les deux autres jouent.

 — Arriver à l'heure pour quoi ?

 — T'as l'air d'avoir oublié que demain c'est la rentrée, se moque-t-il.

 — Me rappelle pas ça, pitié, se plaint Adrien.

Marius a raison, c'est déjà la fin de l'été. Il est passé à une vitesse folle. Demain, le soleil et nos excursions seront un lointain souvenir. Nairobi sera obligée de m'attendre à la maison, sans vraiment comprendre, je suppose. En même temps, elle aura passé tout l'été avec nous et d'un coup, elle sera enfermée seule. Elle va prendre ça pour une punition... Il faudra que je rentre tôt demain soir pour la sortir. Sinon, elle me fera la tête jusqu'au lendemain. C'était comme ça que ça c'était passé l'année dernière. Et les années d'avant. La rentrée est une période aussi difficile pour elle que pour moi.

 — Et toi, Solal, tu viendras à quelle heure ? insiste Marius.

 — A l'heure, ce serait bien.

 — Bénissez Solal, intello à ses heures perdues ! implore Adrien, la tête levée vers le ciel.

 — Ta gueule.

Je le claque derrière la tête et il éclate de rire. Il peut rire autant qu'il veut mais moi, j'aurais un diplôme à la fin de l'année.

 — Qu'est-ce qui... est si drôle ? interroge Samuel, essoufflé après sa course.

 — La rentrée, réponds Marius.

 — Solal, contredit Adrien.

 — Génial comme sujet de conversation. Dites, vous avez vu le nouveau son de Ninho ?

La conversation dérive sur la musique et je n'y prends pas part. Comme pour le skate, je n'en ai pas beaucoup de connaissances. J'avoue que ce n'est pas ce qui m'emballe le plus. En tout cas, pas leur genre de musique. Je ne saurais dire quel est mon style de musique mais je n'ai jamais apprécié plus que ça les sons qu'ils écoutent.

Une quinzaine de minutes plus tard, nous arrivons à notre kebab préféré.

 — Ah, Nairobi ! Je t'attendais ! s'exclame Abdel, le gérant du fast-food.

Mon labrador vient se frotter contre lui et se laisse caresser. Puis, comme à son habitude, elle lui fait les yeux doux. Abdel éclate de rire et lui lance une boulette de viande, qu'elle rattrape au vol. Les clients habitués applaudissent et Nairobi passe leur dire bonjour.

 — Vous voulez comme d'hab ? s'assure Abdel.

Nous hochons la tête et allons discuter quelques instants les personnes que nous connaissons. Je finis rapidement par me lasser et abandonne la discussion pour aller m'asseoir dehors, à une table. Nairobi me suit et reste sagement assise à mes côtés. Nous sommes plutôt proches du centre-ville alors elle reste collée à moi. Les citadins se révolteraient aussitôt qu'ils verraient Nairobi s'approcher d'eux. Pourtant, elle est totalement inoffensive. Elle n'a jamais fait de mal à personne et reste toujours près de moi en ville. De toute façon, dès qu'elle s'éloigne un peu je la rappelle à l'ordre. Elle est très obéissante.

Nos sentiments voilésDonde viven las historias. Descúbrelo ahora