Chapitre 18

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La jeune princesse renifla, essuya ses yeux, et se releva face au regard inquiet de la souris marron. Elle devait se ressaisir, elle faisait partie de la famille royale, après tout, elle n'avait pas le droit de se laisser abattre et de pleurer toutes ses larmes face à un potentiel membre du peuple qui raconterait aussitôt son attitude aux siens.

— Je suis désolée, fit Violette d'une petite voix. Je n'ai pas assez dormi cette nuit, mes nerfs sont à bouts, mentit-elle. Je vous en supplie, ne racontez pas cela à votre entourage.

— Bien sûr ! s'esclaffa l'inconnu. Mais... qui crois-tu que je sois ?

— Vous... vous êtes un membre du peuple, non ? demanda Violette, qui avait maintenant un doute.

L'étranger gloussa de plus belle.

— Je crois que je vais te laisser croire cela. Et tutoie-moi, par pitié, je ne suis pas vieux.

— Très bien. Mais, qui t'as laissé croire que TU pouvais ME tutoyer ? l'interrogea Violette, de plus en plus déconcertée. Parce que ça devrait être l'inverse. Tu devrais me vouvoyer. Et je devrais te tutoyer. Je suis un membre de la famille royale. Tu devrais me respecter.

— Mais nous sommes du même rang, mademoiselle. D'ailleurs, tu devrais arrêter de froncer tes moustaches, ça te donne un air... colérique et je suis sûr que tu ne l'est pas. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai à faire.

La souris partit, hésitante. Elle marchait au ralentit, comme si elle attendait quelque chose. Elle se retourna, jeta un œil à Violette, puis repartit d'un bon pas, décidée à ne pas traîner.

— Attends ! s'écria la sœur de Rosine. J'ai une question pour toi !

La souris marron s'arrêta net, se retourna et repartit vers la future reine.

— Que se passe-t-il ? demanda l'inconnu, avide d'entendre les questions.

— Comment t'appelles-tu ? D'où viens-tu ? Comment se fait-il que tu n'aies pas la même couleur de poils que moi ? Oh et comment ça « nous sommes du même rang » ? Et tant que j'y pense, est-ce qu'on se reverra ?

— Holà, calmos ! s'exclama l'autre souris. Une seule question à la fois. Je m'appelle Carou. Je viens d'une ville que tu ne connais pas. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas la même couleur de poils que toi. Tu sauras bientôt pourquoi j'ai dit que nous étions du même rang. Et oui, on se reverra. Je viens à la nouvelle cérémonie du nouveau roi. J'aimerais aussi dormir au palais le soir de la cérémonie, si tu pouvais me réserver une chambre, ce serai sympa, d'ailleurs.

— D'accord. À bientôt.

— Passe une bonne fin de journée. À après-demain.

Carou lui fit un sourire chaleureux et bienveillant, puis partit. Violette n'eut même pas le temps de cligner des paupières que la souris avait déjà tourné à l'angle de la rue. Elle reprit la route du château et essaya de faire le vide dans ses pensées. Malgré tout, plusieurs questions la turlupinaient. Qui était cette souris ? D'où venait-elle ? Et surtout, surtout, comment se faisait-il que cet étranger eût dit...

— Stop !

Quand quelques paysans en promenade se retournèrent vers elle, surpris, elle se rendit soudain compte qu'elle avait parlé à haute voix. Avaient-ils cru qu'elle leur disait de s'arrêter ?

— Excusez-moi, ce n'était pas pour vous, murmura-t-elle, confuse.

— Ne vous en faites pas, princesse, firent les courtisans en faisant une révérence. Ce n'est rien.

—  Merci beaucoup. Bonne fin de journée à vous.

Et elle s'éloigna en direction du palais sans demander son reste. Une fois arrivée devant les grandes portes massives, elle se demanda si c'était une bonne idée de rentrer. Rosine était-elle calmée ? Elle poussa lentement l'entrée et se faufila en douce à l'intérieur. Elle marcha sur la pointe des pattes jusqu'à la cuisine. Et là, surprise ! Sa mère, son oncle et sa sœur était en train de parler, puis ils se prirent tous dans les pattes. Violette sourit. Comme il été bon de voir que Voleli et Rosine s'étaient réconciliés ! Ne voulant interrompre ce moment de complicité entre les deux membres de sa famille, la princesse monta doucement les escaliers pour aller dans sa chambre.

— Violette ! s'écria sa sœur. Tu vas bien ? Je suis tellement désolée. J'aurai dû t'écouter quand tu m'as dit d'arrêter. Est-ce que... est-ce que tu m'en veux ?

— Oui, je vais bien. Est-ce que je t'en veux ? Je ne crois pas. Viens, retournons à la cuisine, j'ai besoin de parler à maman.

— Très bien.

Les deux sœurs repartirent vers la cuisine, et Fromagi accourut, ou plutôt, fonça, sur sa fille aînée. Elle lui demanda quelque chose, que Violette, dans sa bulle, n'entendit pas.

— Quoi ? Tu peux répéter, s'il te plaît ? Je ne t'ai pas écouté.

— On peut discuter ? Dans le salon ? reprit-elle en jetant un regard furtif à son beau-frère ainsi qu'à sa benjamine.

Comprenant le message, Violette acquiesça et la mère et la fille allèrent s'asseoir sur les canapés de soie or et rose pâle. L'aînée regarda les paillettes scintillantes du divan en attendant que sa mère commence à dire quelque chose. Voyant que celle-ci ne disait toujours rien, la jeune souris entama la discussion.

— Est-ce que tu vas punir Rosine ?

— J'en ai longuement discuté avec Voleli. Il certifie que ta sœur n'a pas besoin d'être punie. Il assure que ce n'est pas grave, qu'il a compris et qu'il nous parlera s'il y a quelque chose qui ne vas pas.

— Je... d'accord. Pas de problème. J'ai quelque chose à te dire, moi aussi. Ce matin, je suis allée faire un tour et... j'ai rencontré une autre souris. Une souris différente. Elle avait des poils marrons-roux, couleur caramel. Elle s'appelait Carou. Tu la connais ?

Fromagi réfléchit et fit non de la tête. Soudain, elle devint aussi pâle qu'un linge et sauta du magnifique sofa, si bien qu'elle fit tinter le verre en cristal qui était sur la table. Elle le rattrapa au dernier moment, avant qu'il ne s'écrase, et le remit en place.

— Où l'as-tu croisé ?

— Rue du piano. Mais quand il est parti, il a tourné à l'angle, avenue de la trottinette.

— Très bien. Merci beaucoup, ma chérie, fit la reine avant de trottiner vers les énormes portes pour sortir.

— Maman !! s'exclama Violette avant que sa mère ne sorte. Où vas-tu ?

— Je viens juste de me rendre compte que la famille de Croquette m'avait invité chez eux aujourd'hui. Il faut que j'y aille, ma souris. Je suis déjà en retard. À toute à l'heure.

La jeune princesse hocha la tête. Elle savait très bien que sa mère détestait être en retard. Malgré tout, elle avait un doute. Pourquoi sa mère lui avait-elle demandé à quelle rue Carou et elle s'étaient croisés ? C'est sur cette question que Violette rejoignit son oncle et sa petite sœur pour prendre un petit-déjeuner bien mérité.

1136 mots.
Ne me demandez pas pourquoi, mais ce chapitre fait parti d'un de mes préférés. Et vous ? Vous en avez, que vous avez aimé plus que d'autres ?
En média c'est Rosine en mode humain.
Bises 😘💚💙💜

Le monde des souris, la disparition mystérieuseWhere stories live. Discover now