— Il n'existe aucune rédemption pour les monstres.

Le feu bleu apparu. Le corps de l'homme s'enflamma entièrement. Il put crier, mais son corps n'était pas adapter à résister à une chaleur aussi intense.

Le spectacle n'avait rien de jouissif. Je n'étais pas sadique, je ne prenais mon plaisir que dans la satisfaction d'avoir puni.

Les ailes disparurent, la flamme dans main aussi. L'homme était mort.

Je repris ma route, traversant les couloirs de l'immeuble désaffecter. Puis un bruit attira mon attention, m'attirant dans une grande pièce. Elle était remplie d'un spectacle monstrueux.

Des cages, en grand nombre, accueillaient des enfants aux regards vitreux.

Je m'empressais d'aller trouver ces cages pour faire fondre les serrures, ouvrant chacune d'entre elles. Les enfants sortirent. Un à un, ils m'offrirent de nouveaux regards. L'espoir.

— Je vais vous ramener à la maison.

Et certains pleurèrent, d'autres appelant leur parent. La vente d'enfants existait. La vente d'enfants psychiques aussi. Voici mon travail, sauver ceux qui ne pouvaient qu'être soumis à la violence sans pouvoir se défendre, ne pouvant que subir sans espoir de pouvoir un jour se rebeller.

On tira sur ma manche. Je m'accroupis auprès d'une fillette qui attirait au mieux mon attention.

— Ma maman dit que les anges viendront toujours me sauver des démons si je prie. Madame, tu es l'ange qui a écouté ma prière ?

Un ange...

— Je ne suis pas un ange.

Pauline apparu à ce moment-là.

— Tu les as trouvé ? Super, j'appelle nos agents pour qu'on puisse les ramener chez eux. J'ai trouvé des infos sur leur organisation, on va pouvoir les détruire à la source.

Mais le but de l'USRP ne serait pas de détruire l'organisation, simplement de les traduire en justice. Chacun savait ce que cela signifierait. Des protocoles, des administrations et des bureaucrates. Rien ne serait résolu et l'organisation continuerait en se développant ailleurs. Si l'on voulait s'en débarrasser, il fallait se salir les mains.

N'en laisser aucun en vie. Colombe n'avait pu contenir les plus violents en son sein. Comment la Justice le pourrait-elle ?


***


La première fois que j'ai ouvert les yeux, ce ne fut ni le visage d'un père ni le visage d'une mère qui se livra devant moi. Ce qui me fit face fut le ciel éclatant d'un soleil radieux. Aucun nuage, pas même une rosée matinale. Juste moi, cessant de pleurer, rassurer par la chaleur de l'astre de lumière. Mes parents se trouvaient à mes côtés, un père tremblant de bonheur, une mère fatiguée par l'effort de lui avoir donné la vie. Et mes yeux se fermèrent.

La seconde fois que j'ai ouvert les yeux, j'ai croisé un regard. Celui d'un homme aux yeux en amande, bridés et sombre, habillés d'une lueur étrange.

— Bonjour petite colombe, avait-il murmurer.

Depuis, je n'ai plus fermé les yeux. La mort ne tenterait plus de m'attraper. Dans un monde de rêve, jamais je n'aurai pu le déserter.

Monsieur le Marchand de Sable, permets-moi d'acheter de ta rêverie. Sans toi à mes côtés, je ne sais plus dormir.

Monsieur le Marchand de Sable, emmène-moi dans ton désert des rêves. Je souhaiterai cueillir à tes côtés une fleur immortelle.

Monsieur le Marchand de Sable, abandonne-moi sur le bord d'un chemin. Je resterai perdue loin de tes mains.

Un rêve dont je me souvenais. Cela était suffisamment rare pour être souligné. La plupart du temps je me réveillais en sueur, en sursaut, voire en hurlant. Mais pas aujourd'hui, pas ce matin.

Les rêves n'avaient pas raison d'être logique. Il était le reflet d'un inconscient inaccessible.

— Cette nuit, j'ai bien dormi.

La femme releva le visage pour m'accorder de l'attention alors que j'acceptais de parler. Ma psychologue intervenait parfois pour me pousser au dialogue, il lui arrivait également d'attendre que j'accepte de lui parler.

— Tu veux me le décrire ?

— Je suis morte née.

Ce n'était pas la définition d'un bon rêve en soit mais les ressentis étaient bons. Rien de terrifiant, ni de douloureux.

— Un homme m'a ramené, il m'a accueilli pour s'occuper de moi.

— Cet homme asiatique ?

— Oui. Un japonais. Il me fixait, me parlait avec bienveillance.

Ce rêve avait été apaisant, agréable, me donnant l'impression d'être en sécurité, loin des problèmes et des conflits. Il n'y avait que lui, fumant, assis au bord de sa maison japonaise légèrement surélevée.

— Je crois me souvenir qu'hier tu as secouru des enfants.

— Une fillette m'a confondu avec un ange.

Les enfants étaient naïfs, agrafant les termes qu'ils apprenaient aux images qui les entouraient. Les anges étaient des protecteurs, de sauveurs. J'étais apparue pour lui venir en aide, elle ne chercherait pas plus loin.

— Tu lui as sauvé la vie.

— Je ne suis pas un ange.

— Tu es une humaine, une femme. Et tu as sauvé la vie de nombreux enfants qui ont pu retrouver leurs familles.

Elle avait en partie raison. Mais surtout, j'avais contribué à les venger. Et à mes yeux, c'était le plus important.

Être la main vengeresse m'apaisait et me permettait de bien dormir. 

Les Psychiques - Laisse-moi partirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant