- Ha, mais, ce n'est pas n'importe quelle tôle, c'est de la tôle de luxe... pas une tôle de vendeuse de came.

Nous rions, et cela nous détend, puis elle me montre une cellule.

- Elle te va, celle-là ?

- Oui, enfin je crois.

- Regarde, on peut mettre deux lits ici...

Elle m'envoie un clin d'œil, mais je me ferme au même instant : Franck... elle le perçoit et finit par regretter sa petite allusion mal placée.

- Merde, Déb. Je suis désolée.

- Non, mais c'est dur, j'imagine que toi aussi tu as perdu des gens que tu aimais.

- Oui, sans doute, mais je ne suis pas de Paris, ma famille habite dans le sud. Mais j'avais des collocs, des amis, je ne sais pas ce qu'ils sont devenus.

- Tu avais un fiancé ?

- Non.

Je vais m'assoir sur le lit, les draps sont propres, et la petite la salle de bain laisse entrevoir tout le nécessaire pour se laver.

- Reste ici, je vais choisir une cellule et prendre une bonne douche. On est couverte de sang, de crasses et de poussières.

- Tu as raison. À plus tard.

Mais lorsqu'elle sort de la pièce, je ne trouve pas de verrous à l'intérieur. En même temps, c'est normal, on est dans une prison, qui voudrait se verrouiller de l'intérieur ? Tout l'attirail est à l'extérieur ! Je pousse le tout et place quand même une chaise devant. Ce n'est pas ce qui empêcherait quelqu'un de rentrer, mais au moins je l'entendrais.

Je me déshabille avec joie et entre dans la douche. Il y a juste du shampoing et du savon, mais c'est finalement tout ce qu'il me faut. Sous l'eau chaude, mon esprit rebondit entre Franck, les crieurs, Le Mamba et... Naël.

Ce mec est incroyable, on dirait qu'il n'a peur de rien ni de personne. Je me frictionne et finis par laisser l'eau couler sur moi. Une fois hors de la douche, j'ouvre la penderie et y découvre des vêtements d'homme propre. J'hésite, mais quand je contemple avec dégout les miens plein de sang, je trouve finalement un jogging trop grand ainsi qu'un pull tout à fait correct. Je tente de raccourcir les manches comme je peux. Ce n'est pas parfait, mais bon, on fait encore une fois ce qu'on peut avec ce qu'on a. Avant de jeter mes affaires, je sors l'écrin et m'assois pour l'ouvrir. Des larmes me montent aux yeux, j'ai envie de crier, je finis par le placer autour de mon cou et me mettre sur le lit en position fœtale.

***

Je me redresse comme une furie. Quelle heure est-il ? En me mettant debout, j'ai tout de suite la tête qui tourne, je pose une main sur mon front et avance pour faire la mise au point sur l'horloge de la cellule : 20h45...

- Oh putain !

Je me précipite dehors, appelle Alex, mais elle n'est plus là. Aussi je cours dans les couloirs, je fonce et ne rencontre presque personne. Les prisonniers me regardent faire et se moquent de ma panique évidente. Me repérant assez facilement dans les allées et les étages, je trouve le bureau du directeur, enfin le bureau de Mamba. Je frappe nerveusement, personne ne répond. Mon stress redouble... C'est alors qu'une main se pose sur mon épaule me faisant me retourner comme une folle, le cœur au bord des lèvres.

- L'égorgeur est en bas dans l'infirmerie avec les autres, il y a eu du grabuge dehors.

Mon sang quitte mon visage et tout vibre en moi. Je saisis le mec par la manche.

- C'est où ?

- Viens, je te guide.

Nous descendons dans les sous-sols, je cours plus vite que lui quand je perçois au fond d'un couloir en lettres illuminées : infirmerie.

Je pousse la porte et arrive comme un carabinier. Tous les regards se tournent vers moi et je fonce vers des brancards où des corps sont allongés. Je ralentis, car je ne veux pas voir la vérité en face. Marc est mordu au bras, une autre personne est atteinte au visage et le Doc s'occupe de tout le monde comme il peut, lui comme Luca paraissent indemnes. Alex est dans un coin et se ronge les ongles de stress. Mais où est-il ?

Le Mamba est là et il s'approche de moi en disant un « je suis désolé » glacial. Je ne peux pas le croire, Naël n'est nulle part dans cette foutue pièce.

Il est mort...

Alors je saisis le col du Mamba et commence à le secouer en hurlant. Il me repousse pendant que deux autres sbires me retiennent par la taille.

- Où est-il ?

Je ne sais pas comment j'y suis arrivée, mais je viens de donner un cou de tête dans le nez d'un des types qui me lâche pour se tenir le visage, puis je saute sur l'autre cherchant maintenant à l'étrangler, le griffer, le frapper... Nous tombons tous les deux avant que je n'entende :

- Là-bas !

Je me relève et manque de glisser dans ma précipitation. Je pousse avec rage la porte battante de l'arrière-salle...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now