l'enfant seul

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de ces temps là ne reste qu'une pourriture, un flétrissement, un son plaintif et aigu, des débris secs. agonisants. dans ma maison, il n'y a pas d'amour.

peu importe la douceur à venir, les mots nénuphar, les mots soleil, les matins mélancolie, les matins de pluie, de certains mots, de certains coups, on ne guérit pas.

rien ne peut panser les jours amers, la peur, la terreur, qui broient les entrailles, les soubresauts morbides, les cris déchirants, la colère sourde, lourde. poisseuse.

rien ne peut gommer l'attente fiévreuse, la crainte du soir, des lendemains, de ce dur visage si connu, si tordu par les vapeurs fortes, si déformé par la violence, cette violence puissante, qui broie les entrailles, cette violence de la soumission de l'autre, de l'être affaibli, qui s'efface, qui devient transparent, invisible. iel se réfugie dans l'univers des mots, univers pelé et ras, ne laissant place qu'au gris cotonneux, qu'au métal froid et terne, qu'à la mécanique amorphe de l'abandon de soi, du reste;

cet abandon si nécessaire à la survie, posez les armes, l'espoir qu'un jour tout soit changé, que finalement, tout n'était qu'un affreux cauchemar, un vilain tour de magie.

leurre, leurre, leurre, sordide leurre, rien ne peut avaler l'envahissement de l'enfant aplati, écrasé, harassé par la violence, la violence contre laquelle iel est impuissant. iel doit encaisser, en attendant la longue déglutition des jours poussière, des jours squelettiques et grelottant.

et, dans une petite infinité, frôler l'espoir de respirer à nouveau.

[à tous.tes les victimes de violences intrafamiliales. tu n'es pas seul.e.]

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