- Ne bougez pas !

Je reste toute seule face à cette porte et me rends compte que sans sa présence, je ne suis plus du tout rassurée. J'entends des coups en contre bas et panique, s'il venait de se faire surprendre ? Mais je le vois bientôt réapparaitre avec une barre dans les mains. Arrivé à ma hauteur, je constate qu'il a dessoudé un barreau de la rembarque décorative. Il place le morceau de fer dans le cadenas et force, aidé par tout son corps.

Quelques secondes plus tard, il cède et il me tend l'outil de fortune.

- Gardez ça, ça peut servir.

Il prend dans chaque main les couteaux, se prépare et ouvre la porte d'un mouvement de jambe. Le chien sort en premier, mais nous ne comprenons pas tout de suite ce qui se passe. Le ciel est noir, une fumée épaisse couvre l'atmosphère, la neige est grise de cendre. Nous sommes dans une sorte de cour intérieure. Personne, et pourtant, nous remarquons clairement que plusieurs hélicoptères volent, nous levons les yeux quand un est au-dessus de nous. Nous lui faisons signe, mais il disparait rapidement derrière les immeubles.

Je prends la parole.

- C'est quoi cette foutue fumée ?

- Je n'en sais rien. Venez, il faut trouver un endroit à couvert.

Il s'engage vers une arche et découvre une grosse porte en bois, il la déverrouille et nous nous retrouvons dans la rue. C'est un cauchemar, des corps à moitié dévorés sont éparpillés un peu partout, la couverture de neige est rouge... Personne de vivant, nous avançons complètement éberlués, le chien se rapproche de son maitre comme pour lui-même se rassurer. Soudain, un cri strident nous rappelle qu'il ne faut pas rester à découvert, aussi il me prend la main et cours vers ce qui ressemble à un hôtel. Il y pénètre, mais visiblement nous ne sommes pas les seuls à l'avoir visité... La tête qui git au sol appartenait à son concierge dont le corps est couché sur la banque, le sang a gelé... Heureusement que je n'ai rien mangé, car je crois que cette odeur de mort et ces visions auraient encore eues raison de moi. Naël trouve rapidement les escaliers et m'emmène dans les étages, une porte indique le restaurant, il l'ouvre avec calme et écoute s'il n'y a pas quelque chose qui nous attend. Il regarde son chien et je découvre ainsi leur grande complicité. L'un comme l'autre, ont un langage bien à eux et se comprennent juste en s'observant.

Nous avançons vers la cuisine, il n'y a personne... et lorsqu'il en est persuadé, il me fait signe de remplir des sacs plastiques avec tout ce que je trouve. Nous ouvrons les placards, les frigos et prenons tout sans réfléchir.

Mais soudain, le chien commence à s'agiter, ni une ni deux, mon compagnon me montre un emplacement pour m'y cacher. Je ne cherche pas à le contredire et me planque comme je peux. Le chien écoute son maitre qui se place dos au mur juste à côté de l'entrée de la pièce. Je le vois se préparer quand on entend des pas dans le couloir, mais ils ne sont pas réguliers. Je tremble de façon incontrôlée, mon sang pulse plus fort dans mes veines. Les sons se rapprochent, ils sont ponctués par une respiration sifflante et roque. Je n'ose pas imaginer ce que je vais avoir en face des yeux, et je finis par oublier de les cligner, assaillie par la peur. Une main à qui il manque trois doigts se pose sur le chambranle, puis lentement, le visage de la chose apparait. Elle est monstrueuse : marqué par des lacérations qui laissent voir ses os de la mâchoire, des pupilles exorbitées, un liquide coule de ses narines griffées et entaillées. Et lorsqu'il montre l'intégralité de son corps, je me demande comment il est toujours en vie. Alors qu'il est face à moi et qu'il ne m'a pas encore vu, il respire avec force avant de hurler à m'en crever les tympans. Comme un geste de désespoir, je place mes paumes sur mes oreilles, mais je me découvre tout autant. Il se redresse avec une grande rapidité et se projette dans les airs pour m'atteindre, les yeux avides de quelque chose que j'ai et qu'il veut absolument...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now