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Charles dort, pourtant nous venons d'arriver. À cause du malaise de Caroline, nous étions obligés de rentrer, nous réessayerons demain. Je voulais commander de quoi manger, mais je ne peux me restaurer s'il ne m'accompagne pas. Ça sera pour tout à l'heure.

Je suis assis dans le fauteuil à le regarder. Ça fait presque cinq mois que je suis avec lui, le bilan n'est pas du tout mauvais, c'est bien plus. Ce qu'il a fait aujourd'hui est encore plus fantastique. Prendre ma défense avec une telle hargne m'a touché ; Il l'a fait avec sa fille, avec son frère, puis avec nos voisins, mais le faire devant un vrai homophobe, il faut croire que Charles n'a pas conscience de la force de la nature qu'il est. Il craint d'être jugé pour un ci ou pour un ça, pourtant il est le plus vindicatif de nous deux. Je comprends enfin comment il fonctionne, quand il s'agit des autres il sort les griffes, mais quand il s'agit de lui-même il perd ses repères. Si seulement il pouvait ouvrir les yeux sur ce point, il se sentirait tellement mieux.

Quant à moi, je suis lessivé. Caroline a bien foutu sa merde dans mon existence. Elle s'est bien jouée de moi et de ma naïveté. Elle avait prévu de nous séparer de cette façon, mais elle n'avait pas prévue que notre couple tienne bon malgré cela, ce qui veut dire que les choses se sont envenimées quand j'ai tout de même accepté de vivre avec lui.

Je suis lasse de toutes ces interrogations qui se bousculent dans ma tête. Augustin a dû beaucoup souffrir de mes accusations et de mes remontrances, mais comment pouvais-je deviner qu'il se faisait chanter par cette sorcière ?

J'ai juste envie que tout ceci finisse.

J'appelle Catherine, je veux savoir comment va ma fille, elle me manque déjà.

**

De retour chez les Durand-Mollinard, je tiens tête à l'homme arrogant qui sert de mari à Caroline. Nous avons été contacté par Diane qui nous a dit que sa mère va mieux aujourd'hui et qu'elle veut continuer. Thomas et son beau-père sont dans la même pièce et nous visent de leur froideur.

J'en ai rien à faire.

Diane n'est pas encore de retour, nous nous impatientons. Charles est sur le qui vive, à la moindre altercation il va mordre.

J'aime trop cet homme.

Quand elle revient, elle s'asseoit immédiatement à côté de la malade.

— Je suis désolée de mon retard, je devais discuter avec Georges.

— Tu devrais être plus rapide la prochaine fois, conseille l'idiot de médecin.

Ils ont vraiment une très mauvaise éducation, ils me répugnent. Caroline casse la tension en continuant son sinistre dessein.

— Après notre conversation, j'ai senti que ça allait mal entre vous. Augustin etait ailleurs, toujours à cogiter sur la façon de te ramener vers lui, toi tu vivais avec ton camarade d'université. Je n'aurais jamais pu imaginer que vous alliez finir par vous réconcilier. Si je n'étais pas allée te visiter, je n'aurais jamais su par ton camarade que tu avais déménagé pour t'installer avec ton meilleur ami. Tu ne m'avais rien dit, ce qui m'a mise en colère. Je constatais que tu me cachais des choses, ça ne me plaisait pas. Alors j'ai amorcé un autre changement dans mon plan.

Nous y voilà.

— Augustin semblait de plus en plus distant, il m'échappait, pire il me disait ouvertement non à certaines de mes requêtes. Jamais je ne pouvais laisser mon pantin diriger la relation, surtout que j'avais déjà mis papa sur la confidence d'un soi-disant projet de mariage.

Les Couleurs De La Mémoire (Ancien «Nos Mémoires») Où les histoires vivent. Découvrez maintenant