un.

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Chapitre un. 

Dayana.


"Allons sagement et doucement: trébuche qui court vite."

°°° 

Un jean mom et un gros sweat noir, ou plus simplement ma dégaine des jours de flemme. Ces derniers étant très nombreux. 

Je rassemble mes cheveux en un chignon bas un peu en désordre, avoir une apparence potable étant vraiment le cadet de mes soucis. 

Lunettes sur le bot du nez j'écris un petit mot à Amir pour le prévenir que je suis sortie, j'empoigne mon sac à dos -que je trimbale depuis le lycée- et me voilà sortie. 

6h30, c'est tôt. On ne s'en rend pas réellement compte tant que ce n'est pas l'heure quotidienne à laquelle on doit quitter sa maison pour se rendre en cours. 

Surtout, o ne s'en rend pas réellement compte avant d'avoir trop pris ses aises et, comme on pourrait s'en douter, de sortir en retard. 

C'est donc en essayant de courir sans plier le devant de mes AirJordan que j'ai payé la peau du cul, que j'espère silencieusement arriver à temps pour ne pas rater mon train. 

Sabri me tuerait si je ratais ce RER et qu'il devait m'emmener jusqu'à la fac. 

Grâce à Dieu, j'arrive sur le quai alors que le panneau indique "à  l'approche". Essoufflée, mais dans les temps. Je monte quelques secondes plus tard dans ce train en piteux état et me faufile parmi la foule, mon 1m55 m'aidant à passer sans déranger qui que ce soit. 

Je me trouve une place assise et m'y installe en sortant mon livre de mon sac. 

Les oreilles submergées par la douce mélodie qu'est la voix de Frank Ocean, mes yeux parcourent les lettres avec intérêt. Etant une grande adepte de classiques, Romeo et Juliette a su attirer mon attention avec facilité. 

Je n'aime pourtant pas ce genre d'histoire d'amour habituellement, semblant à mes yeux particulièrement irréalistes. 

Personne ne tombe amoureux au point d'être prêt(e) à mourir pour quelqu'un d'autre, c'est complètement insensé. 

Ce n'est pas que je ne crois pas à l'amour, loin de là,  mais cet amour maladif me paraît aussi malsain qu'impossible. 

Pourtant je continue à apprécier la plume de Shakespeare, bercée par les secousses provoquées par le cheminement des roues sur les rails. 

C'est d'ailleurs vers l'université Paris Diderot que je me dirige, mon unique objectif étant pour le moment de mener ma licence de sociologie à bien. 

N'en déplaise aux chômeur(se)s qui préfèrent passer leur journée à jouer à des jeux vidéos ou à regarder des séries, les études sont la chose la plus importante pour nous, les jeunes. 

Ça pourrait passer pour un discours de prof, mais c'est réellement l'assurance d'avoir un avenir stable et une bonne situation financière. 

Le monde actuel est bien trop instable pour s'appuyer sur une simple bourse d'étude à 400 euros mensuels, ou encore moins sur papa/maman. 

D'ici quatre mois je passerai mes partiels, obtiendrait -In Shaa Allah- mon diplôme, et pourrait me lancer dans une carrière dans le domaine humanitaire comme je l'ai toujours voulu. 

Enfin bref, après une bonne heure de transports en commun  je sors de la gare, les joues rougies par le vent froid typique d'un mois de janvier à Paris, et accélère le pas afin d'avoir un peu d'avance et de disposer du choix de ma place dans l'amphithéâtre. 

Je rejoins d'abord Chery devant le Starbucks le plus proche, et elle me prend dans ses bras avec enthousiasme. 

-Joyeux anniversaire mon ange !

Je lui offre mon plus beau sourire en guise de remerciement tandis qu'elle me tends un caramel macchiato submergé de chantilly et de coulis de caramel. 

Un petit rire m'échappe et on se dirige vers la fac. 

Je ne peux pas prédire s'il s'agira d'une bonne journée, mes anniversaires finissant généralement en fiasco, mais je peux au moins espérer. 

The Two Of UsWhere stories live. Discover now