XXVIII

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" Sofia, tu t'occuperas de Guillaume et Valérie de Tristan. Commanda Pablo. Écoutez moi bien, c'est important. Je veux que vous les maquilliez pour leurs donner une aura sombre, et mystérieuse.

- Le style badboy, quoi, élucida Sofia, en jetant un regard au visage du dénommé Guillaume.

- Tout à fait ! Oh, mon Dieu, c'est si excitant ! Ces mannequins sont d'une incroyable qualité, alors faites votre travail à la perfection et révélez leur potentiel au monde ! Exultait-il en frappant dans ses mains tel un enfant recevant un cadeau, avec une énergie qui semblait intarissable. 

Le styliste laissa ses deux protégés aux bons soins des maquilleuses, et commença à passer en revu son catalogue de vêtement, soucieux des tenues qu'il allait leurs faire porter. De leur côté, Tristan et Guillaume se firent docilement guider par les deux femmes, qui ne tardèrent pas à leurs appliquer toutes sortes de poudres et de lotions sur le visage. Guillaume jeta un rapide coup d'œil à son téléphone, mais il n'y vit aucun nouveau message. Si sa déception était grande, il n'en laissa rien paraître, songeant que Natacha devait probablement être à ce qu'elle appelait un "cours" comme elle avait visiblement l'habitude de le faire, ce qui expliquait son silence. Il regarda la liste des contacts et s'aperçut que sa Dame en avait ajouté plusieurs, dont Charlie, Pablo et Alban. 

Alban. La seule pensée de ce nom mettait le châtelain dans une position inconfortable. Il était certain que ce jeune freluquet aimait Natacha, et qu'il n'allait d'ailleurs certainement pas tarder à le lui faire comprendre, si cela n'avait pas déjà été fait... Guillaume le détestait sous bien des angles, mais il ne pouvait ignorer son sens du devoir et sa gentillesse. Il avait volé à leur secours l'autre soir, et il était également doté de multiples qualités dont le géant brun aurait pu faire éloge, si ce même garçon n'avait pas été intéressé par sa fiancée.

Ce qui le frustrait probablement le plus, était le fait que le jeune homme blond était bien plus semblable à Natacha que lui, et qu'il possédait tous les atouts nécessaires pour être un bon mari, un bon pilier et un Don exceptionnel. Guillaume se sentait tout simplement impuissant, d'une part parce qu'il ne connaissait pas Natacha aussi bien qu'il l'aurait souhaité, et d'autre part parce qu'il n'avait pas toutes les qualités d'Alban. Il se savait arrogant, rustre, impatient et colérique. Rien de bien glorieux comparé à l'humilité, la patience et le courage du Don de Force moderne qu'incarnait le lycéen. Mais la jeune femme de ses pensées avait pris une place bien trop importante dans sa vie pour qu'il la laisse lui filer entre les doigts. Elle était cette saveur délicieuse qui lui donnait l'envie d'avancer. Elle n'était pas la fin mais le moyen pour aboutir au bonheur. Il souhaitait la voir heureuse tous les jours, se réveiller tous les matins de sa vie en voyant son visage, et finir par vieillir avec elle... 

" A en juger par ton sourire niais, tu penses encore à elle, n'est-ce pas ?" railla Tristan, en jaugeant la figure de son cousin.

Guillaume se renfrogna en entendant le commentaire pénible de son confident. Comme s'il avait besoin qu'on lui rappelle la dépendance totale qu'il nourrissait pour sa Dame. Elle exerçait sur lui une terrible attraction qu'il peinait à freiner, et ce malgré tous ses efforts.

" Tu peux parler ! Toi tu n'as toujours pas trouvé cette femme que tu attends depuis toujours. Rebondit-il, agacé d'être un un livre ouvert pour quiconque.

La mine de son compère s'assombrit, et Guillaume sut tout de suite qu'il avait touché une corde sensible. Pourtant, cet idéal était souvent remis sur le tapis, puisque le grand brun se moquait souvent de cet engagement d'enfant qu'avait pris le blondinet. Mais dans les yeux bruns de Tristan, il y avait une profondeur bien plus tragique et plus crue qu'il ne s'y était attendu, et il fut immédiatement convaincu que quelque chose n'allait pas. Faisant fi de la présence de leur maquilleuse respective, il choisit d'entamer une conversation plus intime avec son parent, conscient qu'une bien sombre chose lui taraudait l'esprit :

Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le ChoixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant