Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le Choix

VIII

Un cri perçant vint assourdir un instant Tristan qui montait avec difficulté l'imposante saillie rocheuse au pied de laquelle son cousin et lui avaient passé la nuit. Les deux volatiles qui les suivaient en planant semblait transmettre des informations, et malheureusement pour le grand blond, d'une manière pour le moins perturbante pour sa concentration. Il força les muscles de ses jambes à se tendre encore, alors qu'elle étaient déjà endolories par l'effort surhumain qu'il fournissait à chaque pas. Un seul faux mouvement et c'était la mort assurée. Devant lui, Guillaume franchissait les marches vertigineuses avec moins de difficulté, si bien que le jeune homme blond envia la force que possédait son colosse de cousin. Il s'arrêta un instant pour reprendre son souffle et il eut le malheur de regarder en bas. Il fut pris d'un léger tournis en jaugeant la distance plus que critique entre le sol et lui-même. A vu de nez, ils devaient bien se trouver à une bonne trentaine de mètre de la terre ferme. L'angoisse lui compressa l'estomac, causant en lui un trouble désagréable qu'il s'empressa de réfréner.

" Ça va aller? S'enquit Guillaume en l'observant par dessus son épaule. Tu es blanc comme un linge.

Tristan hocha la tête avec difficulté et continua sa marche à la suite du géant brun. Il avait, depuis toujours, eu du mal avec les hauteurs, mais fier comme il l'était, il refusait de perdre la face en admettant sa faiblesse. Gabriell finit par se poser élégamment sur le sac que portait le jeune homme blond faisant peser celui-ci vers la roche et non vers le vide. Bien qu'il dût supporter le poids de l'oiseau de proie en plus de son bagage, Tristan fut instantanément rassuré et reprit courage.

Le soulagement envahit le jeune homme, lorsqu'il aperçut son cousin disparaître vers ce qui semblait être la fin de son calvaire. Redoublant d'effort, il ne mit que peu de temps pour rejoindre son parent qui l'attendait patiemment sur une petite plateforme pierreuse partiellement enneigée, à l'entrée de la fameuse grotte qu'ils cherchaient.

" La petite n'avait donc pas menti, s'exclama Guillaume en tendant sa large paume vers le blondinet pour l'aider à se hisser hors de l'escalier mortel.

Tristan se saisit de bonnes grâces de la main qu'on lui offrait, soudainement gagné par une force nouvelle; celle de savoir qu'ils avaient enfin atteint leur but, et de surcroît sains et saufs.
Avant de pénétrer dans la sombre caverne, les deux jeunes hommes s'assirent pour reprendre leurs forces, savourant avec délectation cette victoire. Le paysage était à couper le souffle mais les gros nuages noirs étendus vers l'ouest annonçaient une pluie torrentielle. Ils choisirent de se hâter avant d'être surpris par une tempête sur cette dangereuse saillie, et rentrèrent rapidement dans la grotte sombre.

Fort heureusement, et grâce à la prévenance de Tristan, les deux jeunes hommes avaient de quoi faire un feu et quelques torches d'avance. Ils commencèrent à allumer les flambeaux pour pouvoir progresser en toute quiétude dans l'obscure corridor. Comme ils s'y étaient attendu, de grosses gouttes ne tardèrent pas à tomber pour aller s'écraser au sol. Bientôt, il fit presque aussi sombre dehors que dans la grotte. Une fois que les braises se furent déployées sur la paille et le tissu secs des torches, Tristan et Guillaume se dirigèrent lentement vers le fond du lieu, d'un pas sûr mais prudent. Le trajet fut plus long que le seigneur l'avait pensé de prime abord, mais au moment où ils débouchèrent dans une nouvelle cavité étrangement plus lumineuse, ils furent arrêté dans leur progression:

" Qui va là ! Chuchota une voix qui parue tout de suite familière aux oreilles des deux compères.

- Frère Athanase! S'exclama Guillaume, trop heureux de voir leur recherche aboutir enfin.

- Guillaume de Cherlaye ? Qui est avec vous ! S'enquit dans un murmure le vieil homme aussi surpris que méfiant.

- Je suis Tristan, son cousin. Nous nous sommes déjà croisé, frère. Rappela le jeune homme blond en effectuant une légère courbette pour signifier sa venue pacifique.