Février 2013

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3 février 2013 ~ Londres

C'est ma copine. Je suis son copain. Rose. Elle est à moi. Ma main tremble rien que d'écrire ça. Je crois que j'ai encore du mal à y croire et j'aimerais qu'on m'assomme pour m'assurer que c'est bien vrai. Pourtant pas de doute. On l'a tous vue quitter la coloc' y a même pas un quart d'heure. Elle était là ce week-end. Elle est venue. Pour moi. Elle était dans mon lit quand je suis rentré de ma soirée d'anniversaire. J'avais pas eu de nouvelles de la journée. Je pensais que c'était volontaire. Je pensais qu'elle avait fait exprès. Qu'elle voulait vraiment plus entendre parler de moi. Mais elle était là, sur le côté gauche du lit, recroquevillée sur elle même. Mon cœur a explosé en mille morceaux. J'aurais pu ramper au sol pour atteindre mon matelas tellement mes jambes étaient molles. Je ne tenais plus debout et même allongé j'avais la tête qui tournait. Je pensais qu'elle dormait. Mais peut-être pas. Elle s'est fouinée contre moi dès que je me suis approché d'elle. J'ai jamais eu aussi chaud et froid de ma vie. J'étais dans un état second. Je devenais clairement maboule. Pourtant j'ai jamais aussi bien dormi de ma vie et quand je me suis réveillé, elle était là. Elle m'a dit que c'était moi. Qu'elle était vraiment là pour moi. Qu'elle ne partirait plus. Les autres ont pété un câble dès qu'ils ont réalisé bien sûr. Ils se sont empressés de nous emmerder. Mais malgré les remarques relous de Louis j'ai jamais été aussi heureux que ce week-end. C'étaient les deux plus beaux jours de ma vie. Elle était là et elle me regardait comme j'avais envie qu'elle me regarde depuis neuf mois. C'était parfait. Aussi parfait que quand on s'est embrassés tout à l'heure sur le balcon. On l'avait pas encore fait. On avait besoin d'un cadre, besoin de conditions. Je ne suis pas déçu d'avoir attendu. C'était aussi magique que je l'espérais. Elle est partie y a une demi-heure maintenant. Elle me manque déjà. Ça va être putain de dur de vivre sans elle. Encore plus maintenant, je le sais. Mais ça ne pourra être pire que la semaine que j'ai passée, que tous ces derniers mois. Parce que c'est ma petite-amie maintenant. Rose a accepté de tenter quelque chose avec moi. Tout ira mieux maintenant, pas vrai ? Mon Dieu, je l'aime tellement.

6 février 2013 ~ Londres

Rien ne m'arrête ces jours-ci. C'est déjà le troisième jour où on doit se lever à 5h du matin pour aller courir, faire de l'exercice, avant d'enchaîner avec l'échauffement vocal et les répétitions pour notre tournée jusqu'à 19h. Les garçons s'écroulent au bout de trois heures mais moi, rien ne semble m'achever. C'est limite si je ne me réveille pas avant mon réveil avec une envie de danser et de chanter n'importe quoi. Niall est toujours le plus long à se préparer, mais c'est parce qu'il a du mal à se séparer de Juliette, qui reste ici toute la journée. Elle est malade et les médecins ne cessent de lui demander de se ménager, on ne peut pas la trimbaler pour une journée de répétitions, elle serait morte de fatigue. Mais les trois autres sont simplement des gros pachas qui ronflent jusqu'à pas d'heure. Je ne peux pas leur en vouloir quand je suis resté sous la couette pendant une semaine, j'avoue, je ne suis personne pour juger. Mais je suis heureux, maintenant. Je suis heureux, je ne peux pas m'empêcher de sourire et de rire comme un putain de dérangé mental et de sauter partout. Paul, notre chorégraphe, pète des câbles à cause de moi. Je cours torse nu dans les backstages en faisant tournoyer mon t-shirt dans les airs et je ne m'arrête pas. Ça ne sert à rien d'essayer, de toutes façons. Mon rêve le plus fou et le plus cher vient de se réaliser. Rose m'a offert son cœur et a accepté d'emporter le mien à Paris. Elle a beau me manquer atrocement, le faire de savoir que c'est arrivé me rend dingue. Tellement dingue que je suis en train d'écrire sur le vélo d'appartement, parce que je n'arrive pas à me calmer. Ce n'était pas une connerie de dire qu'elle était ma piqûre de bonheur.

10 février 2013 ~ Londres

Je crois que ça va être plus compliqué que ce que je pensais. Rose est venue ce week-end, pour deux jours. Je l'avais pas vue depuis six jours et j'avais l'impression de devenir dingue. En fait, non, ça ne va pas forcément mieux. Ca va mieux dans le sens où mon cœur est réparé, mais ça ne change rien à la distance et au fait qu'elle me manque de trop quand je l'ai pas à côté de moi. J'imagine qu'on va finir par s'habituer avec le temps. On va pas réellement en avoir le choix, de toutes manières. Elle est venue, donc, mais c'est pas comme si j'avais pu lui accorder énormément de temps. On est à moins de deux semaines du lancement de la tournée, alors on enchaîne répétition sur répétition et on ne pouvait évidemment pas décommander. Du coup elle est restée au loft avec Juliette, et il s'est avéré que Gemma les a rejointes. Elle est venue pour le week-end, elle aussi, et ça m'a fait super plaisir. Elle ne savait pas encore pour Rose et moi, et quand j'ai lu la fierté dans ses yeux, j'étais juste incroyablement heureux. Elle n'a jamais cessé de croire que je finirais par être avec elle et savoir qu'elle lui plaît autant, c'est juste génial. Je me sens tellement bien avec Rose et j'ai l'impression qu'on se comprend comme personne. Elle voulait me parler et c'est comme si j'avais pu le deviner avant même qu'elle me le fasse comprendre. Trois minutes plus tard elle sanglotait dans mes bras et je trouvais rien pour la réconforter, à part la serrer un peu plus fort contre moi. Elle n'a pas encore quitté Matthieu et ça la rend folle. Elle a l'impression de continuer de me faire du mal, mais si elle savait. C'est moi qui m'en veux, parce que c'est à cause de moi qu'elle va devoir faire face à lui et lui avouer ce qu'on a fait. Si seulement on avait attendu qu'ils aient mis un terme à leur relation avant. C'est quand même pas la même chose de rompre quand on a trompé quelqu'un que quand c'est simplement une absence de sentiments. Surtout qu'il l'aime toujours. Je suis vraiment pas cool. Du coup j'ai ouvert ma bouche moi aussi, je lui ai demandé de me promettre qu'elle était sûre d'elle. Faut pas se voiler la face, je suis beaucoup moins bien pour elle que Matthieu. Je serai pas là quand elle aura besoin de moi, j'ai un emploi du temps overbooké et on va devoir apprendre à gérer la distance. Mais elle est sûre. Elle me veut moi. Et vu comme on s'est embrassés juste après ça, je sais qu'elle ne me mentait pas. Je crois que mon cœur aurait pu imploser que je n'aurais même pas réalisé. Elle était là dans mes bras et il n'y avait plus que nous deux. On aurait pu nous envoyer dans le désert, sur la Lune, dans l'océan, on aurait pas bougé. Parce que c'était apparemment le moment qu'on attendait tous les deux depuis des lustres. Et j'en oublierai jamais une miette.

Le Journal d'HarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant