Cicatrisés par l'amour

Chapitre 28

Elle était jeune et naïve, elle avait rêvé de ce prince charmant beau et charmeur n'ayant de yeux que pour elle, celui qui l'amènerait au septième ciel, qui lui ferait découvrir le monde. Lui aussi était jeune et naïf, il voulait s'amuser, profiter des bénéfices que lui apportaient sa beauté et son charme, il ne voulait pas être coincé dans une relation éternelle, mais vivre la vie pleinement sans avoir à se soucier des dégâts qu'il causait derrière lui. Ils n'avaient pas de limites : elle pour l'amour et lui pour la vie.

J'avais affreusement mal, tout mon corps me lançait des signaux de détresse, mais je ne pus m'empêcher de penser à toutes ces nouvelles accumulées d'un coup. Toutes ces surprises, ces mensonges manipulés et ces vérités dissimulés qui venaient de faire surface. Kyle était Amber. Lenaya avait simulé son viol. David m'avait trahi. Et j'avais pu découvrir tout ça grâce à ce fameux journal qui m'avait permis d'aboutir à cette conjecture. Ce journal que Nolan ne semblait pas avoir lu. Je me redressais du sofa sur lequel j'avais été déposée, regardant les trois personnes qui m'entouraient. J'ai trouvé Amber, voilà les mots que j'avais prononcé devant le regard incompréhensif de Nolan. Il ne pouvait pas comprendre, parce qu'il n'avait jamais lu ce journal qui aurait pu nous aider depuis bien longtemps.

- Pourquoi tu n'as pas lu le journal ? , demandais-je à Nolan.

Ce dernier leva les yeux au ciel avant de se relever pour partir.

- Repose-toi Célia. J'ai d'autres choses à faire, grogna-t-il.

Et je compris alors pourquoi. Parce qu'il n'avait eu aucune raison de le faire. Il était trop obnubilé par sa propre vérité des choses, il n'avait pas besoin de chercher plus loin que le bout de son nez.

- Tu n'as pas lu ce putain de journal parce que tu ne pensais pas que la mort de ta sœur était aussi caverneuse, tu étais réduit à ta version simpliste des choses : j'étais la principale meurtrière de Romie. Avoue-le Estéban !

Il ignora complètement mes propos, se dirigeant vers sa chambre pour étouffer le bruit de mes protestations. Je rattrapais alors le jeune homme, le suivant à grand pas pour avoir des explications.

- Nolan ! criais-je

Il s'arrêta d'un coup sec et je fonçais sur son dos mon visage se cognant sur sa musculature rigide. Il se retourna alors pour riposter avec rage. Je l'avais assez énervé, apparemment.

- Célia, je n'ai pas lu ce foutu journal parce que j'avais promis à Romane de ne pas le faire. Contrairement à certaines, je respecte mes putains de promesses !

Je m'apprêtais à répliquer, mais j'entendis des pas derrière moi avant que la voix de mon acolyte ne lâche une vérité affligeante.

- Ce n'est pas elle ! Célia n'avait jamais rompu sa promesse à Romane, Nolan ! intervins alors Emma.

Nolan regardait la jeune fille, incrédule.

- Quoi ? demanda-t-il.

- C'est ta Candice chérie. C'est elle qui a drogué le verre de Romane que Cécilia avait bu cette nuit.

Les yeux du jeune homme virèrent au rouge avant qu'il ne s'approche d'Emma et la soulève avec force du plancher. Je crus qu'il allait la fracasser contre le mur tant sa rage était manifeste.

- Depuis combien de temps le savais-tu ? lui cracha-t-il au visage.

Elle ne semblait pas avoir peur, le regardant de haut comme si c'était elle qui dominait.

- Depuis toujours, Estéban. Et alors ? Tu es fâché ? J'ai mes raisons comme toi tu as tes raisons pour être un sauvage sans vergogne, répliqua-t-elle.